jeudi 30 janvier 2014

Décès d'Ernest Martin, cérémonie d'adieux lundi au moulin

Un hommage sera rendu à Ernest Martin  lundi 3 février à 11h au Moulin de Louviers, rue des Anciens combattants d'Afrique du Nord.
Tous ceux qui l'ont  admiré, aimé ou tout simplement approché, seront les bienvenus pour lui rendre un dernier hommage...
Un registre est d'ores et déjà ouvert en mairie de Louviers pour recueillir vos témoignages.

Ernest, c'était aussi, des poètes, des images, des chants, et une sensibilité à l'actualité qui défilait alimentant une foi inébranlable en l'humanité.
Je vous livre ces quelques éléments choisis, volés à François Bureau, qui a accompagné dès le début, de son regard libertaire,  la démarche politique du Docteur Martin, de son action de maire à la création du cag, à l'autogestion ...
 Tu sais Ernest, cette chanson est ma préférée. Mais surtout, si j'ai choisi cet album c'est qu'il se nomme Besançon. J. Bertin y a écrit une magnifique chanson en hommage au combat des "Lip" comme on les appelait. Souviens-toi, cette grande grève, cet exemple de combat... Ils étaient venus témoigner à Louviers. Dans la salle des fêtes, ils avaient témoigné. Ils savaient que "chez nous" ils trouveraient une énorme solidarité. Bientôt, j'irai écouter le poète et lui parlerai de toi.
Portrait d'Aude par Jacques Bertin
Mon Cher Ernest, ce soir je fais le lien avec Julos qui hier qui nous parlait du Chili. Jacques Bertin, ce très grand poète, était venu plusieurs fois à Louviers. Il aimait chanter "chez nous", il y trouvait une grande complicité d'idées. Il s'était fait des amis dans notre ville. Il écrit et chante toujours et... toujours il porte nos grandes idées.
 

Mon Cher Ernest, je continue à remplir ta p'tite valise : ce soir c'est Julos Beaucarne. Notre tendre Julos qui nous a enchantés un soir à la salle des fêtes. Nous avions dîné avec lui après.
J'ai choisi cette chanson en particulier, en hom...
mage aux chiliens qui combattaient Pinochet.
Souviens-toi, dans la cour de la mairie, les Quilapayuns nous avaient donné un concert pour soutenir leurs camarades. Plus tard, ce fut le Quartet Cedron en soutien aux argentins.


Hélène Martin a chanté un soir, salle de la Rotonde. Elle servait si bien le grand Aragon... (aujourd'hui on s'emmerde un peu, les libertaires sont bien seuls mais ne renoncent pas...)

Et la grande Colette... Nous avons partagé et partageons encore sa belle révolte...
Mon cher Ernest souviens-toi , Tu adorais Pierre Louki. Nous l'écoutions Là-haut, je veux dire dans cette salle de séjour, la plus belle du monde. Nous étions quelques dizaines et Nicole veillait sur nous, avec son sourire exquis...
D'autres chanteuses et chanteurs suivront le grand Pierre. Rien que pour toi Ernest... J'aimerais que tu emmènes une petite valise remplie de poètes que tu aimais...
 
 
PS : nous venons d'apprendre la mort de Cavanna, à 90 ans. Il aimait à se faire appeler le rital, manière de dire qu'il n'y avait pas plus Français que lui. Il avait pour point commun avec Ernest, d'être porteur de cette génération qui a fait éclater les carcans de l'oppression bien pensante. Oui, le Cag était cousin d'Hara Kiri et Louviers, a été à son échelle, le reflet d'une transformation profonde de la société.
 
 
 
 
 
 





lundi 27 janvier 2014

Disparition d' Ernest Martin. L'hommage de Denis Laheye au conseil municipal

Conseil municipal du 27 janvier 2014.
Un hommage unanime à l'homme qui a
façonné la ville et la gauche à Louviers.
Denis Laheye, adjoint de Franck Martin, est une figure historique de la gauche lovérienne. 
Né dans le bain de la passion politique, son père, élu communiste et instituteur à Louviers, a fait partie de l'équipe qui a été chercher le jeune docteur Ernest Martin entre les deux tours de l'élection municipale de 1965.
Il a par la suite participé à tous les combats, à toutes les évolutions qui du Cag, au forum républicain, au parti radical de gauche, ont marqué l'histoire de Louviers, inspirée par la figure du Docteur Martin.
Le café radical reproduit intégralement sa déclaration au conseil municipal de Louviers du lundi 27 janvier 2014 qui a rendu hommage à l'ancien maire. 


Salut Ness, 
Depuis Samedi matin nous sommes   sous le choc !
Notre ville que nous aimons tous  a perdu un homme qui aimait passionnément sa ville
Mais Ernest Martin aimait plus que tout servir et défendre les hommes ,les femmes et les enfants
Tout au long de sa vie Ernest Martin a agit avec une priorité :
Tout faire pour que chaque individu puisse dès son enfance  et pendant toute sa vie exercer son libre arbitre.
Ses engagements , politiques, professionnels associatifs étaient des outils au service de cet objectif
C’est en cela qu’il était un homme immense
Immense par son intelligence 
ses capacités d’analyse et de diagnostic lui donnaient  une longueur d’avance dans   les multiples actions qu’il menait 
Immense car c’était un grand visionnaire

Avant tout les autres il avait créé à Louviers :
un atelier d’urbanisme pour penser la ville et prévoir son avenir
un service de transport en commun
Un service culturel
Un service d'éducation permanente 
Un service famille car il avait compris l’importance de la famille dans la construction de notre personnalité
Un service de planification familiale pionnier dans la défense des droits des femmes

Immense par son charisme et sa capacité à entrainer avec lui des hommes et des femmes venus d’horizons très différents mais tous unis pour transformer notre société et notre ville
A cette occasion je voudrai ici saluer la mémoire d’ Henri Fromentin (un homme extraordinaire ) ami,complice des moments difficiles qui vint lui proposer son aide en 1969 pour reconquérir la mairie .

 Immense pour la naissance non violente qu’ont vécu des centaines d’enfants et de parents grâce à  Ernest Martin  qui avait compris l’importance des premiers instants de la vie d’un enfant pour la qualité de sa relation à sa famille et au monde qui l’entoure

Immense car si Ernest Martin était dur avec les puissants, il défendait les droits des plus faibles et surtout leur dignité

Immense car Ernest Martin fuyait les honneurs , méprisait l’argent, d’ailleurs son total désintérêt forçait l’admiration de ses adversaires .

Henri Fromentin, aux cotés de François Loncle venant d'être
élu député en 1981, a été lui aussi une figure marquante de la
gauche lovérienne à laquelle Denis Laheye a justement tenu
à rendre hommage.
Ce soir dans cette salle résonnent encore les nombreuses joutes verbales  qu’Ernest Martin a mené dans ses combats pour défendre une certaine idée de la politique, une certaine idée de la vie dans notre ville 
Si nous sommes tristes depuis samedi, nous n’avons pas perdu espoir car d’autres « Ernest Martin » se sont levés et se lèveront pour agir dans leur quête d’une société plus juste.
Maintenant j’ai une pensée Pour Nicole Sa femme qui a rendu tout cela possible.
Enfin à titre personnel j’adresse à  Ernest Martin un dernier «  Salut Ness « tu nous a tant donné !
Notre tristesse et notre chagrin ne soulageront pas la douleur de Franck Martin  et des ses frères et sœurs Isabelle,Sophie,Stéphane,Antoine, Emmanuelle et Renaud

Ce soir au nom de tous ses amis nous les assurons de toute notre sympathie reconnaissante.

dimanche 26 janvier 2014

Louviers, ville orpheline

Plus qu'amour il était passion.
Toutes les rues portent son nom.
Le docteur Ernest Martin est mort hier vers 11 heures du matin. Il aurait eu 85 ans en mars. Toute la ville est bouleversée. Aucun homme n’a eu, comme lui, son propre sort lié à celui de la cité. 
Il est arrivé à Louviers pour y devenir médecin. Il en est devenu maire à 36 ans à la suite d’un improbable concours de circonstances. Ces deux événements ont indéfectiblement lié le destin de cet homme à sa commune d’adoption. Il a été dans le sens le plus profond du terme un médecin de ville. Il s’agit là d’une rencontre extraordinaire entre le destin collectif d’une ville et d’une personnalité brillantissime. Comme toutes les histoires d’amour, elle a marqué l’homme durant toute son existence elle n’a pas non plus fini de marquer la ville.
C'est une banalité de dire, lorsque quelqu'un est mort : "il aimait la vie ...". Tout le monde sait que ce n'est pas toujours vrai, mais je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui aimait autant la vie qu'Ernest Martin. Il en avait fait son métier. Or son métier, il l'exerçait comme tout ce qu'il faisait : avec passion
Il y a 1.000 façons d'être maire, il y a 1.000 façons d'être médecin ... au moins 1.000. Il y en a un peu moins d'être médecin-maire, ou maire-médecin, parce que c'est plus rare, tout simplement. Mais parmi toutes les missions qu'il exerçait en tant que médecin, il y en avait une qui dominait sur toutes les autres, c'était celle de médecin-accoucheur : donner la vie ... ou tout du moins, donner à la vie le moyen de s'épanouir. Telle a été la mission professionnelle qu'il a bien voulu se donner. Telle a été la mission politique qu'il s'est imposé. Il avait choisi comme mot d'ordre de son action politique : deviens ce que tu es. Il avait choisi "Devenir"comme titre du journal militant qu'il avait créé à la suite de sa première déchéance politique (en 1969, il avait été mis en minorité à la suite de la décision des membres du parti communiste de ne pas voter son budget).
Dernière apparition publique d'Ernest Martin, lors
de la visite de François Hollande à Louviers il y a
un an. . 
En fait, dans son oeuvre, Ernest Martin a accouché d'une ville moderne, il a accouché la gauche lovérienne, il a accouché de modèles politiques durables. C'est ce qui explique qu'on ne peut pas parler politique à Louviers aujourd'hui sans se référer à l'oeuvre d'Ernest Martin.
Plus que seul, il était multiple. Ernest Martin, invité à
Pinterville par Mme Tran, avait déclenché une polémique,
en donnant une conférence sur l'enfant.  Classique !
 Le consensus ne lui convenait pas.
Comme dans toutes les rencontres, le hasard joue un rôle déterminant. Imaginons qu'il ait choisi pour s'installer une autre ville. Imaginons qu'en 1965, la gauche en capilotade n'ait pas été se chercher un sauveur. Voilà, Ernest aurait juste été un bon médecin, et Louviers une ville normale. 
Rien de tout cela. Ernest prend les rênes de la ville de Louviers en 1965, dans une France en pleine interrogation. En 1965, on est 3 ans après la fin de la guerre en Algérie, on est 3 ans avant 1968. La France se transforme, avec une génération qui a soif d'action et qui a peur du vieux. Le vieux, est à l'image de la collaboration, de la honte héritée des générations précédentes.

On n'a pas été cherché Ernest Martin par hasard. A la suite du premier tour des élections municipales de 1965, la gauche se cherche un sauveur. On est à l'époque du panachage et de la possibilité de tout faire entre deux tours. Qui a eu l'idée de chercher ce jeune médecin qui fait l'admiration de tous, qui est de gauche, militant, universaliste ? Comment c'est venu ? On ne le sait pas exactement. Mais ce qu'on sait encore moins c'est la manière incroyable dont ce type, une fois élu, va inventer la ville, inventer sa mission, par ce qu'il a au fond une idée très précise de ce que doit être l'action publique.
On ne peut pas parler d'Ernest Martin sans évoquer la gratuité des  services publics. A Louviers, tous les services publics municipaux sont devenus gratuits. Ce n'est pas tout. Ils ont été multipliés. Il justifiait cela par le fait que les services étant déjà payés par les impôts, ils ne devaient pas être payés une deuxième fois. Mais il y avait, j'en fait le pari, derrière cela une idée encore plus noble. Je suis sur qu'étant médecin des familles, il avait vu dans les yeux des enfants, dans le regard des parents, l'idée si couramment répandue chez les pauvres que le stade, que la piscine, que la bibliothèque, c'était pour les autres et que le prix donnait le prétexte de l'éloignement. Ainsi, Ernest Martin a-t-il non seulement donné libre accès aux services publics, mais il les a multipliés. 
Ce n'est pas tout. Il a aussi doté la ville d'un service d'urbanisme. Cette foi en la commune était tout à fait novatrice. D'ailleurs, l'un des premiers gestes de la droite une fois revenu au pouvoir a été de fermer brutalement ce service. A l'époque l'urbanisme était du seul ressort de l'Etat. C'était 15 ans avant que le permis de construire et l'urbanisme devienne une compétence obligatoire des communes. 
Ces exemples montrent à eux seuls ce  que Louviers doit à son médecin.
Mais ce n'est pas tout ... Si je me mets à parler de tout, il me faudrait davantage de temps et d'espace. Je m'en voudrais de faire trop long.  J'y reviendrai sans doute. Pour parler d'Ernest Martin, il faudrait plusieurs volumes d'un bouquin. Je voulais juste faire comprendre à des jeunes, à Yakub, Grégoire, Lucie, ces trentenaires ou presque, qui n'ont jamais connu le médecin, ou si peu, qui n'ont jamais connu le maire, mais qui savent que, oui, il est le père de Franck. Voilà, je voulais leur dire, à ces jeunes, que leur ville doit beaucoup à Franck, c'est sûr. Mais cette ville, et Franck lui-même, doivent beaucoup à la personnalité extraordinaire d'Ernest Martin. Jusqu'à ses derniers jours, Ernest s'est pensé comme médecin et comme maire, même s'il n'était plus ni l'un ni l'autre depuis longtemps. Il était fou amoureux de sa ville, malade du bonheur de soulager la souffrance, malade d'un incurable désir d'agir. 
Voilà, je suis encore tout retourné de cet événement auquel je me préparais pourtant depuis longtemps. 
Je voulais dire à tous ses proches, à ses enfants Isabelle, Franck, Sophie, Stéphane, Antoine, Emmanuelle et Renaud, .. à ses petits enfants, à Pauline pour qui j'ai une pensée toute particulière, à tous ceux qui ont vécu sous l'emprise de ce géant, que je compatis à leur douleur. 
Je voulais dire, si ça peut leur faire du bien, que beaucoup comprennent que l'opportunité qu'ils ont eu de se construire à l'ombre d'une telle personnalité se paie lourdement lors de la séparation. Je voulais dire que toute la ville lui est redevable. 
Toute la ville est orpheline.  

Une cérémonie d'hommage aura lieu le lundi 3 février 2014 à 11 heures au Moulin de Louviers, rue des anciens combattants.
Un registre sera ouvert en mairie de Louviers afin de recueillir les témoignages de sympathie et de reconnaissance envers le Docteur Martin.
Tous les renseignements sur actu@louviers, site de la ville de Louviers.




mercredi 22 janvier 2014

Louviers et l'architecte

C'est un lovérien qui revient au pays natal ...
Michel Lefranc, est né en 1941 à Louviers. Il est devenu architecte. À  présent retraité, il garde deux passions, l'architecture et Louviers. Il n'a jamais vraiment quitté sa ville de naissance, tout du moins par le cœur. Il revient de temps à autre voir sa famille et sa cousine,  mon amie Marie-Andrée d'Almeida.
Il m'a livré un témoignage passionnant sur sa vision de Louviers, son histoire et son architecture ...
Je vous le livre intégralement.

Louviers a terriblement souffert des bombardements de juin 1940 et 44.  Je me souviens quand j’étais enfant, du centre massacré et des baraquements qui s’alignaient place du Champ de Ville. Ma tante, commerçante en bonneterie rue du Général de Gaulle y habitat pendant de longues années.


Début de la reconstruction à Louviers. Visite du général de
Gaulle à Pierre Mendès France dans sa ville dévastée. Là
commence la nouvelle histoire de l'architecture à Louviers.
Je dois rendre hommage aux responsables de la reconstruction. Les pouvoirs publics, les architectes ont eu la sagesse de nous restituer un vrai centre, l’ancien, le tracé des rues en évitant de nous imposer un tracé orthogonal  très en vogue à cette époque, idéologie que prônait le « mouvement moderne » qui sévissait en temps-là et qui, profitant de ce contexte dramatique, voulait faire table rase de toute antériorité.

J’aime rappeler ce texte de Roland Barthes : « Les villes quadrangulaires, réticulaires produisent, dit-on, un malaise profond ; elles blessent en nous un sentiment cénesthésique de la ville, qui exige que tout espace urbain ait un centre où aller, d’où revenir, un lieu complet dont rêver et par rapport à quoi se diriger, se retirer, en un mot s’inventer.

Le centre est un lieu de la vérité, le centre de nos villes est toujours plein :  lieu marqué, c’est en lui que se rassemblent et se condensent les valeurs de la civilisation : la spiritualité (l’église), le pouvoir (la Mairie et son administration) , l’argent(les banques), la marchandise (les magasins), la parole(les cafés, les promenades, les lieux culturels) ... aller dans le centre, c’est rencontrer la « vérité » sociale ... »

Louviers, sans rigidité, tout en souplesse, nous offre ce panel et c’est une des raisons du sentiment de bien-être qui nous accompagne quand on arpente ses rues.

Je suis né à Louviers, je suis allé au collège puis au lycée Bd Jules Ferry, je suis parti de Normandie à l’âge de 18 ans. Ma famille y résidait et mes cousins y résident encore.

J’aimais cette ville comme on peut l’aimer à 17 ans... La ville de mon lycée, des copains, des activités qu’elle proposait. Ses rues, ses ruelles, ses places, son église qui m’a toujours émerveillé,  le  marché du samedi place de la Halle toute babillante, et les sentiers au bord de l’Eure. Ils n’étaient pas aménagés à cette époque, mais je les aimais comme ils étaient,  un peu « broussailleux ».

Je suis resté très attaché à ma ville, j’y reviens de temps en temps. Je suis maintenant architecte en retraite,  c’est ce qui explique sans doute que  j’aime cette ville de plus en plus quand je vois  tout ce qui s’est réalisé depuis plusieurs années.

Il est difficile pour moi d’en faire l’inventaire. Je préfèrerai dire le bonheur que j’éprouve à m’y promener. Ce n’est pas aisé ;  en effet mes rencontres avec les villes que j’ai traversées, visitées ou sur lesquelles j’ai travaillé tout au long de ma carrière me fait dire que notre  univers ne se réduit pas à ce qui est observable, repérable ou mesurable... notre réalité est autrement plus floue, complexe, ambigüe et nos relations avec notre milieu n’a rien de mécanique... le sujet déborde toujours de la connaissance que nous en avons, on découvre une ville petit à petit, par « ricochets ». Il n’y a pas de géométral d’une ville et Louviers en particulier, on ne la perçoit qu’au travers de plein de choses souvent mineures, plein de scories, de latéralités... Or il  arrive qu’à certain moment de notre déambulation, on a soudain le sentiment qu’il existe des points qui la résument... qui semblent l’avoir engendrée... Le mouvement des perspectives qui s’engrenait s’arrête presque... le sentiment d’une sorte d’équilibre, une confrontation silencieuse, un plus de générosité... tout prend du fond... alors on a compris la ville.

 
C’est particulièrement vrai dans cette ville de Louviers... Ainsi, prenez cette place Ernest Thorel,  elle est étonnante, à la fois entrée de ville et point d’intersection  entre les Boulevards qui débouchent de part et d’autre ;  elle se veut impressionnante par sa dimension, elle se veut grave.... Pensez donc, ces monumentalités qui la structurent depuis un siècle et demi: L’Hôtel de Ville, majestueux,  la Caisse d’épargne... et, maintenant,  l’Hôtel de l’Agglomération qui vient la compléter. Je ne peux que souscrire à sa rigoureuse modernité mais je dirais que ce n’est pas tant une affaire d’esthétique ou de richesse des formes, c’est une impression de rapport, de limite, d’ouverture... d’intelligence des choses... une mesure qui accorde les choses par leur différence et crée de la « convenance ».

Par les boulevards on contourne le centre-ville comme si on effectuait une approche d’observation... c’est une invitation à une promenade sous les frondaisons qui nous fait découvrir le nouveau collège Ferdinand Buisson, sa façade légère toute de reflets et de transparences et, à côté, ce vieux souvenir à chaque fois revisité:  l’admirable jardin public.

Qu’elles s’appellent rue Mendès France, rue Tatin, rue du Maréchal Foch, rue du Quai, ou rue de la Poste, toutes ces vieilles rues pleines de charmes convergent vers la place du Parvis de l’église. La ville de Louviers est un remarquable cas d’école urbanistique pour sa lisibilité.

L’église en restauration est une pure merveille, tout le monde s’accorde à le reconnaître. Les travaux de restauration intérieure lui redonnent par sa polychromie l’éclat d’une jeune beauté. On ne peut que féliciter la commission d’art sacré qui en est sans doute l’auteur.
Et puis non loin de là, l’Ecole de Musique Maurice Duruflé, l’admirable cloître des Pénitents que je longeais avec quelques craintes, dans ma jeunesse,  sont  devenus  l’exemple parfait d’une réhabilitation en tous points réussie. C’est la rencontre respectueuse entre ces vénérables ruines et un dessin épuré, élégant, tout en clarté. C’est vraiment la rencontre du passé et du présent, de la mémoire et de la pensée. C’est une architecture non pas savante mais cultivée ;  elle agglomère des temps hybrides. C’est à la fois, l’art du trait et l‘art du retrait,  de la mise à distance. Cette intervention est un véritable hommage à ce qui la précède et qui la fait naître, elle réveille et fait revivre les richesses de cet ancien cloître des Pénitents.

 
Et puis notre déambulation nous emmène dans la partie Est du centre-ville... sur des sites que j’ai pu découvrir au fil de mes visites, des sites que j’ai appris à déguster. 

Tout a changé, ces quartiers qui étaient considérés comme périphériques ou délaissés sont devenu grâce aux aménagements et aux soins qu’on a bien voulu leur apporter un ensemble de lieux qui s’égrènent avec bonheur :

C’est la Villa Calderón (photo volée sur le site du photo club de Louviers), derrière la Caisse d’Epargne, ses superbes jardins,  les bâtiments polychromes ses superbes jardins,  les bâtiments polychromes qui les bordent, le petit canal, le traitement délicat des cheminements, tout invite au repos, à la détente et à la flânerie...

 
C’est la place de la Poissonnerie et cette petite halle, clin d’œil coloré que l’on dédie à Monsieur Eiffel... au bord d’un bras de la rivière, avec les passerelles, les chutes et les petits ponts.

C’est le Manoir de Bigards, magnifique demeure à colombage elle aussi réhabilitée avec intelligence, son extension destinée aux artistes, qui accompagne un jardin contemporain au bord de l’eau, plein de charme avec cette végétation étonnante faite de roseaux, de graminées, de bambous... les platelages bois, les briques au sol... Tout s’enchaîne, tout se tient, tout est cohérent...
Et bien sûr le « Moulin », ses caves voutées superbement réhabilitées, la ludothèque et l’environnement paysager qui l’accompagne. C’est un parfait exemple d’intégration, naturellement dû à la réussite de l’intervention architecturale sur ce bâtiment ancien mais aussi et surtout au résultat. C’est à l’usage, à l’appropriation qui en a été faite par les Lovériens, petits et grands, jeunes et vieux que se confirme la réussite d’un tel lieu. C’est un lieu habité, un lieu vivant.

 

J’ai aimé déambuler dans Louviers, rien n’est très discernable sans doute, mais on a le sentiment que les lieux simples ou plus emblématiques, les bâtiments publics ou les maisons ont une existence mystérieusement mêlée, ils sont placés, là, « justement » pour être en état de regard... en rapport les uns avec les autres, rapport qui peut être opposition ou imbrication,  mais qu’ils vivent les uns par les autres... qu’ils existent mieux. J’aurais envie de conclure cette promenade en disant que les interventions architecturales et urbanistiques ne sont pas étrangères à cette impression et, si elles ne font pas tout, elles contribuent certainement à forger ce sentiment d’une ville généreuse où il fait bon vivre.

lundi 20 janvier 2014

Nicolas Cartebois répond à Jacky Bidault


Pathétique !
A la suite de mon billet sur l'application de la loi républicaine, voilà que Jacky Bidault, attaqué seulement par incidence, hurle qu'on veut le tuer  [1] !
C'est n'importe quoi !
Déjà que personne ne comprend Jacky Bidault, voilà qui ne va pas arranger ses affaires... et qui montre que le problème est au fond qu'il ne comprend personne et qu'il ne semble pas comprendre pourquoi il est là. Va-t-il passer le reste de la campagne électorale à gémir ? Curieux sens du débat électoral, qui voudrait qu'à chaque fois que l'adversaire ne pense pas comme vous, on aille se plaindre aux électeurs au lieu de répondre. Un peu de dignité svp !
 
 
Qu'il ne comprenne pas qu'après avoir laissé tomber ses amis, après les avoir insultés, ceux-ci lui en veuillent un petit peu, c'est déjà un problème. Qu'il aille chercher qu'on veut le tuer, ça touche à la névrose. On sort du débat électoral pour entrer dans le théâtre.
Personne ne veut tuer  Jacky Bidault. Et pourquoi faire, du reste ?  
Il a trahi son équipe, ses amis, mais c'est vrai que, bizarrement, si tout le monde lui en veut pour ce qu'il a fait, personne ne lui en veut personnellement. C'est sans doute là ce qui le dérange le plus.

Il n'y a pas d'ennemis, en démocratie. Il n'y a que des adversaires. Des adversaires qui posent questions devant le peuple, et le peuple mérite mieux que des réponses égocentriques. Heureusement, au cœur de toutes ces tensions, de ces inquiétudes sur l'état de santé des uns ou des autres, il reste toujours une place pour la plaisanterie.
 
Nicolas Cartebois, un des anciens proches de Jacky Bidault, me transmet sa contribution amusée et amusante. Je vous la livre intégralement. 

Ne pleure pas Jacky !

Derechef, Jacky Bidault veut qu’on le plaigne et tente de faire croire qu’il est une victime ! Il n’hésite pas à dire qu’on veut le tuer... politiquement.

Mais personne ne veut tuer Jacky Bidault ! D’abord, parce qu’il s’est déjà suicidé politiquement, en trahissant son camp. Ensuite, il est bien le seul à croire qu’il représente un danger pour Franck Martin.

Aujourd’hui, Jacky prétend donner une autre image de la politique. Sans rire ! Sans se rendre compte qu’il a endossé le costume, tristement banal, du politicien, dévoré d’ambition déçue, qui trahit ses amis pour manger à d’autres râteliers.

Alors que personne ne lui demandait de quitter les rangs qui l’avaient loyalement accueilli, l’ex-adjoint au maire va chercher ailleurs la place de premier adjoint que le maire ne peut lui donner : quelle belle image de la politique ! 

Essayer de cacher son ambition sous un motif politique ? C’est le B-A BA du politicien sournois. Quitter une équipe municipale au prétexte que l'on refuse d’y côtoyer des socialistes ? Difficile de faire plus sectaire, plus étroit d’esprit, plus intolérant.

Un agresseur qui veut se faire passer pour victime, sans se rendre combien il a dégradé sa propre image ? Planter un couteau dans le dos de ses amis n’a jamais rendu quiconque populaire. Tout le monde s'en méfie...

Allons Jacky, ne pleure pas, personne ne veut te tuer.  Sur une scène électorale trop sérieuse, il faut bien un rôle de comique pompier pour nous distraire un peu ! Nous apprécions tes tentatives. Encore un effort pour pleurnicher à la manière du célèbre Gaston Ouvrard…

 





[1] Jacky Bidault va jusqu’à comparer sa situation à celle de Franck Martin en 2008 ! C’est proprement indécent. Au premier chef parce que la situation de 2008 était exceptionnelle et déclinait de la vision opposée de deux figures politiques du département de l’Eure. Rien à voir avec la trahison banale d’un élu qui change de camp en fonction de ce qu’il croit être le sens du vent. L’attitude de Franck Martin est d’ailleurs diamétralement opposée à celle de Jacky Bidault. Il a toujours su que les déclarations aussi venimeuses que réelles faisaient partie des passions et du jeu politique. Il n’y a pas répondu, ne s'en est jamais plaint, et a développé une argumentation politique. Jacky Bidault répond à des situations qu’il invente, parce qu’il n’a rien à déclarer. Pas de projet pour Louviers, pas de projet. Juste la déclaration d’une personnalité en souffrance. Mais là, désolé ! On a beaucoup fait pour lui, mais on ne peut pas souffrir à sa place.

dimanche 19 janvier 2014

Mes voeux pour la Normandie et pour les amoureux de la Normandie

Que 2014 soit l’année de la Normandie !

La Fédération de l’Eure du parti radical de gauche  souhaite une bonne année à tous les Normands avec une pensée particulière pour tous ceux qui font vivre par leur engagement, par leur présence sur des listes, par leur militantisme ou par leur simple vote font vivre la démocratie locale. Ils sont la respiration de notre République.   
2014 sera par essence une année vive de débats locaux en raison du renouvellement les 23 et 30 mars des conseils municipaux et des intercommunalités. Les radicaux de gauche soutiennent  notamment les candidatures de Michel  Champredon et Franck Martin à Evreux et Louviers, celle de Claude Béhar, ainsi que les engagements défendant nos valeurs et notre identité dans les collectivités du département.  
2014 sera aussi une année importante pour l’Europe qui verra le renouvellement de son parlement. Les radicaux de gauche seront présent dans cette bataille pour défendre leur vision d’une Europe fédérale, ouverte et cohérente, et fera face aux populismes et aux tentations du repli sur soi.
Mais 2014 nous offre une nouvelle opportunité.   
En ouvrant la voie à la création de régions cohérentes, en visant à une redéfinition  de nos vieux territoires,  François Hollande a donné une impulsion essentielle à la modernisation de la France.  En insistant sur le phénomène régional, François Hollande veut permettre à nos collectivités dans le débat européen.
C’est l’une des raisons pour laquelle les radicaux de gauche placent depuis toujours la réunification de la Normandie au cœur de leur revendication. Nous refusons la séparation entre Haute et Basse Normandie, conséquence de la méfiance congénitale  de notre  Etat centralisé envers tout ce qui concerne les initiatives locales.
Le signal donné par le Président de la République, permet aux radicaux de renouveler nos vœux et de souhaiter à tous les amoureux de la Normandie une année d’espérance,  pleine de vie, de réussite et de santé.
Olivier Taconet
Président de la fédération de l'Eure 







jeudi 16 janvier 2014

Anne Terlez et les mariages homos.


La tête de liste du modem en gloire en l'église
Notre-Dame. D'où la question : si Mme Terlez
devient maire, comme elle en a l'intention,
célébrera-t-elle les mariages homosexuels
comme elle en aura l'obligation ?
 
Dans un article précédent (dans les griffes de bisounours) j'avais déjà montré que, malgré tout les discours, c'est bien l'intolérance qui constituait le ferment de la liste modem à Louviers.
Eux qui vantaient une alternative à la politique municipale défendaient en fait la plus classique des méthodes de gouvernance : tout devait se passer entre maire et adjoints, sans que quiconque d'autre ait son mot à dire. Vive la démocratie !
Je ne faisais pas allusion à l'engagement d'Anne Terlez derrière Frigide Barjot l'égérie homophobe voulant interdire le mariage pour tous, en affirmant que la "loi naturelle" était supérieure à la loi de la République.
Comme si l'on voulait démontrer que l'intégrisme chrétien n'avait rien à envier  au fondamentalisme musulman.
Ces manifestations d'intolérances s'ajoutent à celles de Jacky Bidault en personne qui s'était opposé à ce que trois familles tsiganes puissent avoir accès à un logement adapté à leur situation.

Incohérence et intolérance, les deux mamelles du modem à Louviers

Voilà la réalité que cachent les jolis sourires de ceux qui n'ont jusqu'à ce jour rien eu à démontrer.
Un très bel article de José Alcala que l'on pourrait intituler pour le meilleur et pour le rire, s'amuse des palinodies du modem tant sur le plan départemental que national. Un coup on se présente avec l'Ump, un coup on se présente avec le Ps et un coup on se présente tout seul...
A la question  : que reste-t-il de votre stratégie de troisième voie, renvoyant dos à dos les blocs droite-gauche ? la réponse arrive froidement : "c'était il y a six ans et nous nous sommes trompés".
Pas gênés !..
Ainsi ceux qui  critiquaient les soi-disant errements de l'action politique pensent qu'ils peuvent tout se permettre ... tout ça parce qu'ils se sont placés en dehors du jeu.
On quitte là l'art de la politique pour entrer dans les pratiques les plus hypocrites, celles où l'on se plait à prendre les électeurs pour des imbéciles et l'on ne rend de compte qu'à soi-même.

dimanche 12 janvier 2014

le démographe et le parachute ...

Louviers va  compter un habitant 
supplémentaire avec le nouveau 
candidat de la droite... Mais 

on est encore loin des 30.000 !

Mais qu'est ce qu'ils ont tous, ces débarqués à vouloir jongler avec le nombre d'habitants ? 

Déjà Marc-Antoine Jamet,quand il est devenu Maire de Val de Reuil, connaissait des problèmes de la démographie. 
Il comptait 16.000 habitants à Val de Reuil quand l'Insee en comptait 3.000 de moins ! Cette année, nouvelle douche froide de l'Insee qui révèle que Val de Reuil a perdu 2 % de ses habitants pour la première fois depuis sa naissance ! On n'est encore pas arrivé aux 16.000, décidément !
François Xavier Priollaud, lui, fraîchement débarqué comme challenger de droite n°1, annonce 30.000 habitants pour 2030 dès son premier tract. Voilà qui claque, comme on dit ! 
Pourquoi 30.0000 ? Pour rimer avec 2030 peut être ? il aurait pu dire 40.000 habitants en 2040 ... et 99.000 habitants en 2099 ... pourquoi pas ? 
La revendication est d'autant plus époustouflante qu'on se souvient des cris d'orfraies poussés par la droite à la moindre construction de logement, simplement justifiée par le besoin d'offrir aux lovériens un habitat diversifié et de qualité... Il se trouve que la politique de logement menée à Louviers est souvent donnée en exemple, offrant notamment des logements ouverts à toutes les catégories de la population et harmonieusement répartis dans tous quartiers de la ville et notamment au cœur de la cité.

Les lovériens se souviennent, cependant, qu'à chaque logement créé, on a fait courir les rumeurs  qu'il allait forcément être occupé par des gens en provenance du sud ...  du département !... (voire plus loin, on entendait parler de Gaillon, Vernon, Mantes la Jolie et autres Mureaux...) !

Mais au delà de ces rumeurs xénophobes malheureusement courantes et de provenance incontrôlée, la droite lovérienne s’est lancée dans l’attaque du programme de construction de Franck Martin. Pensez-vous, elle l’a accusé de viser, à faire de Louviers une ville de 25.000 habitants … une attaque qui ne s’appuyait sur rien.   

Premières idées lancées par la droite.
Un progrès : on ne supprime plus
le marché  ! Mais en visant les
30.000 habitants, bonjour l'aventure !

C'est proprement n'importe quoi ! Certes, Louviers a d'ores et déjà un niveau d'équipement que beaucoup de communes de 30.000 habitants nous envient. Mais le problème n'est justement pas le nombre d'habitants.
Le problème c'est d'abord que les lovériens vivent bien, dans une ville qu’ils aiment, une cité qui offre une place pour chacun, premier slogan de la liste de Franck Martin en 1995.

Si la comptabilité démographique est communale, elle dépasse déjà cette logique pour atteindre celle du bassin de vie. L'habitat est relié au transport, à l'emploi et à l'ensemble des équipements. C'est à l'échelle de l'intercommunalité que doit se concevoir la vie au sein des communes qui composent la communauté d'agglomération, sans comptabilité ridicule, et sans concurrence mortifère.
Parce que le pire n’est pas là, au fond ! S’il suffisait d’avoir 30.000 habitants pour devenir une cité importante et considérée, on pourrait peut-être adhérer à ce type de projet. Mais c’est précisément en visant à gonfler le nombre des habitants qu’ont été créées les cités champignons, les cités dortoirs, les banlieues tentaculaires ! Louviers a créé son identité et son indépendance au cours des siècles, de son histoire, de ses histoires et des ses batailles. La peur de la voir transformée en banlieue rouennaise ne peut venir que la plus grande ignorance et d’une vision de quelqu’un qui n’aime pas la ville et n’en a qu’une vision extérieure.
C’est précisément ce que s’apprêtent à rejeter ceux qui sont fiers de leur ville.