jeudi 8 janvier 2009

L'obligation syndicale ? Une contribution pour La Rochelle


Faut-il rendre le syndicat obligatoire ?



C'est une idée reprise de la campagne présidentielle de Ségolène Royal et depuis tombée aux oubliettes sans grand débat.






Aux lecteurs, une question : qu'en pensez-vous ?



Vous pouvez répondre sur ce blog. Le café radical sera ravi de publier vos commentaires... Il est bien sur prêt à organiser un débat sur ce thème ... par exemple avec des syndicalistes.



En tous les cas, la lamentable participation aux élections prud'homales obligent à se poser la question de la représentativité des syndicats.



Et puis, si vous avez d'autres idées qui puissent être débattues avant ou pendant la convention de La Rochelle, n'hésitez pas à en faire part au café radical.






Ci-dessous la contribution d'Olivier Taconet pour la convention du parti radical de gauche qui se tiendra le dernier week-end de mars à La Rochelle :






Posons le débat pour un syndicalisme obligatoire

La campagne de Ségolène Royal de 2007 avait mis sur le tapis le projet d’un syndicalisme obligatoire.

L’idée s’est perdue dans le cadre de la campagne, mais vaut d’être débattue.
Il ne peut y avoir modernisation des rapports sociaux sans un syndicalisme fort et adapté. Il est essentiel que l’ensemble des salariés soit représentés face aux employeurs et que ceux-ci puisse se mêler aux débats de société en s’appuyant sur une réelle représentativité.
Les relations entre entrepreneurs et employés sont naturellement mise en cause par le poids respectifs des interlocuteurs.
Dans un régime de liberté, lorsque seulement 8% des employés sont syndiqués, l’ensemble des syndicats ne peut parler au nom de l’ensemble des travailleurs. Or, cette voix manque à la société française. Cet élément fait d’ailleurs que bien souvent, l’assemblée nationale ou le gouvernement sont amenés à trancher des grandes questions du monde du travail, les syndicats n’intervenant qu’à titre consultatif.

On a pu le constater, le syndicalisme est impuissant. Il est le fruit de son histoire particulière, qui l'a construit dans une lutte conjointe pour son existence et la reconnaissance de droits pour les salariés. Ce monde a évolué.

Rappelons, sans cruauté, que les 8 % des syndiqués sont sur-représentés dans la fonction publique, les grandes entreprises ainsi que dans l’encadrement et les professions intermédiaires.
Les ouvriers, les intérimaires, les apprentis, les employés et salariés des PME-PMI sont absents de la représentation. Ce malaise est bien souvent accru par le fait que la proportion de cadres syndicaux au sein des salariés encartés est proportionnellement énorme. Tout ceci ne contribue pas à familiariser les salariés avec la pratique syndicale. On en est au syndicalisme par procuration.

Qui pis est, lorsqu’on a demandé aux salariés de se prononcer lors des dernières prud’homales, la participation a atteint le ¼ des salariés. Cet état de fait doit amener une réaction politique.


Peut-on se contenter de ce terrible constat ? Peut-on, comme lorsque l’on évoque la question, répondre en évoquant la tradition française et l’histoire du fait syndical en France ?

Nous radicaux, ne sommes ni socio-démocrates ni adeptes de la lutte des classes. Les syndicats n’ont pas à être instrumentalisés à des fins politiques. Nous souhaitons en revanche que les salariés disposent d’outils efficaces pour les représenter face à leurs employeurs et que les employeurs puissent disposer eux aussi d’outils représentatifs. Enfin, c’est la société toute entière qui a besoin que de forces réellement représentatives du monde du travail, dans toute sa complexité.

En ce sens, l’acte obligatoire de l’adhésion syndicale serait comparable à l’obligation d’inscription sur les listes électorales. Elle serait gratuite et comporterait une information minimale sur les droits et devoirs du salarié. Elle impliquerait une liberté totale non seulement du choix du syndicat, mais aussi du droit pour l’individu de changer de syndicat de manière immédiate. Elle pourrait se traduire, bien entendu, par un refus d’adhésion, comme il y a des refus de vote. Elle aurait pour avantage de permettre à chaque salarié, y compris le plus isolé, y compris le plus jeune, le plus précaire, l’intérimaire, mais aussi le titulaire de chèque emploi-service, d’avoir un lien syndical, avec l’organisme de son choix dès la première heure de son premier contrat de travail, avec l’obligation pour l’employeur de lui transmettre la liste des syndicats auxquels il serait en droit, en devoir plutôt d’adhérer. Bien entendu, cette perspective impliquerait une révolution dans la démarche syndicale, dans le rôle et dans la fonction syndicale. On peut imaginer d'ailleurs que la première cotisation soit gratuite et qu'elle devienne payante, faisant partie des cotisations obligatoires à partir d'une année de travail. Là dessus, toutes les possibilités sont offertes.
Actuellement, la volonté des cadres syndicaux d’évoluer vers une pratique réformiste se heurte à un besoin de se faire entendre. Ainsi les pratiques syndicales, mise à part la Cfdt, sont figées dans des pratiques archaïques, mobilisant des troupes d’habitués, moyen pour eux de se faire entendre en compensant leur faible écho auprès des salariés. Le tout pour des causes souvent perdues d’avance.
Avec un nombre d’adhérents accru, les syndicats garderaient une totale indépendance, n’ayant de compte à rendre qu’envers leurs cotisants.
La démarche d’un syndicalisme obligatoire n’aurait, on le voit, rien à voir avec les démarches liées à des accords particuliers en Angleterre ou en Norvège, mais serait une démarche entièrement originale. Elle donnerait un éclairage réel sur la représentativité des syndicats et leur capacité de négocier. Elle ouvrirait la voie à la modernisation du syndicalisme et à la modernisation du monde du travail.
J’ajoute enfin, en conclusion que cette obligation syndicale, serait appliqué à tout le monde salarié. Ainsi, aucun secteur ne serait à l’abri et cette nouvelle obligation s’appliquerait de la même manière à l’armée, à la gendarmerie (bien entendu) et aux magistrats, permettant ainsi de sortir des archaïsmes.

Aucun commentaire: