samedi 14 mars 2009

Hommage au résistant inconnu


Mercredi soir une émission bouleversante sur la milice, sur Arte.
L'émission a déjà été diffusée en 1997. On y voie dans une objectivité saisissante un mélange de subjectivités sur cette période troublée de notre histoire. Ainsi parole est elle donnée à des miliciens, incapables de digérer leurs erreurs et défaites de jeunesse.
Mais la douleur est tout aussi difficile à digérer, même si l'on a gagné ... au prix fort. Ainsi, un homme expliquait qu'arrêté depuis un certain temps dans un camp tenu par la milice, il avait finalement compris qu'il n'avait la vie sauve que parce qu'il n'était pas juif.
Il fait part d'un souvenir terrible. Est arrivé au camp un jeune homme qui, prenant connaissance du sort qui l'attendait se lance dans le chant d'un air fameux de la Tosca : E lucevan le stelle ... les étoiles scintillaient...
Dans cet air Caravadossi, amant de la Tosca se sait condamné à mort et évoque ses récentes émotions sensuelles et dit " je vais mourir alors que je n'ai jamais autant aimé la vie. Je vous en conseille l'interprétation par Pavarotti en cliquant ici.
Le souvenir a hanté la mémoire du survivant. Il a suivi l'arrestation de Touvier quelques années plus tard. Il voulait juste connaître le nom du ténor d'un soir. Touvier, méticuleux, a toujours maintenues classées ses terribles archives, en dépit de ses nombreuses planques ... Or Touvier n'a jamais voulu livrer l'identité de ce jeune homme.
Le résistant l'a dit : en refusant de le nommer, Touvier l'a tué une seconde fois.
Alors, ce soir, le café radical veut lui donner une autre vie. Il veut croire qu'a chaque fois qu'on entendra ce chant de la Tosca : "e luccevan le stelle", on le fera vivre une autre fois, pour que la vie soit plus forte que la mort, que la culture l'emporte sur la grossièreté, que le plaisir soit plus fort que la perversion. Et nous pouvons le dire, ce jeune homme, nous le connaissons. Il est notre frère, il est nous même, il a notre nom. Nous le connaissons beaucoup mieux que Touvier, qui nous est à jamais étranger.

Et pour finir, les paroles et une tentative de traduction :

E lucevan le stelle...ed olezzava la terra...stridea l'uscio dell'orto...e un passo sfiorava l arena...Entrava ella, fragrante,mi cadea fra le braccia...Oh! dolci baci, o languide carezze,mentr'io frementele belle forme disciogliea dai veli!Svanì per sempre il sogno mio d'amore...L'ora è fuggita...E muoio disperato!E non ho amato mai tanto la vita!...

Et les étoiles scintillaient, et l'odeur de la terre imprégnait, la porte du jardin a crissé et un pas s'est posé sur le sable, Elle est entrée dans son parfum, et est tombée entre mes bras, o doux baisers, et caresses langoureuses.
Quand en tremblant j'ai dévoilé ses formes, mon rêve d'amour s'est évanoui à jamais, l'heure est enfuie, et je meurs désespéré, et je n'ai jamais autant aimé la vie.

Voilà, c'est triste, ça fait pleurer, mais vraiment, ça fait aimer la vie.

Olivier Taconet

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