mercredi 15 octobre 2008

Amnistie bancaire


L'hebdomadaire Profession Politique donne un éclairage intéressant sur la crise -


Ci dessous, l'éditorial de Pierre-Marie Vidal qui donne des éléments pour mieux en discuter le 31 octobre

Amnistie bancaire
Mercredi 15 octobre 2008
L’idée que l’État puisse disposer de centaines de milliards en quelques jours vient ruiner toute idée d’économie vertueuse.
Si le gouvernement a agi avec détermination pour sauver les marchés financiers, c’est parce qu’il craignait les effets désastreux d’une faillite des banques sur l’économie. “Ne pas le faire aurait été pire !” L’argument semble imparable, mais il relève d’une très grande naïveté si l’État pense que le système bancaire va, en contrepartie, se mobiliser pour soutenir l’investissement et la consommation. Croire que la puissance publique pourra l’y contraindre est une utopie totale.
Une fois recapitalisées et les cautions utilisées, les banques n’auront plus d’autres obsessions que de regagner les sommes perdues dans la crise. Pourquoi prendraient-elles demain des risques qu’elles ne prenaient déjà pas hier ? D’autant que les marchés financiers, mêmes sinistrés, seront toujours plus profitables que le financement de l’économie réelle.
Le Président a beau promettre des sanctions, une fois le calme revenu, il faudrait descendre si bas dans l’organigramme des banques pour traquer tous ceux qui ont profité des avantages très matériels de profits tout aussi virtuels que la menace sera sans lendemain. L’amnistie sera donc totale.
Une seule profession aura ainsi réussi, dans une parfaite immunité, à mobiliser le soutien de la Nation à hauteur de sommes dont il est trop tôt pour dire si elles atteindront 4 à 6 fois le budget annuel de l’Éducation nationale, 5 à 6 ans de déficit public, ou encore, un quart de la dette publique totale, 1 200 milliards, celle dont on considérait hier qu’elle serait intenable pour nos descendants...
L’idée que l’État puisse disposer – sans les engager, assure-t-il ! – de centaines de milliards en quelques jours vient ruiner toute idée d’économie vertueuse. On croyait les caisses vides, diront les gens simples ? Ceux-là même qui l’ont ruinée leur répondront qu’ils n’ont rien compris à l’économie. Décidément une semaine très politique.

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