lundi 30 avril 2012

Résultats dans l'Eure, il ne faut pas gâcher la fête !

Tout à l'euphorie des heureux résultats nationaux, la gauche en aurait oublié les résultats dans le département de l'Eure qui n'ont pourtant pas de quoi la réjouir excessivement.
Bien sur, le score de la gauche est très bon à Louviers et à Evreux, les deux grandes villes radicales du département ; il est très satisfaisant à Vernon et Bernay, et sans surprise dans les villes moyennes du département. Pour le reste, le résultat doit inciter la gauche à tirer le signal d'alarme tant, dès qu'on s'éloigne des villes-centre, le score Le Peniste prend une ampleur inégalée et la droite se maintient.
A part dans la 4e, François Hollande arrive en troisième position, derrière le Front National et le candidat de l'UMP. Cette situation est paradoxale dans le contexte national, elle est paradoxale dans le cadre du travail mené par le conseil général, et elle mérite à tout le moins analyse.
Mais il y a urgence.
Dimanche, la France aura un nouveau président de la République. Lundi, commencera la bataille pour les législatives.
Très légitimement, les forces de gauche veulent s'y montrer... mais il faut dès à présent mettre en avant une autre légitimité.
La gauche ne doit pas être en mesure, au soir du premier tour des prochaines législatives, d'être appelée à choisir entre la droite extrême et l'extrême droite. Il y va de sa crédibilité.
Des accords ont été passés entre le parti socialiste et le parti radical de gauche, qui ont permis à Michel Champredon d'être leur unique représentant dans la 1ère circonscription, des accords ont été passé entre les Parti socialiste et les verts, permettant à Jérôme Bourlet  d'être leur représentant dans la 5e circonscription. Ces  accords permettent la présence de candidats socialistes dans les 2, 3 et 4e circonscriptions.
A l'évidence, il faut aller plus loin, et très vite !
J'appelle dès maintenant les responsables politiques de toute la gauche, ainsi que les potentielles candidatures à titre individuel à se concerter dans le sens de la responsabilité politique. Le fort score de la droite dans notre département amène à un complet changement de perspective. Très vite, avec l'appui des représentants nationaux des forces de gauche, il faut parvenir à un accord qui permette à la gauche de se comporter dignement dans le département en évitant la dispersion mortifère des candidatures.
Les législatives de l'Eure ne doivent pas gâcher la fête de la victoire de la gauche.

vendredi 27 avril 2012

Présomption de légitime défense ?

Ca veut dire quoi, au juste ... cette dernière invention sarkozyste, copiée-collée du programme du Front National à la suite de la mise en examen d'un policier accusé d'avoir tiré dans le dos d'un délinquant en fuite.
Au delà des réactions épidermiques et de ce qu'on peut penser de la tradition sarkozyste : un fait divers, une loi ... quels problèmes seraient posés en terme juridique par la présomption de légitime défense, qui permettrait d'innocenter a priori, tout policier amener à tuer dans l'exercice de ses fonctions ? Un principe qui avait été rejeté en son temps par Claude Guéant ...
Je vous livre le point de vue  de mon ami Hervé Causse ...




Hervé Causse,
professeur des universités 

La petitesse, l'étroitesse de vue (s) et la confusion jettent dans le  débat politique des formules creuses qui malheureusement deviennent souvent des lois. Les praticiens, le Parlement, les Gouvernements, les juges, et les administrations trimballeront alors pendant des années un concept creux qui met la panique partout et ne règle rien.
Une loi sur "la présomption de légitime défense" serait sans doute l'un de ces concepts tantôt creux (logomachiques), tantôt mal praticable.
La légitime défense est par nature une réaction ; il faut donc pour qu'elle existe, en premier lieu, une action. Pour que la légitime défense existe il convient donc de prouver en premier lieu l'action (le geste) qui seul peut justifier une réaction. La réaction doit ensuite, c'est un autre degré  d'analyse, être jugée proportionnée.
On voit immédiatement la difficulté  d'une « présomption de légitime défense » pour des gens armés (fussent-ils des policiers ou gendarmes, fonctionnaires formés, encadrés et disciplinés) ; autoriser la réaction sans l'action peut virer, tourner, au « permis de tuer ».
Si la réaction est présumée fondée, c'est qu'elle peut devenir en pratique le geste qui tue. C'est alors, en effet, à la personne blessée ou tuée que revient de prouver qu'il n'a pas menacé l'agent de la force de l'ordre ; or, ici, deux problèmes surgissent : si la "victime" est morte elle ne prouvera rien (donc tout incident en tête à tête sera justifié) et, souvent, l'embrouille des témoins ne règle rien ; en outre, cela reviendra à demander à la victime de prouver qu'elle n'a rien fait or, en pure logique, et c'est de la théorie fondamentale du droit, la preuve d'un fait négatif (qui n'existe pas) est impossible.
Plus pratiquement, le mécanisme de présomption est une technique qui inverse la charge de la preuve ; or, en matière pénale, au cours d'une instruction, le juge instruit à charge et à décharge et le mécanisme de présomption est hors de propos. Le juge regarde et scrute tous les faits et le jeu d'un mécanisme théorique (la présomption) n'a plus lieu d'être. Personne n'a « la charge de la preuve » ; il n'y a pas « la  preuve » à fournir : il y a une multitude de faits à prouver qui forment la conviction, d'abord du juge d'instruction, ensuite du juge délégué qui doit éventuellement placer en détention, ensuite du procureur qui prendra des réquisitions (écrites et ensuite orales), et, enfin, de la juridiction qui jugera pour déclarer coupable ou relaxer ou acquitter.
A chacune de ces étapes, les faits décrits peuvent emporter la conviction de tout juge (d'instruction, délégué procureur ou de tribunal correctionnel ou de cour d'assises) et écraser aisément la  « présomption de légitime défense », en sorte que, perturbateur, ce mécanisme serait encore une fausse protection des policiers.
Resterait en revanche le risque de celui qui prend une balle « en tête à tête »  avec un agent des forces de l'ordre alors qu'il n'y a aucun témoin. On peut se demander si dans ce cas, certes marginal en pratique, il n'y aurait pas avec cette présomption une sorte de permis de tuer. Quoique n'étant pas spécialiste, je me permets d'ajouter que le droit à la vie est protégé  par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme... et la Cour européenne qui l'applique : il me semble que sa jurisprudence ne montre aucune affection pour les forces de l'ordre qui tirent sur les citoyens, singulièrement dans leur dos : certains pays se sont faits une spécialité  de se faire condamner pour une législation interne qui permet ces « facilités ».
La présomption de légitime défense serait-elle conforme à nos  engagements internationaux ?
L'idée de Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy est donc sans doute une mauvaise chose, soit :
- un mécanisme qui ignore que tout juge regarde tous points des faits et qu'il ne pourra pas être tenu par une présomption au vu du système général de la preuve par tous moyens à tous les stades de la procédure pénale
-  un mécanisme qui juridiquement et judiciairement protège de façon illusoire les policiers (ce que François Hollande n'a pas dit) ;
- un mécanisme qui risque d'augmenter les "incidents" (de 10 À 100 ?) et de jeter la panique partout en France et dans les services.
On pourrait suggérer de former une commission (rapport sous trois mois) avec à sa tête un ancien président de la chambre criminelle de la Cour de cassation pour mesurer la valeur de technique juridique de ce mécanisme avec un autre magistrat, un gendarme, un policier et un professeur de droit ; la valeur de la manœuvre politique on pourra la  mesurer, elle, et entre autres, le 6 mai.

lundi 23 avril 2012

Sarkozy c'est fini, préparons le changement !

Il faut que la victoire soit large !
Le premier tour des élections a confirmé que le sarkozysme était une impasse. En droitisant son discours, en misant sur la peur, le rejet de l'autre et du pauvre, le désormais ex-président a récolté ce qu'il a semé : le pire résultat de la droite française depuis la naissance de la 5e république, le meilleur résultat de l'extrême-droite française dans la même période.
Ces éléments ne sauraient toutefois dissimuler  l'immense espoir qui se profile derrière la candidature de François Hollande, prochain président de la République Française.
Face à une période de crise et d'inquiétude sociale, c'est la France entière qui a confirmé son rejet du Président sortant, candidat dangereux, inutile, incapable de rassembler les français et de fixer un cap pour la Nation.
A Louviers et  Evreux, les deux villes radicales du département le candidat issu des primaires de la gauche arrive nettement en tête.
Un dernier effort reste à faire. En participant nettement à la défaite du candidat-président, la gauche a fait le plus difficile ! Il nous reste à faire le plus facile pour que la victoire soit complète. La gauche, et au delà de la gauche, la France et la République ont besoin d'une victoire large pour que le Sarkozysme, cette anomalie politique, retourne dans les oubliettes de l'histoire.
En votant massivement François Hollande, les habitants de l'Eure, les Français donneront à la France les moyens d'un indispensable changement afin de faire face aux défis politiques, sociaux et économiques auxquels elle est appelée à faire face.

Dimanche 6 mai 2012, votez et faites voter massivement François HOLLANDE




vendredi 20 avril 2012

L'évaluation, c'est maintenant !


Qui mérite le bonnet d'âne ?
L'évaluation des ministres... vous vous souvenez ?
Si vous avez oublié, vous n'êtes pas le seul... ou la seule !
Parmi les bêtises du gouvernement Sarkozy, de ces gadgets annoncés à grands effets de manche, au début du quinquennat, celle-là était pourtant particulièrement emblématique : on allait noter les ministres !
Ça, c'était du moderne !
Mettre la politique en équation, et montrer qu'on allait juger de l'efficacité d'un gouvernement.
Il s'agissait bien sur, en contre partie de démontrer l'excellence du gouvernement Sarkozy, en évitant d'une part que le bénéfice en revienne à Fillon (rappelons que le premier ministre est en principe chef du gouvernement sous la 5e république) ... pas facile déjà ! Mais en plus il fallait démontrer sous couvert d'objectivité que tous les gouvernements précédents étaient des nuls et qu'on allait se donner les moyens de juger les ministres non en fonction de leur poids politique mais en fonction de leurs compétences ! Mort de rire ...
Mort de rire, puisque quelques mois après, les démissions de ministres  ont bien été fonction de dysfonctionnements politiques, de glissades personnelles, de graves fautes de communication et non de la capacité à gérer un ministère.
Qu'est devenue la volonté de soumettre au Secrétaire d'État à l'Évaluation des politiques publiques : Éric Besson, l'évaluation du travail de ses collègues ... avec les services de Matignon ? Qu'est devenu le travail payé par les contribuables mené par le cabinet Mars and Co ?
Rien d'autre qu'une amertume pour certains services ministériels, rien d'autre que le souvenir d'une bonne rigolade de la part des commentateurs politiques !
Parce qu'en fait, pour reprendre le slogan de François Hollande :  l'évaluation, c'est maintenant !
Ce n'est pas un cabinet privé qui va juger de la politique du chef de l'État, c'est le peuple ! Convoqué par les institutions de la République il va se prononcer en toute liberté.


A dimanche !


dimanche 15 avril 2012

Pas fraîche ma campagne ?

La campagne est ennuyeuse ...Ah bon, vous trouvez  ? Mais vous attendez quoi d'une campagne, au fait ? Vous attendez quoi d'une campagne, en fait ? Pour tout dire, mon caractère de coureur de fond m'interdit de m'ennuyer dans une  campagne. La démocratie est toujours une  fête, et je suis toujours heureux lorsqu'on vote ! Par dérision, je disais à une  époque, que si j'étais président de la république, j'instaurerais  une  élection tous les dimanches. Façon  poule au pot d'Henri IV !  Quel beau rituel que celui de la République en action, celui  qui agite et qui rythme nos cités certains dimanches. Bien sur, il y a le foot tous les dimanches, et tous les  matchs ne se valent pas, les spectateurs le savent. Mais la démocratie est aussi une fête parce qu'elle dresse le  portrait  croisés  de nos volontés, de nos attentes, de nos  illusions et de nos déceptions. Lors du passage de Manuel Valls à Louviers, c'est à peu près la seule question que j'ai eu l'occasion de lui poser : Alors, ennuyeuse cette campagne ? Qu'est ce que tu en penses ? 
La réponse a été assez cinglante ! En football, pour reprendre la métaphore, le but des entraîneurs n'est pas que le match soit beau, il est que leur équipe gagne ! Le directeur de campagne de François Hollande s'était peut être senti visé, mais il m'a rappelé que depuis qu'il faisait de la politique, il avait toujours entendu la même chose ... et de me rappeler la campagne de 1981.
Le rapprochement est  intéressant. C'est vrai que vu de loin, 1981 était le remake de 1974, avec les mêmes protagonistes, et pour ceux qui attendaient le renversement de la société ... l'annonce que c'était déjà foutu. 
On peut dire ce qu'on veut, mais le vrai protagoniste de toute campagne électorale, c'est l'Histoire, et pas  les directeurs de communication ou les amuseurs de tel ou tel camp. 1981 portait en lui la fin des illusions d'une union de la gauche porteur d'un socialisme avenir de l'humanité ! Il était effectivement le rejet d'une politique giscardienne incapable de répondre  à la réponse diffuse d'un peuple toujours en attente, même s'il ne savait pas ce qu'il attendait.  Mais il fallait montrer que la société était capable de bouger et de remettre en cause le socle de l'organisation politique issue de la guerre d'Algérie. La gauche était seule capable  de réaliser cette attente, même si celle-ci était mal exprimée.
En quelque sorte, 1988, en a été la confirmation. L'aspect innovant de la campagne était qu'il s'agissait de la première réalisée dans le cadre d'une cohabitation. Président de droite, premier ministre de gauche issu de la cohabitation. Mais en fait, il n'y avait pas vraiment de nouveauté là non plus et le seul fait marquant a été le coup de Jarnac  d''Ouvéa, réalisé par le Dr Pons et Charles Pasqua ! Un film retrace l'événement, L'ordre et la morale, réalisé par Mathieu Kassovitz, il faudrait que j'aille le voir.
L'affiche du film paru en 2011
Après, il y  eu la campagne de 95, avec la  trahison Balladurienne, et le retour inespéré du candidat Chirac, c'est vrai que c'était marrant, et très typique des querelles de légitimité de la droite, qui s'est ridiculisée en permettant à la gauche de reprendre du poil  de la bête, mais je ne sais  pas si tout cela a été profitable à la démocratie. 
2002 a été le cauchemar des démocrates. Pas seulement par le résultat. Je me souviens d'un moment difficile de ma propre existence, à la mi-avril, ou sur une route longue que j'avais à faire en voiture, je me suis tapé les discours des 12 candidats à la présidence  de  la République.  Je me suis demandé dans quel pays je vivais. Une surenchère terrible, à la suite d'un fait divers monté de toute pièce par tf1, les candidats s'étaient lancé dans une course sécuritaire entre Chirac, Le Pen, Mégret, Chevènement et Bayrou que j'ai entendu à la suite. Pas de doute tout cela amenait tout droit au résultat du 21 avril... Inattendue cette campagne, c'est sur et par sa forme et ses résultats, mais pas fraîche, ça non !
Alors, bien sur, il y a eu 2007 !
Deux candidats de rupture ! Rupture avec les appareils, car Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy avaient tous deux réussi à s'imposer face aux vieilles barbes, rupture dans leurs vies personnelles puisqu'ils auront été les premiers cocus révélés à se présenter au destin suprême, ce qui était la marque incontestable de leur modernité, au delà de la génération dont ils étaient porteur (la mienne, ndlr, ils sont nés la même année que moi) qui étaient celle amenée à la politique par mai 68. Des trouvailles, de la bravitude au travailler plus pour gagner plus, et le lâchage en règle de Ségolène par l'appareil qui ne lui avait toujours pas pardonné. On peut rajouter la montée  de François Bayrou comme marqueur supplémentaire de la présence d'une nouvelle génération.
Et voilà, nous y sommes. 2012 sera probablement à 2007 ce que 1981 a été pour 1974. Une revanche, la fin des illusions ... Forcément, la fin des illusions, c'est moins amusant que l'enthousiasme onirique ... Ça laisse de la  place à Mélenchon, un peu ! Mais le fait essentiel est surtout que la campagne a été longue, et qu'à force on s'y répète. Oui, ils ont tous le même âge, le mien, sauf qu'ils ont pris cinq ans de plus ... et je serais le dernier à pouvoir leur reprocher !
Pour ce qui est du discours usant, je ne parle pas tant de Hollande, après tout en campagne que depuis les primaires, mais je parle évidemment du candidat Sarkozy qui, malgré tous ses efforts pour se contredire, reste quand même l'épuisant bateleur de foire, au discours de plus en plus inaudible et dont le talent s'use inéluctable, n'ayant jamais cessé d'être en campagne depuis son élection ...  La victoire de Hollande sera d'abord la défaite du sarkozysme ! En soi, c'est un sujet de satisfaction largement suffisant !


vendredi 13 avril 2012

Il est important que la victoire soit large !


Le sarkozysme maladie orpheline ?
Tout semble plié ... les instituts de sondages confirment tous que la remontée de Sarkozy est achevée Et le candidat qui était le seul à sentir une vague, doit se rendre à l'évidence : il perdra les élections.
 "Sarkozy est-il fini ?", cela se confirme.
Faut il pour autant arrêter de faire campagne ?
Bien sur que non ! D'abord, en matière électorale comme dans n'importe quelle course, une victoire n'est jamais certaine qu'une fois franchie la ligne d'arrivée ... Mais en plus, il y a d'autre enjeux que la victoire. Il est important que la victoire soit large !
La victoire de Hollande ne sera pas seulement la victoire de la gauche contre la droite.
Sarkozy représente aussi une certaine manière de faire de la politique, celle à laquelle la France avait jusqu'à présent échappé, se tenant à l'écart des démagogies des extrêmes et de l'exclusion.
J'ai dit ici combien la défaite de Sarkozy entraînerait une lourde recomposition de la droite. Encore faut-il que la droite Française ait clairement conscience que l'impasse Sarkozyste, l'impasse du cynisme en politique, l'impasse du mépris de la parole donnée, l'impasse du rejet de la communauté nationale au profit des logiques communautaristes .. il faut que ce message soit clairement entendu par la Nation entière, et par tous ceux qui veulent parler en son nom, c'est à dire ceux qui s'engagent en politique.
Le score de Sarkozy ne sera pas indifférent. Ce n'est pas la même chose s'il est en tête ou en seconde place au premier tour.Ce n'est pas la même chose si au deuxième tour il est battu d'une courte tête ou d'un écart de 52/48 ou de 55/45.

C'est pas le tout d'en finir avec Sarkozy
Le score, cet année aura des conséquences bien au delà des actuels points de repères que Sarkozy a contribué à fausser.
Certains m'en voudront peut-être de dire ça, mais je pense que notre pays a besoin d'une droite comme il a besoin d'une gauche.
Mais de quelque point de vue que l'on se place, il ne peut y avoir d'action politique sans ligne politique, sans une vision du monde gage de la cohérence de l'action, sans respect de soi-même et de la population que l'on a choisi de servir.
J'ai souvent dit que le comportement de Chirac au moment de la guerre de Bush contre l'Irak avait justifié mon note lors du deuxième tour entre la droite et l'extrême droite. Je ne suis pas sur du tout que Sarkozy aurait fait ce choix là, pour cette raison simple et terrible qu'avec Sarkozy, on n'est jamais sur de rien. Cet exemple est corroboré par les lourds exemples des discours de Dakar, et de Grenoble qui nous ont fait revenir 80 ans en arrière !
Avec Sarkozy, la France a frôlé la catastrophe ! Mais il ne faut pas se débarrasser seulement de la présence d'un chef de l'Etat indigne de ses fonctions, il faut débarrasser la France de cette façon de faire de la politique.
Dans ce sens aussi, chaque voix aura du poids. Il n'y a pas de place pour l'abstention.
Toute élection est une participation citoyenne à l'Histoire, celle-ci le sera davantage encore.

jeudi 12 avril 2012

Une histoire de Louviers ... entre 1990 et 2012

Il est des journées riches. La recherche a porté hier mes pas vers la médiathèque municipale, endroit qu'on ne fréquente toujours que trop rarement. J'ai fini par trouvé ce que je cherchais, en fin de journée et je me suis trouvé en situation d'assister à l'inauguration du programme d'animation qui durera jusqu'à l'été : ma drôle de bibliothèque.
Discours de Denis Laheye, adjoint à la culture et ami depuis tellement longtemps qu'il porte une partie de ma propre histoire et en tous les cas de l'histoire de cette ville qu'il habite depuis toujours, pionnier de l'équipe à l'origine de l'actuelle municipalité.
J'ai apprécié d'autant plus de revoir Denis que les évènements m'avaient amené à penser à lui une bonne partie de l'après midi où j'avais fouillé dans les archives de la médiathèque. Je me disais que Louviers ne serait pas ce qu'elle est est si Denis n'était pas passé par là.
Mais passons, j'y reviendrai !
Louviers est une ville passionnante, son histoire est passionnante,  le fait d'être la ville qui bouge, ne doit pas nous empêcher de regarder en arrière.
Justement, Yakoub, jeune radical de gauche, m'a demandé de lui résumer en deux secondes l'histoire de cette ville où il est arrivé à l'âge de 8 ans, il y a une vingtaine d'années.
Que de chemins parcouru depuis ! En passant rue Saint-Jean, il me parlait de cette ville qu'il avait vu se transformer. Pour lui, Proust était juste une femme qui n'aimait qui n'aimait pas les étrangers et qui n'était plus maire,  mais toute la magie du 18 juin 1995, toutes les batailles électorales, les querelles internes et externes,les susceptibilités, les identités remises en question, les débats, tout cela remontait à une préhistoire ... ce jeune homme n'avait pas entendu parler de Mai 68.
Et pourtant, comment comprendre le présent sans connaître le passé ?

Voilà qui me pousse, chers lecteurs à remettre à jour cette pépite rédigée par Franck Martin, retrouvée le matin même. Franck Martin s'y exprime au nom du Comité d'action de gauche. Il y fait le point sur l'état de la gauche à Louviers, en professant des idées fondatrices, celles qui ont présidé à la création de la liste qui allait battre la droite en 1995, tout en affirmant l'identité républicaine de la gauche à Louviers, les idées précisément qui fondent le radicalisme.
Nous sommes ici au coeur d'un processus de réconciliation au sein d'une gauche lovérienne profondément divisée. Franck Martin ne propose rien moins que de revenir sur ce qui la divise pour permettre à l'analyse en profondeur de dépasser un climat passionnel. Ça se passe en 1990, quelques mois après l'échec de la liste d'union menée aux municipales par le socialiste Alain Bureau. Une histoire compliquée. Ça se passe aussi deux ans avant que Franck Martin ne se présente aux élections cantonales de Louviers nord en tant que candidat divers gauche, 4 ans avant qu'il ne soit élu conseiller général et 5 ans avant qu'il ne devienne maire de Louviers. 6 ans avant qu'il n'adhère au parti radical de gauche.
La nostalgie est une dynamique !
Cet article, qui avait marqué lorsqu'il avait paru, contient en filigrane les destins de Franck Martin et de sa ville.

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jeudi 5 avril 2012

Bossi c'est fini !

 Bossi père et fils, inculpés pour corruption
C'est un coup de tonnerre dans la vie politique italienne, mais elle doit nous servir aussi de leçon, le chef et créateur de la Ligue du Nord, Umberto Bossi vient de démissionner pour le motif incroyable de corruption avec la N'drangheta, la mafia calabraise.
Rappelons qui est Umberto Bossi pour mesurer la hauteur du scandale.
Certes, toute comparaison politique est hasardeuse et il est difficile d'expliquer à un public français la politique de l'autre coté des Alpes. La politique est le fruit de l'histoire et de la culture des peuples. Mais nous en avons toujours des leçons à tirer, la politique ce sont les petites et les grandes histoires de l'humanité. Umberto Bossi se situe à l'extrême droite de l'échiquier politique, mais il représente une extrême droite qui n'a que peu de choses à voir avec notre extrême droite française liée à Vichy, ni avec l'extrême italienne, marquée par le fascisme.
Au départ la démarche d'Umberto Bossi est régionaliste. Il crée la ligue lombarde, défend l'autonomie puis l'indépendance de sa région. Il va créer par la suite la Ligue du Nord  en faisant alliance avec un parti piémontais. Il va revendiquer la création de la Padanie (c'est à dire de la région du Pô, région la plus riche d'Italie)...Cet État du Nord sera celui des gens qui travaillent  contre  les gens du sud qui sont, au mieux des fonctionnaires représentant le pouvoir tentaculaire de Rome, au pire  des assistés feignant, vivant des fruits de diverses magouilles et de travail au noir. Voilà qui les séparent du mouvement fasciste classique qui se référait à la Rome antique et à la grandeur italienne.
Difficile aussi de comparer avec l'extrême droite française. En fait cette bande de fous furieux, auprès de qui Marine Le Pen passerait pour une laxiste  invétérée, a obtenu une réussite politique à qui rendrait jaloux tous les stratèges du Front National. Il  a participé au gouvernement de Berlusconi, et il est à la tête de mairies importantes dans le Nord. Le racisme, l'exclusion, la haine du sud et de l'étranger et des homosexuels sont leur viatique politique et leurs propos les conduiraient devant les tribunaux en France.
Umberto Bossi aurait pu passer pour un rigolo... mais il est devenu ministre, par la grâce de Berlusconi qui s'est montré prêt à toutes les compromissions pour garder le pouvoir et se protéger de poursuites judiciaires... une protection qui appairait totalement vaine aujourd'hui, mais c'est un autre problème... Car les institutions ont quand même réussi à sauver la République Italienne.
Bossi a malgré tout réussi à imposer sa vison complètement décalée et réactionnaire de la vie politique. Le fait même d'avoir été ministre soulignait que son point de vue pouvait être pris en compte... C'est ce à quoi la France a jusqu'à présent échappé grâce au cordon sanitaire que Chirac avait imposé à la droite française qui permettait de tenir le Front National à l'écart. Le parti de Bossi a réussi dans le Nord des scores à faire pâlir d'envie le Front National, réussissant à gérer de nombreuses villes ...
Mais voilà que le voile se déchire. Ce même parti poussait les hauts cris lorsque Roberto Saviano, le grand journaliste italien (Roberto Saviano vit depuis 4 ans sous la protection de la police Italienne pour avoir dénoncé la mafia) a déclaré dans une émission télévisée (Vieni via con me) au succès immense qu'il était certain du financement de la Ligue du Nord par la N'drangheta a été contraint aujourd'hui à la démission.
Pour mémoire, ce que j'écrivais autour de l'ouvrage et du film de Roberto Saviano il y a trois ans : vous pouvez lire en cliquant ,. Pour information, Le combat continue est le nom de l'ouvrage traduit en français, qui reprend les entretiens tenus pendant cette émission qui a eu un immense succès en Italie référence du livre en tapant   Mais je m'égare, je reprends le fil du récit...
Donc, reprenons vite fait. Que fait Roberto Saviano, la référence des opposants de gauche à la mafia dans une émission de télé suivi par des millions de spectateurs (le nombre de spectateurs a dépassé ceux d'un match de foot avec le Milan AC, c'est dire !) ? Il dit : il y a des liens entre la ligue du Nord et la mafia du Sud ? Comment dire ? C'est comme si on disait que Marine Le Pen était financée par Guérini et le socialisme marseillais... ? Non, c'est pire ! Donc là dessus, forcément, réaction de Bossi qui hurlent à l'infamie et au scandale .. et voilà ! Six mois après, le scandale éclate et Bossi démissionne ! Déflagration chez les membres de la Ligue, leur héros, le fils de leur héros vont passer devant la justice ... et pas seulement, avec le fait que, comme le déclarait Roberto Saviano, ce ne sont pas des victimes de la mafia qui les auraient corrompus à l'insu de leur plein gré, mais c'est eux-mêmes qui sont allé chercher auprès de la N'drangheta ... avec pour but un enrichissement personnel parallèlement à un enrichissement du parti, mais les suites judiciaires nous en apprendront davantage.
Mais il faut aller bien au delà de la critique d'une idéologie d'extrême droite délirante. Bien sur, le repli sur soi ne protège de rien et même pas de soi-même. Bien sur, les idéologies racistes, sexistes et xénophobes sont lamentables, même si elles se voilent derrière la phraséologie du "tous pourris" qui n'est souvent que la frustration de ceux qui ne veulent arriver au pouvoir que pour leur propre satisfaction. Bien sur la participation à la politique berlusconienne était déjà la reconnaissance d'un corruption interne profonde... et tous ces éléments pèsent sur toutes les démarches populistes et sur leur absence de perspective... Mais au delà, l'exemple italien doit nous éveiller sur le poids que peut prendre la délinquance financière sur la politique en Europe. La Liga Nord, était l'un des partis les plus puissants d'Italie. Soyons vigilants. Défendons la République, le progrès et la démocratie.
Enfin, un dernier mot pour rendre hommage à Roberto Saviano ! Comme je le dis à chaque fois, la République, c'est le courage et il n'est pas d'autre voie que le courage républicain pour s'opposer aux puissances financières.