mardi 7 janvier 2020

Les enfants sages suite et fin


Vingtième chapitre



Tous ensemble, tous ensemble…



Ils sont les colibris du mal
Quand ils aperçoivent un feu
Ils tiennent pour seul protocole
De l’alimenter en pétrole

Les enfants sages


Sous la douche, Fatima se fit l’effet d’être comme ces hommes qu’elle s’était amusée à observer, quand ils se préparent à retourner au foyer après une parenthèse adultère.
La douche était un sas. Elle était là pour tout effacer en attendant de plonger dans le bain dangereux de la vie quotidienne. Elle se préparait à tout pour la reprise du boulot et les scénarios catastrophes se multipliaient dans sa tête.
Une fois séchée, elle se regarda dans la glace. Elle regardait son corps et c’est là qu’elle se dit qu’il fallait en faire quelque chose.
- « Tu ne peux pas rester comme ça. C’est pas possible. Un peu de dignité, Fatima. Allez ! »
Elle l’avait décidé. Elle irait voir directement Rossignol et elle lui dirait tout le plus sincèrement possible. Tout, et toutes les conneries qu’elle avait faites.
- « Je vous propose ma démission. »

Il n’était pas sûr que ce soit la meilleure entrée en matière, mais il fallait bien commencer par quelque chose, et elle pourrait encore changer de stratégie selon les circonstances. De toute façon, sa position était intenable. Elle baignait dans cette lâcheté insupportable, qu’elle ne connaissait que trop. Ça n’empêche, elle n’était pas si bête, il fallait qu’elle se protège un maximum. Elle était acculée, et elle se souvenait de cette citation d’Anquetil, le coureur cycliste, le vrai : « la meilleure défense, c’est l’attaque ! ».
Ça la fit rire ! Avec toutes ces histoires, elle n’avait pas encore fait le rapprochement entre Jacques Anquetil et Anquetil Delpech. Entre le champion cycliste, dont on lui avait raconté le rôle légendaire dans la région, et à Louviers en particulier, quand il se rendait à un rendez-vous hebdomadaire au Crédit Agricole, et que les gamins l’attendaient dans une admiration secrète. Les plus audacieux tentaient d'aller lui mendier un autographe.
la meilleure défense, c'est l'attaque
Bon, se dit-elle, tant que tu es capable d’en rire, c’est que tu n’es pas encore complètement dépressive. Elle continua dans sa tête à imaginer sa confrontation avec Rossignol tout en cherchant à se dire qu’après tout elle s’en foutait. Il fallait qu’elle fonce directement, qu’elle prenne les devants. 
Putain, mais il a fait quoi cet Anquetil, exactement ? Je me suis acharnée sur lui, mais pas comme il fallait. Il était beaucoup plus intéressant que ça. Elle aurait dû le savoir.
En attendant, elle choisit le slip qu’elle aimait à enfiler sous son jean préféré. Elle glissa ses seins dans le soutien-gorge adapté à la situation. On ne va pas au combat sans un minimum de confort. Elle choisit un tee-shirt à la hauteur de l’enjeu et les bottines pour gagner 4 centimètres.
Il ne restait plus qu’à souligner le tout par une ligne de maquillage minimale, histoire d'appuyer ses traits les plus incisifs.
- « Tenue de combat, ma vieille ! On y va. »

***
 
Florence était plus détendue. En entrant dans les locaux de La Dépêche, elle croisa Patrick Lechaud, son journaliste préféré. Il était tout guilleret.
- « Bonjour Florence ! Alors, t’es revenue de ta tournée en Rolls ? C’était bien ? Il va falloir que tu nous fasses un papier là-dessus. Mais pas tout de suite. Pas tout de suite. Avec ce qui se passe aujourd’hui, quelque chose me dit qu’il va y avoir d’autres priorités. Allez, il faut aller à la manif. On ne sera pas trop de deux. Il faut prendre des photos et des témoignages. En plus, tu vas être accueillie comme une héroïne. Si tu veux, je t’emmène ? »

Elle s’attendait à monter dans la voiture. Elle avait tourné sans peine la page de la Rolls, surtout de la manière dont ça s’était terminé, mais quand même, la voiture restait un moyen évident de se déplacer. Et ce d’autant qu’elle ressentait un impératif besoin de s’asseoir. Au lieu de ça, on lui proposait d’aller à une manif, et d’y aller en marchant en plus ! Avec ce qu’elle avait fait ce matin, elle avait déjà largement dépassé les 10.000 pas quotidiens recommandés par les organismes de santé publique, largement relayés par les médias en quête de bavardage. Elle râlait intérieurement contre Patrick lorsqu’elle se ravisa en se souvenant que sa voiture avait brûlé. Tout ça lui avait largement échappé avec tout ce qui lui était arrivé depuis 48 heures. Il fallait se remettre à la réalité et il est vrai qu’on n’a jamais trouvé mieux que la marche pour ce faire.
Elle suivait à distance Patrick qui se dirigeait vivement vers le commissariat. En passant devant la cour de la mairie, elle repéra un petit attroupement qui se faisait autour du directeur de cabinet. Ils attendaient quelqu’un ou quelque chose. Elle redressa le regard, et constata que son collègue avait déjà une centaine de mètres d’avance. Elle était fatiguée avant de commencer. Le rite du petit café avec les collègues lui manquait terriblement. Dans ce type de circonstance, ça aurait été indispensable.
Ce n’est qu’en arrivant place de la République qu’elle comprit la situation. Patrick aurait pu lui dire. La manifestation avait lieu devant le poste de police, et on pourrait même dire que c’est le commissariat qui en était l’organisateur.

***

- « Est-ce qu’ils n’ont pas bientôt fini de m’emmerder ?
- Ben, si vous voulez mon avis, je pense que non ! »

Le trait d’humour de Domfront ne fit pas vraiment sourire Rossignol. Là, entre la presse, le ministre, le maire, les policiers, bien entendu, les collègues, de tout niveau, de tout grade mais au-delà, il y a même des représentants syndicaux régionaux et même nationaux. Le préfet venait de lui dire qu’il faudrait attendre le lendemain pour faire quelque chose.
- « Je vais craquer, Domfront. Je le sens. Putain, depuis cette nuit, c’est l’enfer. Avec des pressions de tous les côtés, des ordres contradictoires, et tout le monde qui cherche à s’en mêler, et la hiérarchie qui dit qu’il faut maîtriser la communication, et la base qui pousse. Je peux faire beaucoup de choses, mais je ne peux pas interdire l’émotion. Ils sont marrants eux. En même temps, j’aimerais bien avoir une minute, une seconde à moi, pour mettre mes idées au clair. Mais c’est dingue, ça, c’est dingue. De la voiture jusqu’au commissariat, j’ai rencontré trois personnes qui m’ont présenté leurs condoléances. Il y en avait même une avec un gilet jaune. J’ai failli m’énerver.
- Gardez-votre calme, mon commandant. On a besoin de vous. Vous savez pour la manifestation ?
- Oui, enfin, à peu près. De toute façon, j’y serais, mais bien sûr, pas question d’en être l’organisateur. J’ai eu le maire, il va venir. C’est bien le moins. Ben justement, c’est lui qui m’appelle. » Il commença à répondre.
- Commissaire. Il y a Fatima Pinco qui veut vous parler.
- Plus tard, Domfront, plus tard. J’ai vraiment pas le temps. Vous pensez bien que les états d’âme des agents, en ce moment...  »

***

Tous  les uniformes étaient de sortie. Florence contemplait la scène passivement, lorsqu’elle aperçut une policière venir vers elle. C’était Fatima. Florence se rendit compte qu’elle ne l’avait jamais vue en uniforme. Elle lui parla discrètement.
- « Ben dis donc, Fatima, ça te va pas si mal. Ça te met plutôt en valeur.
- Putain, j’ai vraiment le cul bordé de nouilles. Je m’attendais à tout sauf à ça. Aucune allusion à mes absences, aucune allusion à ma disposition, aucune allusion à mon voyage en Rolls. On m’a juste demandé de me mettre en tenue.
- Tu peux m’expliquer pourquoi la manif ?
- T’imagines bien, Florence… On aurait pu y penser toutes seules. Jacques Lorraine est mort cette nuit. C’est quand même normal qu’on marque le coup. Il n’y a pas de mot d’ordre, en soi. Les syndicats vont demander plus de moyens, parce qu’ils ne savent pas quoi faire d’autre. C’est le jeu de toute façon. Je crois que le maire va passer tout à l’heure. Tu penses bien, il ne veut rien louper à quelques mois des municipales.
- Bon, c’est son rôle, en même temps. Même si ça n’aurait pas été plus mal qu’il fasse réparer la vidéosurveillance.
- Oui, c’est en cours, ça. De toute façon, t’inquiète pas, si le maire débarque, tu peux être sûr que Libertario ne sera pas loin. Il le marque à la culotte.
- Ok ! Je comprends mieux. Tu sais si le préfet va venir ?
- Bien sûr qu’il va venir. Il ne peut pas faire autrement. Il doit voir le commissaire et le maire à 17 heures. Ça je peux te le dire. Mais il ne va pas participer à la manif quand même ! Faut pas exagérer. Il ne va pas demander plus de moyens à lui-même. Il représente le gouvernement. Bon, mais c’est pas trop cohérent, puisque le préfet a demandé au commissaire d’accompagner les manifestants.
- Ah oui. Et le commissaire, il en pense quoi ? Tu lui as parlé ?
- Je te jure, Florence, j’ai voulu lui parler. Mais il n’y a pas la place en ce moment. Je m’étais pourtant armée de courage. Enfin, ce sera pour plus tard.
- Ne recule pas trop. C’est un conseil d’amie.»

Libertario était déjà là. Il parlait avec policiers gendarmes et pompiers qui s’étaient joints au mouvement où une place toute particulière était dédiée à la police municipale. William Hervet se tenait sur une béquille, à proximité du banc où il pourrait s’asseoir si besoin.
Mais à part la maréchaussée, la presse et les représentants de la municipalité, il y avait peu de monde. Ça se comprenait aisément, vu le caractère de la manifestation, qui était à la fois spontanée et quasi-officielle avec ces uniformes et la présence de l’écharpe tricolore du maire et des élus de Louviers et de pas mal de petites communes alentours.
A la différence d’une cérémonie officielle, il n’y avait pas de tribune. Le maire aurait bien voulu prendre la parole, mais rien n’était prévu. La démarche spontanée datait de quelques heures et personne n’avait demandé la présence de représentants de la municipalité. Le maire chercha le commissaire mais celui-ci s’était tenu à l’écart de la manifestation.
Très énervé, Pierre-Henri Gargallaud fondit sur Libertario Garcia qu’il venait d’apercevoir.
- « Ah ! J’aurais dû m’en douter ! Vous êtes là, vous ! Les suceurs de sang… »

Très peu de gens entendirent les propos rageurs, mais le silence gagna immédiatement toute l’assistance. Arnaud Meunier, le directeur de cabinet, ne savait pas où donner du regard cependant que le public guettait les deux protagonistes en se disant que tout pouvait se produire. Le maire était cramoisi, ce qui soulignait la pâleur inhabituelle du visage de Libertario.
- « Ils ne vont quand même pas se battre ! entendit-on dans l’assistance.
- C’est vrai ça, qu’est-ce que vous faites s’ils se battent ? dit Patrick Lechaud à l’oreille de l’inspecteur Domfront.
- Arrêtez vos conneries ! Ils ne vont pas se battre ! Ils ne peuvent pas se battre. Le premier qui tape a perdu. Ils ne sont pas fous. »

Un large sourire éclaira le visage de Libertario Garcia.
- «  Monsieur le Maire, vous êtes indécent. »
Ils continuaient à se regarder. Personne ne voulait faire demi-tour. Le maire se cherchait quelque chose à faire. Il fonça droit, rasa Libertario et se rendit au poste de police où il demanda à voir le commissaire. Éberluées, ses troupes étaient restées derrière lui.
Libertario pouvait sourire. Il avait le champ libre pour parler avec les uns et les autres, et le sujet était tout trouvé. On ne parlait plus que du maire qui avait pété les plombs.
Il fallait passer à autre chose. On alla trouver un malheureux collègue, le seul qui cotisait régulièrement, et qui du coup se retrouvait porte-parole du commissariat.
Il ne s’en tira pas trop mal. Il prit le micro, et rendit hommage au disparu, sans faire aucune allusion sur les pratiques qui lui étaient reprochées. Surtout il appela à une solidarité entre tous les représentants des forces de l’ordre. La mort de Jacques Lorraine faisait la démonstration que, quel que soit leur statut, et même s’ils n’en ont pas, les représentants de l’ordre font un métier difficile, qui mérite soutien et respect de la population et des pouvoirs publics. De fait, il remercia le maire et son équipe de leur présence. Pour faire bonne mesure, il remercia aussi Libertario quand même celui-ci n’avait aucun rang protocolaire, mais il s’agissait de ne se mettre mal avec personne.
Les policiers municipaux s’étaient cotisés pour faire fabriquer dans l’urgence une banderole qui parle. Deux mots couvraient sa largeur : POLICIERS, RESPECT blanc sur rouge. Juste en dessous, la formule HOMMAGE À NOTRE AMI ASSASSINÉ s’étalait en caractère plus petit.
 Il y avait à Louviers une imprimerie publicitaire qui avait accepté de la faire gratuitement et rapidement. Derrière elle, les maigres rangs des manifestants s’ébranlèrent en direction des boulevards que l’on traversa. La présence imposante d’uniformes imposait respect et silence aux automobilistes.
L’idée était de se rendre sur le lieu-même de l’agression initiale pour que William Hervet, assisté des policiers municipaux, dépose une gerbe.
Très vite un malaise envahit la manifestation. Le carrefour du Sapin ne s’était jamais appelé comme ça officiellement. Ça tombait bien puisqu’on avait retiré le sapin depuis quelques années. Il n’empêche c’était l’endroit choisi par les policiers municipaux pour leur cérémonie d’hommage.
- « Mais c’est pas possible, ça ! C’est pas possible ! Ils le font exprès ma parole ! Mais comment ils ont pu me faire ça ? »

On entendait le maire marmonner entre ses dents. À côté, ça s’agitait. Le directeur de cabinet appelait désespérément le Directeur des services techniques, qui ne répondait pas. De toute façon il était trop tard. A peine les services avaient procédé au nettoyage des graffiti que l’inscription fatale bravait les autorités :

£es enfants sages

Ce fut un coup terrible. Personne ne savait que faire. Sans attendre que le maire lui demande, Renaud Meunier appelait le directeur des services techniques… qui était sur répondeur. Il lui demanda de rappeler et il doubla l’injonction d’un SMS.
William Hervet était tout blanc et la gerbe qu’il tenait dans ses bras pesait trop à présent pour ce qu’il était capable de supporter. Libertario rejoignit l’avant du cortège et proposa de continuer comme si de rien n’était. Il fallait décider vite, ne pas montrer d’hésitation, et l’on pourrait déposer les fleurs dans la cour de la mairie ou devant la police municipale.
William Hervet s’évanouit.
Le capitaine des pompiers, qui avait, par sa présence tenu à marquer sa solidarité, se précipita vers lui pour des premiers secours.
Le cortège était à présent bloqué avec ce petit groupe autour du policier municipal assis sur un bout de trottoir et personne ne pouvait plus repartir. Les journalistes prenaient des photos, même s’ils savaient que, par décence, ils ne les publieraient pas. Tout le monde se regardait. Personne ne se sentait l’occasion de continuer ou de partir. Il n’y avait rien à faire.
Lorsque le SAMU arriva, William Hervet refusa de se faire embarquer. Il allait mieux. Chacun lui conseilla cependant d’aller se faire hospitaliser pour des analyses. De toute façon, il n’aurait pas été en état de poursuivre la marche. Il s’installa dans le fourgon avec la gerbe dont on lui assura qu’il la déposerait lui-même le lendemain matin avec ses collègues, en présence du maire et du commissaire de police, une fois le lieu nettoyé et mis au propre, avec une petite stèle funéraire.
Le cortège reprit la route dans un climat irrespirable. Personne ne savait trop s’il fallait que cela se termine vite, ou si, au contraire il fallait, envers et contre tout, continuer sur les boulevards, alors même qu’on allait devoir se mêler aux sorties des écoles et des collèges.
Un appareil survola le collège. Tout le monde pensa qu’il s’agissait d’un instrument de surveillance policière. Enfin, comme on dit, c’est en marchant qu’on trouve le mouvement. Il fallait simplement que l’on regarde dans la même direction.
Le maire interrogea le commissaire de police.
- « Mais non, c’est pas nous ! Vous pensez bien, avec les moyens qu’on a, on va pas en plus se payer des drones. Tout ça m’inquiète, Monsieur le Maire, je ne vous le cache pas. En même temps, il faut éviter de paniquer l’assistance qui en a déjà pris suffisamment. C’est important que cette manifestation se tienne. Vous êtes d’accord ?
- Bien entendu. Mais enfin, c’est incroyable cette histoire de drone. Quand on voit qu’on achète ça en supermarché pour pas un rond et que la police n’en dispose même pas.
- Oui, vous avez raison M. le maire, mais en même temps, on en ferait quoi, là, tout de suite. »
Fatima s’approcha de Rossignol.
- Monsieur le Commissaire, il faut que je vous parle
- Oui, je sais Madame Pinco, on verra ça à la fin de la manif. Pour l’instant, avec vos collègues, je vous le dis : faites attention à tout. Ne discutez pas, prenez un maximum de photo. Je sens le danger. Essayez de voir ce qui se passe avec les drones. Tâchez de savoir d’où ça vient. Je suis sur que dans le public, il y en a qui savent. Et amenez-moi Domfront ! »

Il fallait que tout se passe comme prévu ! Tout juste dévia-t-on légèrement la route lorsqu’on obliqua vers les rues du centre-ville alors que, dans la logique, on aurait dû suivre le boulevard Clemenceau.
Il fallait passer par le cœur de la ville. Il fallait concerner tous les habitants. Le cortège s’animait. Il devenait moins silencieux. En défilant, les manifestants croisaient des badauds dans les rues commerçantes. Ils avaient de quoi raconter.
Les bruits ne parvenaient pas à totalement couvrir la conversation téléphonique du maire. Il venait enfin de joindre le directeur des services techniques même si, au fur et à mesure de l’échange, le ton s’était apaisé. On allait passer place de la Halle, celle que le maire avait remodelée et qui constituait l’élément le plus emblématique de son bilan municipal. La couverture en béton assombrissait le site qui n’en avait guère besoin dans les esprits attristés.

Mais, au passage du cortège, un bruit assourdissant terrifia le défilé. Le maire appela le directeur des services techniques.
- Monsieur le directeur, arrêtez-ça, s’il vous plait !
- Mais on n’y peut rien Monsieur le Maire, vous pensez bien que ça ne vient pas de nous.
- Mais d’où ça vient ? Qui est-ce qui a fait ça ? C’est bien vous le responsable de la sono.

Gargallaud pensait que c’était une sono défaillante, qui crachait son larsen. En fait, à l’analyse, c’était de la musique, quelque chose directement inspiré du punk rock de la belle époque. Insupportable pour des oreilles peu habituées.

- Ça vient pas de nous, Monsieur le Maire. A mon avis, ça vient des drones ! 
- Ça doit vous changer du festival des grands amateurs de piano » glissa un adjoint qui essayait de faire de l’humour.
C’était bien le seul. 
Peu de gens auraient imaginé qu’il puisse s’agir de  musique, même si l’on percevait une voix humaine, un hurlement syncopé plus précisément.
Le commissaire regarda les drones qui s’étaient positionné comme autant de haut-parleurs.
Mais ce n’était pas tout. Un drone vint se glisser sous la halle, avant de se placer en position stationnaire. Les gens avaient vraiment peur, avant de se féliciter, pour les plus hardis, d’être toujours vivants.
Et puis, au moment où, devant des policiers impuissants, quelques agents des services techniques de la ville avaient été chercher des perches pour essayer d’attraper cette drôle de bête qui ne bougeait plus, le drone s’avéra être un puissant projecteur, et sa lumière puissante réverbéra sur le mur de la ville une inscription en lettre de feu : 



£es enfants sages

font les adultes désespérés

Aucun commentaire: