mercredi 14 mai 2008

Gomorrhe





Gomorra, que j'ai déjà évoqué dans ce blog est sorti dimanche en salle au festival de Cannes. Gomorra est un livre de Roberto Saviano, journaliste napolitain à la Repubblica... qui a eu le courage de dénoncer les pratiques et les rouages de la camorra napolitaine. Celles-ci vont au-delà des pratiques de la Mafia en Sicile pour ce qui concerne la mise en coupe de la population. Gomorra, le titre italien est un jeu de mots entre la "camorra" nom de la mafia napolitaine et Gomorra, traduction de la Gomorrhe de la Bible, ville de l'abjection par définition.
On trouve un mélange de ces abjections par les ordures qui envahissent des années la ville de Naples, symbole de la coupe réglée des politiques locales par la mafia et par les crimes qui terrorisent le territoire de la Campanie. Le film cependant, sorti en Italie en même temps qu'au festival de Cannes ce dimanche est en passe de réaliser un score comparable à Bienvenue chez les Ch'tis de notre coté des Alpes. C'est dire si le sujet plus qu'ardu touche précisément au coeur des problèmes italiens. Derrière le sourire de Berlusconi et les démonstrations imbécilles des néo-fascistes, il y a encore plus douloureux.

Une sorte de politique des bandes, très organisée, qui va même jusqu'à distribuer un revenu de subsistance dans certains quartiers napolitains. Une procédure de substitution des pouvoirs publics qui tend à discréditer la politique.


Il est difficile de savoir à partir d'un livre ce que donnera un film.

Rappelons que le livre est un reportage précis qui vaut à son courageux auteur, de connaître le sort de Salman Rushdie.
On dit que le film évite les détails scabreux, dont le livre est pimenté afin que nul n'en ignore.


Pas d'exhibitionnisme, pas de sadisme mais la description dure de faits qui empoisonnent la vie de millions de Napolitains et qui crée une puissance financière redoutable à l'échelon de l'Europe.

Rien que pour le soutien à l'action courageuse de Saviano, rien que pour agir, même à un faible niveau, contre la Camorra dont le pouvoir tient par le silence, ne manquez ni ce film, ni ses commentaires ou à tout le moins, procurez-vous le livre.

En attendant, un avant-goût grâce au petit film de présentation on y entrevoit les entreprises clandestines, la gestion des déchets dans toute l'Italie (attention, ne pas croire que l'entassement des déchets à Naples qui a provoqué entre autre la défaite de la gauche Italienne est juste dûe à un laisser-aller méridional ... C'est toute l'Italie et toute l'Europe qui sont concernées) et la formation des jeunes au crime dans le cadre de la soumission de toute une population. Et si le vrai danger en Italie comme ailleurs c'était ça : non plus le fascisme, qui, au même titre que le communisme fait partie des idéologies dépassées par la réalité, mais l'emprise du banditisme organisé sur la politique.


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