jeudi 12 décembre 2019

Quelques éléments pour une politique municipale du Patrimoine


Les peuples cessent de vivre quand ils cessent de se souvenir
Maréchal Foch


Le patrimoine communal appartient à toute la collectivité, c’est-à-dire à chacun d’entre nous. A Louviers, il est ce qui appartient à tous les Lovériens, il relève de l’intérêt public et de l’intérêt général, il fait partie de l’Histoire de la commune comme de tous ses habitants.
Ce patrimoine recouvre de nombreux aspects, aussi bien collectifs qu’individuels, affectifs que matériels. Il est la mémoire de la cité. 
Parvis de l'église Notre-Dame, place Nelson Mandela. La
photo est issue du site de la ville de Louviers. Curieusement,
celui-ci n'a pas été nettoyé, c'est à dire vidé des contenus
liés au bilan de la municipalité, mais, au delà, impossible
de trouver une photo du parvis aménagé. Il est vrai que
ce n'est pas une réussite, et que rien, mis à part un panneau
n'est conçu pour que la place soit un lieu d'échange et de
convivialité, principe même des zones 20. 

Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne faut pas toucher au patrimoine. Une ville est un être vivant. Elle évolue, et si elle n’évolue pas, elle meurt. Le rôle d’une municipalité, d’un maire, est d’anticiper ses évolutions, d’encourager les meilleurs aspects et de combattre ce qui peut nuire à la vie collective. Cette évolution doit bien entendu s’organiser avec la population, non seulement parce qu’elle est la première concernée, mais aussi parce qu’elle est le premier expert de sa propre vie.

La ville appartient à ceux qui y vivent


Telle est la base de ce que sera notre politique patrimoniale. Le patrimoine est indispensable à l’identité d’une ville, au maintien de sa mémoire sociale, affective, culturelle, esthétique. Imagine-t-on Louviers sans Notre-Dame, par exemple ? Mais il est aussi important de pouvoir construire où se réapproprier des sites qui font partie de la mémoire de la ville, même si, à présent, l’usage en a été profondément transformé. Prenons le cas de la rivière, et de ses multiples bras, qui ont été façonné pour un usage industriel aujourd’hui disparu. En même temps, les Lovériens connaissent leur chance d’habiter dans une ville qui a encore une place de la Poissonnerie, une rue du Quai, une place de la porte de l’eau, une rue des Remparts, et une tannerie devenue un restaurant. Bien entendu, si la ville doit se réapproprier les abords de la rivière, ce n’est pas pour en retrouver des usages qui ne reviendront plus, mais Louviers, comme de nombreuses villes de France doit mettre la beauté au cœur de son projet, et il n’est plus question de sacrifier l’esthétique au nom de l’utilité… On le sait bien tous d’ailleurs, Louviers a besoin d’être belle, parce que nous l’aimons.
Photo  issue du blog de JC Houel. La Place Thorel au fur et à
 mesure de sa réalisation révèle ses défauts de
 conception avec un couac majeur sur la circulation des poids
lourds. On en oublierait que le béton y remplace une pelouse
qui absorbait une partie des pluies abondantes. Mais le pire
est qu'on attendait un geste esthétique sur un site majeur.
 Les Lovériens, et les Amis du musée en sont pour leurs frais.   
Mais une ville ne se limite pas à l’exposition de ses plus beaux éléments. Une ville n’est pas un musée, elle n’est pas non plus un magasin de décoration. Pour se construire, pour construire son avenir, une ville, comme toute personne, doit connaître ce qu’elle possède, savoir ce à quoi elle tient, savoir aussi ce qu’elle veut, ce qu’elle doit devenir. Elle doit connaître son projet et en fonction de celui-ci bâtir ces plans.

Un référendum pour les grands projets urbains


La mise en valeur du Jardin de Bigards par des paysagistes
faisait partie du projet d'aménagement des bords de l'Eure
que la municipalité Priollaud a décidé de casser en livrant
le site aux promoteurs. La validation par référendum des
projets dépassant le cadre d'un mandat devrait mettre fin à
ce comportement politiquement irresponsable. 
Louviers 2020 a déjà montré son attachement à la démocratie locale et au débat. Il a été question de référendum d’initiative locale. A notre sens les grands projets urbains, ceux qui s’engagent sur plusieurs mandats, devraient  faire l’objet d’un référendum. Cela pourrait être le cas, par exemple, de la mise en valeur des bords de la Rivière. Cela aurait aussi l’avantage que, quel que soit le successeur de l’équipe en place, elle serait obligée de tenir compte de l’avis d’une population qui s’est engagée derrière un projet. Ainsi pourrait-il être le cas pour tout projet important ce qui éviterait les renoncements, les tergiversations, et l’appropriation par de nouvelles équipes de projets qui ne sont pas les siens.

Un classement pour protéger les bâtiments remarquables


La façade de l'école Jules Ferry a été livrée aux promoteurs
par la municipalité Priollaud. Cela ne compensera pas les
atteintes au projet initial que Priollaud a rejeté, préférant
indemniser les architectes et privant le quartier d'un
aménagement qui se révèle indispensable.  Ainsi, non
seulement il fait moins bien, mais en plus cela coûte
plus cher. Un projet, ni fait ni à faire. En créant un
classement municipal de son patrimoine, en renfort des
plans d'urbanisation permettrait aux Lovériens de
défendre le patrimoine qui leur est cher. 
Il y a une autre question qu’il faut évoquer et qui est chère à tous les Lovériens. La municipalité a décidé de vendre en catimini tout une partie de l’école Jules Ferry ainsi que le Manoir de Bigards et son Jardin. Ces bâtiments sont, pour tous des biens attachés à l’histoire de chacun d’entre nous. Je ne parle pas de l’école Jules Ferry, qui porte si bien son nom et qui constitue un monument historique du seul fait qu’elle est le premier bâtiment scolaire de notre ville au moment où Jules Ferry, précisément à rendu l’école publique laïque, gratuite et obligatoire. La voilà livrée aux promoteurs, ainsi que le Jardin de Bigards qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de la cité, achetée par la ville sous le Docteur Martin qui en a fait un lieu d’animation unique en France, ouvrant à tous toutes les activités culturelles et qui a été le lieu de création et de construction de nombreux lovériens avant de devenir un jardin dessiné par de grands paysagistes. Voilà que le site est vendu, sans que cela ait un sens au niveau de la collectivité, alors même qu’à Louviers comme partout dans le monde, on réclame des espaces verts. Passons. Ce qui serait indispensable lorsqu’on voit comme le patrimoine est maltraité est que l’on parvienne rapidement à un classement du patrimoine, interdisant que celui-ci soit bradé.

Le patrimoine doit servir un projet


Le panneau "vendu" sur l'ex Banque de France, acquis par la
municipalité Proust et livré aux promoteurs. Faute de projet
urbain, Priollaud se débarrasse des richesses de la ville dont
il ne sait que faire. Un véritable gâchis
La situation laissée par Priollaud est inouïe, et il faut insister sur le potentiel actuellement gâché. La Banque de France a été livrée aux promoteurs, après l’école Jules Ferry et le Manoir de Bigards. Cela pourrait apparaître bénin, au regard de ces deux événements. Ça ne l’est pas. En fait, cela est de la mauvaise gestion pour deux raisons. La première, c’est que, tous les propriétaires le savent bien, on ne vend pas lorsque les taux sont extraordinairement bas. Si on peut acheter, on le peut, si on peut investir, on le peut, mais on en vend que lorsqu’on est aux abois. Nous avons souligné l’importance d’avoir un projet global pour la ville, elle en a besoin. La ville avait grâce à la Gendarmerie qui s’installe en dehors du centre et la Banque de France d’un atout foncier remarquable sur laquelle on pouvait faire travailler urbanistes et architectes de façon à concevoir la ville de demain, en respectant des principes écologistes et les besoins des lovériens. On aura malheureusement une réalisation au rabais, ne prenant pas en compte les nouvelles exigences de la ville.
Enfin, dans ce chapitre sur le patrimoine, je m’en voudrais de ne pas mentionner le bradage des cinémas de Louviers et de la grande salle à vocation culturelle, négociée de haute lutte avec la Région, l’Etat et le Département qui faisait de noter ville un site culturel remarquable. Un tel comportement fait qu’il est impossible de savoir ce que deviendront les cinémas dans une dizaine d’années, après cette bonne affaire pour l’acquéreur. 


Le patrimoine, ce n’est pas seulement la conservation des vieilles choses. Le patrimoine, c’est aussi un projet urbain, un projet social, un projet culturel. Lorsqu’il est gaspillé, c’est la ville qui est perdante, et pas seulement financièrement. Et la ville, c’est nous.




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