dimanche 18 janvier 2009

IL DIVO, indispensable pour comprendre l'Italie d'aujourd'hui

Giulio Andreotti vient de fêter ses 90 ans. Il s'est fait élire pour la première fois juste après la guerre, et a réussi a devenir sénateur à vie, eu égard à son prestige. Le fait d'être sénateur à vie ressemble à la façon dont, en France, les anciens présidents de la République deviennent des membres du Conseil constitutionnels, sauf qu'en Italie il a fallu une décision exceptionnelle de la classe politique.
C'était avant que la démocratie chrétienne, qui était le socle immuable de l'action politique italienne, n'explose sous le coup de l'opération mains propres (mani pulite) menée par les juges italiens à partir de la dénonciation de faits de corruption extrêmement graves.

Le pouvoir s'est senti invulnérable, s'appuyant sur le Vatican et le poids du réseau catholique d'une part, et d'autre part sur le fait que son opposition était représentée par le parti communiste le plus puissant de l'Europe occidentale mais dans l'incapacité de faire les alliances nécessaires pour devenir une force de gouvernement.

Maintenant la démocratie chrétienne n'existe plus. Mais il est impossible de comprendre l'Italie d'aujourd'hui sans comprendre ce qu'elle a représenté, et le poids du passé sur la politique aujourd'hui.

Le film Il Divo, primé à Cannes, retrace cette histoire en utilisant le personnage carricaturé de Giulio Andreotti, toujours sénateur à vie, bien qu'ayant été condamné deux fois en première instance à de lourdes années de prison pour collusion avec la mafia et organisations de meurtres. Il a été gracié deux fois en appel.

Pour se faire une idée de ce que cela représente, il faut s'imaginer le poids qu'aurait eu en France la condamnation de Giscard d'Estaing ou de Mitterrand pour de tels faits (rien à voir avec le sang contaminé, voire ou les ventes d'armes, où la corruption se fait au nom de l'intérêt de l'Etat...).

Dans ce film il est question de tout ce qui a mis l'Italie au coeur de l'actualité mondiale dans le années 68/ 95. Du meurtre d'Aldo Moro, à l'attentat contre le juge Falcone, des repentis de la Mafia, de la loge P2 ( dont Berlusconi était l'un des 2.000 membres)...
Ainsi, même si la démocratie chrétienne est out. Même si le personnage d'Andreotti (qui trimballe dans le film toute l'hypocrisie écoeurante des grenouilles de bénitiers accouplée à une malice illimitée) ... correspond à une époque révolue, l'Italie n'a pas fini d'en supporter les conséquences.
Silvio Berlusconi, l'ami de Sarkozy, l'homme de tous les cynismes, a ressoudé la droite, toute la droite, du centre-droit à bien pire que Jean-Marie Le Pen, au prix d'un renoncement clair à un consensus national qui aurait permis de nettoyer le passé noir de l'Italie. Ça n'a pas été fait.
L'Italie n'a hélas pas fini d'en payer les conséquences.

Pour mémoire, le film est visible à Rouen à 16h10 et 22 heures tous les jours au ciné Saint Sever. On essaiera de le faire passer à Louviers, il va sans doute passer à Evreux. Ayez l'oeil !

Bande anonce du film, cliquez ci-dessous :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18839828&cfilm=132962.html



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