jeudi 18 décembre 2008

DAKAR et la diversité ...



Finalement, à bien y regarder le nouveau discours de Sarkozy, on y retrouve du discours de Dakar.

Je ne sais pas si tout le monde se souvient de ce discours marquant ...

C'est là qu'il parlait de l'homme africain, un homme africain doté de tas de particularismes, dus en particulier à son histoire, à sa culture, et soi-disant à son être profond... On sentait là un regain de colonialisme, une façon d'expliquer aux Africains que s'ils étaient Africains, ce n'était pas de leur faute ..., le tout sous le couvert d'une compassion sincère et amicale.
A vomir, disons le mot.

L'autre particularité de ce discours est qu'il était le premier discours du Président de la République en terre Africaine. De ce fait, il devenait fondateur. Après un moment de stupeur, il a soulevé un mouvement de protestation porté par tous les connaisseurs de l'Afrique et en particulier des chefs d'Etats Africains et de la presse Africaine. Le seul bémol apporté au discours est venu du fait qu'il a été précisé qu'il avait été écrit Henri Guaino (voir photo), mais pas par le Président lui-même... Un peu nul. Mais enfin, comme avec Sarkozy, un clou chasse l'autre au plus vite, on n'en a plus reparlé.

Hélas, il y des cycles en politique ... rien n'est jamais réglé que pour réapparaitre sous la même ou une autre forme. Et c'est dans le traitement des sujets que revient la nature profonde du politique.
Derrière le dernier discours de Sarkozy, il y a certes la volonté d'agir. C'est là dessus qu'il est attendu et apprécié notre Président.
Mais agir comment et pourquoi ? Quelle est la culture profonde qui sous-tend l'action ? Quelle est la visée ?
Pour l'instant, Sarkozy s'attaque aux élites. Elles ne sont pas assez représentatives de la société profonde.
Ce n'est pas une nouvelle. Sarkozy veut y mêler les voix et les corps de toutes les couches de la population.
Il n'a pas tort.
Le problème cependant est que les élites aient assez de puissance et d'autonomie pour rester des élites. On voit les limites de l'exercice quand on voit Rachida DATI et Rama YADE se transformer en aimable Jupette (du nom des ministres femmes du gouvernement Juppé balancée dès le premier remaniement).
Bien sur il faut plus de couleurs au parlement et dans les partis politiques ! Bien sur il faut plus de boursiers dans les grandes écoles.
Mais les problèmes de fond ne sont pas là. Le vrai problème reste celui difficile et coûteux de l'Education et des quartiers. Ceux-là même que Sarkozy avaient ostracisés avec ses formules "au karcher".
Et le voilà qui fait un discours sur une république de la diversité...

Prenons-y garde !
Sans doute la République Une et indivisible a-t-elle du plomb dans l'aile. Sans doute, pour reprendre les propos de Kouchner, faut-il un peu de communautarisme. Sans doute la discrimination doit elle être combattue autrement qu'avec des principes, si républicains soient-ils.
Il n'empêche, la tâche aurait été plus facile si elle n'avait pas été entachée par le Discours de Dakar, après ses propos qui ont amené la première révolte des banlieues que la France ait connu. Si derrière une lutte contre les discriminations, on ne cherchait pas à entériner des situations acquises sur l'histoire des dominations coloniales et sur les préjugés sociaux.
Faisons bien attention aux craintes de Simone Veil : Notre constitution et son préambule doivent être défendus. La République doit rester une et indivisible. La République n'est pas la République du travail, elle n'est pas la République du mérite, elle n'est pas la République électorale de Monsieur Sarkozy.
La République est un projet politique ambitieux qui vise à l'épanouissement individuel et collectif de tout être humain. Prenons garde à ne pas entériner les discriminations par la mosaïque des particularités.

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