jeudi 24 février 2022

LA HONTE

 




LA HONTE

Ne me cherchez pas. J’ai honte.

La Russie mène la première guerre d’invasion portée par une grande puissance depuis Hitler.

Les mots, les adjectifs n’ont plus de sens. J’étais si fier d’appartenir à cette génération qui avait surmonté la guerre, créé l’Europe, réalisé la décolonisation … même avec des loupés, même avec d’horribles loupés … mais tout cela semble dérisoire.

Quelle importance que je me sois battu contre ceux qui sous l’œil complaisant intéressé de Poutine, ont participé au démantèlement de l’Europe … les brexiters, les opposants à une fédération européenne, l’extrême droite nationaliste, la gauche soi-disant patriote, les partisans du repli sur soi. Ceux qui pensent que l’élévation d’un mur peut suffire à repousser une explosion nucléaire. Ceux qui ne le pensent pas mais encouragent ceux qui pensent ainsi.

On me dira que j’exagère. Mais non. C’est Poutine qui exagère. Quand il intervient en Ukraine, ce n’est pas parce que l’Ukraine instaure une dictature … non c’est juste que l’Ukraine est un état démocratique. Un Etat où l’on peut critiquer le chef du gouvernement sans se retrouver en prison et mettre sa famille en danger. Petit clin d’œil à ceux qui osent parler de dictature sanitaire. Les mots ont un sens.

Ne me cherchez pas. J’ai honte.

Les chars s’imposent sur le tapis de bombe déposé par l’aviation. Voilà pour la première phase triomphante. Demain, Poutine imposera sa police. Ce sera plus difficile, horriblement difficile. Face à une résistance déterminée. Tout en atteste. Mais il ne faudra jamais oublier qu’il ne s’agira pas d’un problème interne mais une question universelle.

J’ai assisté dans le dépit à la démobilisation l’indifférence des jeunes générations capables de défendre les droits chez eux, mais incapable de se mobiliser sur la questions des droits de l’homme en Syrie, face à l’abominable Bachar El Assad soutenu par Poutine et envoyant des armes chimiques contre son propre peuple. Capables de se mobiliser sur la question de la nature mais préparant l’invasion d’un pays voisin par une puissance nucléaire.

J’arrête ici. Je n’ai de leçon à donner à personne. Trop vieux.  Ma rancœur n’est après tout qu’une réponse à la honte. Histoire de tenter de m’exonérer de mes responsabilités.

Une seule chose, malgré ce sentiment envahissant, si quelqu’un pense que ma modeste personne peut servir à quelque chose dans les indispensables logiques de résistance qui s’annoncent, je serais là. En petit colibri puisque je n’ai ni les ailes d’un aigle et encore moins d’un ange… ou mieux : en ver de terre. 

Je retourne à ma honte. Honte d’avoir honte.