mardi 27 juillet 2021

Au revoir Dominique

Tu es parti sans que j'ai le temps, ni moi ni personne du reste, de te dire au revoir. 

Dominique MASSON au service communication. 
Photo de Judith ALCALA
Je ne t'en veux pas pour autant, même si ça me fait une peine immense. 

Je sais que ce que tu as vécu de plus fort pour ta ville, tu l'as vécu en partie à mes côtés. Tu as été de toutes les aventures de la gauche lovérienne pendant un quart de siècle, et ça, ce n'est pas rien.  Ta générosité, ta curiosité, ton ouverture d'esprit, la finesse de tes analyses, tout ça tu l'avais mis au service de ton engagement pour ta ville et les valeurs que tu défendais avec exigence : la créativité, l'épanouissement, l'intelligence, la liberté, l'égalité et la fraternité : la gauche, quoi ! 

La Ludothèque que tu as accompagné dès sa naissance, le militantisme contre Odile Proust puis la volonté d'agir et de participer à l'épanouissement de la cité, le cabinet de Franck Martin, la communication, la culture, le spectacle vivant, le Moulin dont as encore accompagné la naissance ... que de souvenirs au service de Louviers. 

Tu es parti tout seul, alors que le collectif était tout pour toi. Tu faisais partie de ma vie, de mon engagement comme de beaucoup de ceux qui t'ont approché.

En leur nom, je te dis merci de nous avoir accompagné, et à bientôt là haut, même si ça peut faire drôle pour un athée comme toi.  Tu aurais juste tout fait pour créer du bonheur sur terre, autour de toi, ici et maintenant. 

Merci à Judith Alcala de m'avoir transmis ces photos témoignages de ton engagement. 







lundi 19 juillet 2021

Un Grand Tour, et puis s'en va

Laurent le savait sans doute. Il m'est impossible de résister à un tel appel. Cela remonte au moins à l'enfance. La faute sans doute à mon grand frère qui jouait aux coureurs avec ses copains sur un circuit de Monopoly sur lequel il inventait des montées et des descentes, des contre la montre et du plat, pour un peu, il y aurait mis du vent. Après il y avait des billes propulsées à coup de pichenettes dans le bac à sable au pied de l'immeuble. Il jouait aux coureurs tout le temps. Il avait une grande photos qu'il avait punaisé sur le mur (on ne disait pas encore un poster) et c'était la photo d'un jeune champion, et il me disait : tu vois, ce gars là, il remportera un jour le tour de France. C'était Poulidor, on sait ce qu'il en est advenu.

J'ai déjà parlé de mon ami Laurent Grandsimon, notamment à l'occasion de ce cyclo-voyage effectué il y a cinq ans et qui devait m'amener en Sicile. Je l'ai rencontré à Ramatuelle lors d'une université d'été des Radicaux de Gauche. Il est devenu depuis maire de Luz Saint Sauveur, commune située au pied du Tourmalet et dont fait partie Luz-Ardiden, la fameuse station de ski, par ailleurs ville étape du Tour de France cet année.  Il est aussi devenu Président du Parc National des Pyrénées, et référent national des parcs nationaux en France. Bref, avec tout ça, j'aurais bien compris qu'il m'ait pour partie oublié. En fait, il m'a fait comprendre que je n'avais rien compris du tout, et il m'a annoncé lundi dernier qu'une place se libérait et qu'il était prêt à m'héberger si je souhaitais assister à l'arrivée de la 18e étape du Tour de France. 

Cette invitation se refusait d'autant moins qu'elle est aussi un hommage à l'amitié au delà d'un hommage à l'épreuve mythique. 

Et voilà pourquoi j'ai passé mon 14 juillet à faire les 1000 bornes qui me séparaient du Tour de France. Voilà pourquoi j'ai passé mon 16 juillet à refaire le chemin à l'envers. Et voilà comment j'ai passé le 15 juillet à savourer le bonheur de vivre en direct la plus belle étape du Tour 2021, Président de la République compris. 

Mon but est juste de rendre hommage à l'événement et à celui que je souhaite pouvoir devenir dans les mois à venir le député que la circonscription mérite. Je l'ai vu agir de près et de loin. Me contentant de contacts pris au fil de l'eau tout en me mêlant à la foule impressionnante de la première étape de montagne à laquelle il m'ait été donné d'assister.

Ainsi, la foule, dont on me dira par la suite qu'elle était plus maigre que d'habitude mais porteuse autant de la joie d'être là, ensemble, que de voir passer des coureurs allant forcément moins vite que sur le plat et dont on a le temps de mesurer comportements et stratégies différentes au fur et à mesure des passages forcément étalés en fin d'étape.

Des remerciements particuliers à Marty Jemeson, ancien coureur du Tour, qui a couru à l'US POSTAL, devenue depuis équipe maudite. Marty donne  une image bien plus mitigée et loin des caricatures du cyclisme professionnel. De même remerciements à Eric Brèche, Président de l'Ecole de Ski Français, qui a tenu des propos passionnants sur les perspectives d'évolution du ski et de la montagne en France et dans le monde. Emotion particulière en voyant Aurélien Paret-Peintre, attendu par une femme réconfortante et lui disant, bave au lèvres, qu'il n'en pouvait plus. Ce qu'on appelle aller au bout de l'effort. Enfin, remerciements à Noël Pereira, qui m'a rappelé aussi les joyeux moments des universités d'été radicales de gauche, qui n'ont malheureusement pas retrouvé tout leur lustre. 



Et, ci-dessous, quelques photos souvenirs 








mardi 13 juillet 2021

Heureux comme un radical (de gauche) en Normandie

Il se passe toujours quelque chose à Louviers. 

Après l'effort, le réconfort !
Un after-work bien mérité après cette première université 
d'été des Radicaux de Gauche en Normandie
Merci à chacune, à chacun et à tous.

Foi de radical, je n'aurais pas dit ça il y a encore une quinzaine de jours. Mais, là, c'est sûr, quelque chose est en train de se produire. Après le contexte de la raclée des municipales (2020), après la défaite des élections cantonales, on aurait pu croire (et, je le confesse, j'ai été parmi les premiers) que la politique, la gauche, tout ça, dans un contexte d'abstention élevée ... puis très élevée, puis beaucoup trop élevée... Bref, qu'il n'y avait qu'à aller se faire pendre ailleurs, qu'il était inutile de continuer de se battre pour ce on quoi l'on croyait puisque, tout simplement, le réel, ce satané réel, continuait de nous cogner sur la tête. 
Et puis voilà. On le voit bien d'ailleurs, avec la météo pourrie qui nous est assénée depuis juin, on a naturellement tendance à se dire qu'on sera privé d'été cette année. 
Mais non, mais non ! Il y a des raisons d'espérer. La réussite de l'après-midi de réflexion appelée Université d'été des Radicaux de Gauche de Normandie. la soirée organisée le vendredi soir autour des participants à la campagne méritoire de Philippe Brun et de Nolwenn Leostic en témoignent. 
Car, en dehors du fait qu'ils ont eu lieu à Louviers,  s'il est un fil qui relie ces deux événements, l'un privé, l'autre public, c'est qu'ils sont porteurs de joie et d'espoir. 
Aucun abattement suite à une défaite prévisible, mais de jolis souvenirs de campagne, une envie de se battre contre l'insolence et la vulgarité de la municipalité Priollaud et au delà, la volonté d'agir de développer les réseaux politiques et amicaux dans la certitude que la gauche ne pourra reprendre le dessus qu'à la condition d'une réflexion profonde sur les bouleversements qui agitent notre société et le monde. 
Vous me direz : cela sent le café  Le café débat, le café radical, et vous avez raison. Le café radical renaitra bientôt et vous êtes déjà invité à ses prochaines manifestations. 
Maintenant, si vous le permettez, passons à l'université d'été et de se que, modestement, j'en retiens. 

Je m'en voudrais de commencer le compte rendu de l'événement sans remercier la cinquantaine de participants (certains ont marqué leur présence mais n'ont pu rester toute l'après midi) dans un contexte de samedi après midi d'été, de fin de covid, ou de nombreuses manifestations et fêtes familiales ont imposé un calendrier. 
Je m'en voudrais encore de commencer le compte rendu sans excuser ceux qui ont tenus à s'excuser tout en soutenant l'initiative, notamment Jannick Léger, Philippe Brun, Laetitia Sanchez, Arnaud Levitre et bien d'autres encore. Bon, bien sûr, j'en ai oublié mais je suis heureux d'avoir cité au moins ceux-là. 
Enfin, je tiens à remercier les personnalités qui ont animé les débats, au premier rang desquelles Mélanie Boulanger, tête de liste de la gauche aux régionales, Martine Séguéla, conseillère régionale, Francis Duvernay, pour Place Publique, Dominique Guillou pour génération(s). 

L'abstention, la jeunesse et la gauche
Le premier thème choisi était l'abstention la jeunesse et la gauche. On m'objectera que l'abstention a touché toutes les sensibilités politiques (c'est vrai, d'ailleurs, parlez-en à Marine Le Pen ... mais pas seulement ! Quand moins d'un tiers des inscrits se déplacent, toutes les familles, toutes les générations politiques sont touchées, même s'il est vrai que la jeunesse l'est plus que d'autres. 
Paradoxalement, la très jeune radicale Anne-Lyse M'Bello a ouvert les débats. Je dis paradoxalement, parce que cette jeune femme de 18 ans a voté pour la première fois, et qu'elle est engagée dans la démarche militante. Elle a évoqué une défiance généralisée de la jeunesse, à ce titre porteuse d'une défiance croissante de la société vis à vis des institutions.  Mais, n'est ce pas toujours comme ça, après tout. Quand on s'en prend aux absents, c'est toujours les présents qui en prennent pour leur grade. 
Le débat a été vif, prenant, s'illustrant de nombreux exemples. montrant ainsi que la désaffection citoyenne n'était pas seulement générationnel, certains expliquant qu'ils avaient décidé de ne plus voter.
L'appel à des techniques nouvelles a été évoqué, du type vote électronique. 
Il reste que des points essentiels ont été posés. 
  • Le premier est que quelles qu'aient été les circonstances ...( et notamment le fait que dans le cadre de cette défiance généralisée de nombreux électeurs n'ont pas reçu les professions de foi et bulletins de vote à leur domicile. Ce fait est extrêmement grave et on se dit que dans un fonctionnement démocratique normal, le 1er ministre ou, à tout le moins, le ministre de l'intérieur aurait dû proposer sa démission. Là, il ne s'est rien passé, comme si le déroulement conforme du vote n'était pas quelque chose d'essentiel. Donc, même si le gouvernement juge que ce n'est pas important, pourquoi le demanderait-on au citoyen.) le niveau d'abstention impose de se réinterroger sérieusement sur le processus démocratique. 
    30 % des inscrits choisissent pour tous et rien ne dit que ce chiffre ne va pas encore croître même si on peut espérer que les circonstances exceptionnelles (covid, erreurs d'information ... ) ne se reproduiront pas. 

  • Le deuxième est que la passion politique, celle qui faisaient que des populations se situaient charnellement à droite ou à gauche, définissant ainsi leurs identités et leurs valeurs, s'est éteinte, ou tout du moins que la flamme est devenue flammèche ... pour ne pas dire veilleuse. La raison est multiple. Elle a des causes historiques, nationales et internationales, les repères sont multiples. La gauche a fait l'apprentissage du pouvoir et de la responsabilité. Elle ne peut plus être porteuse d'illusions. Il s'agit juste, ce qui est infiniment plus complexe, de démontrer que les choix politiques sont infiniment plus subtiles. La droite, elle s'en tire de manière purement démagogique, adoptant le marqueur de la sécurité. Ce qui semble ridicule, tant la droite n'a jamais démontré autrement qu'en parole son efficacité dans de domaine, lors même que la gauche n'a jamais été laxiste, même si elle a fondamentalement pour principe de lier prévention et répression comme condition de l'efficacité. 
    Le R assemblementNational lui-même n'est guère plus crédible et c'est sans doute le message envoyé par les électeurs. 
    La conséquence de l'absence de passion a été la reconduction générale des sortants. Sans doute parce que le poids des relais du pouvoir local sont plus facilement mobilisés lors même que la protestation ne passe pas par le vote mais par l'absence de vote.
    Sur ce sujet on peut noter aussi que l'absence d'identification, le manque de notoriété des candidats, conséquence logique de l'interdiction du cumul, impliquant qu'on a à se prononcer pour des personnalités dont on ne repère pas assez le camp auquel ils appartiennent ou leur capacité à gérer joue bien entendu un rôle dans la désertification du paysage électoral. 
  • Le troisième point est celui des remèdes.  Le vote électronique représente un danger, et en premier lieu celui de la pression familiale ou institutionnelle (imaginons le vote organisé massivement dans une maison de retraite). Peut-on aller au delà de deux procuration ? Là aussi cela signifie à court terme une rupture dangereuse entre la population et ses représentants.
    De fait, le cérémonial républicain a sa valeur. Un jeune participant rappelait que, venant de déménager, il avait fait plus de deux cent kilomètres pour aller voter. Bravo Aurélien ! Et il est vrai que, moins il y a votants, plus le vote personnel pèse lourd. 
    Reste la question du vote obligatoire. La mesure existe en Belgique qu'on ne peut pas appeler une dictature. Mais cette mesure doit faire l'objet d'un consensus, un peu comme la vaccination pour tous. Pour ma part, je suis de plus en plus opposé aux contraventions qui correspondent à une mesure discriminante, tant 20 ou même 100 € n'ont pas la même valeur pour une personne au RSA ou un milliardaire En revanche on pourrait très bien proposer un travail d'intérêt général, du genre, distribuer les bulletins de vote ou professions de foi, tenue d'un bureau de vote, ou autre Bien entendu, cette mesure devra faire l'objet d'un consensus, entraînant peut être une modification constitutionnelle La question se pose et il est temps d'y réfléchir sérieusement. 
  • Car le quatrième point est le danger que pourrait impliquer l'éloignement entre les citoyens et leurs représentants. Imaginons l'arrivée au pouvoir d'un parti politique autoritaire. Avec quelles facilités il pourrait se débarrasser des scrutins locaux, qui ne représentent rien ! Déjà on peut remarquer, dans les programmes politiques envisageant la suppression des départements, ou remplaçants des élus par des tirages au sort (et l'on imagine dans un système autoritaire à quel point tout trucage serait infiniment plus facile que de tricher dans une élection démocratique. Enfin, on imagine facilement à quel point, une fois qu'on a supprimé les élections locales, on peut passer aux élections plus importantes. Le risque existe réellement, même s'il n'est pas immédiat. Je ne suis pas catastrophiste, mais il serait bon, comme le dit le chanteur d'alerter les bébés
 Des gauches irréconciliables 
Il est certain que si les gauches ne sont pas irréconciliables, elles sont pour le moins non pas unies, mais plutôt explosées, et pour reprendre une expression chère éparpillée par petits bouts façon puzzle et on n'a pas encore trouvé le truc pour recoller les morceaux.
Denis Laheye, ancien adjoint au maire de Louviers, a rejeté d'emblée le terme de gauche irréconciliable la remettant sur le dos de son auteur, Manuel Valls bouc émissaire de la politique française catalane et espagnole. Il reste que la gauche est bien dispersée et a du mal  à se passer d'anathèmes. 
Mais la gauche a déjà connu des situations bien pires, qu'il s'agit des clivages nés de la première guerre mondiale, puis ceux consécutifs à la création du parti communiste en 1920, de qui n'a pas empêché la création du Front Populaire 16 ans plus tard avant que la deuxième guerre mondiale repose les problèmes, avant une nouvelle alliance construite dans la Résistance à l'envahisseur avant d'une nouvelle rupture en 1947 correspondant à une volonté politique internationale puis à la création d'une alliance sous le programme commun de 1977. En fait, les familles de la gauche se construisent dans la crise et dans l'opposition avant que ne s'imposent sous la pression de la réalité et des électeurs (sauf que la faiblesse du poids électoral impose qu'on parle à sa place ce qui est dommage mais il est difficile de faire autrement.  

La gauche et les présidentielles
C'était la suite évidente du débat. Elle était d'autant plus évidente que les deux premières tables rondes ont été fournies et que dès l'arrivée de Mélanie Boulanger, la question que tout le monde attend, c'est à dire l'organisation des présidentielles a été traitée. 
Il est bien entendu difficile d'en parler à présent, tant, au sein des différents courants de la gauche, écologistes, socio-démocrates, hamonistes, communistes, mélenchonistes se préparent à partir au combat.
Paul Dhaille a rappelé cette réalité arithmétique qu'au vu des derniers résultats et sondages, l'ensemble des adversaires de la gauche s'attendaient à se partager environ 70 % des voix. Il en reste 30 % pour la gauche, ce qui laisse augurer un combat difficile, et ce d'autant plus difficile si les divers courants de gauche passent leur temps à démontrer qu'ils ont plus raison que les autres, et d'autant plus raison que eux sont la vraie gauche et que les autres sont la fausse. 
Bref, pour parler grossièrement c'est mal barré ... sauf que la crise ^pourrait imposer une solution. Rappelons pour la petite histoire que cette gauche dispersée avait amené à créer la gauche plurielle en 1997, dont je me souviens d'autant mieux, que j'ai assisté à sa première sortie lors du premier congrès politique des radicaux de gauche auquel j'ai assisté à la fin 1996. C'est des souvenirs que l'on n'oublie pas .

Voilà, excusez-moi d'avoir été un peu long, mais je tenais à être un minimum exhaustif et finir là dessus. Tout simplement parce que si l'action radicale a un sens, c'est celui illustré par cette mini-université d'été, ouverte à tous, qui a permis dans cette terrible période de doute, à tous les courants de la gauche de s'exprimer et ainsi semer les graines de l'espoir. 
Pour reprendre la formule d'un ami égaré mais qui n'est pas perdu : 
 
FIER D'ETRE RADICAL

Ci-dessous, quelques images ... en attendant de nouvelles, mais les débats étaient si prenants que nous n'avons pas suffisamment pensé aux photos