lundi 11 août 2014

Simon Leys et la fin des illusions



Simon Leys intellectuel européen,
né le 28 septembre 1935 à Bruxelles,
mort à Canberra, Australie.
Il est une époque pas si lointaine (puisque je l'ai vécu) où une grande partie de l'intelligentsia française s'était entichée du Président Mao et voyait dans la dictature à laquelle il soumettait la Nation chinoise le parangon de l'avenir de l'humanité. 

Les illusions dangereuses et mortifères véhiculées par ce socialisme exotique se sont tues. L'évolution du parti communiste chinois et la mort progressive des régimes dictatoriaux se revendiquant du socialisme ont largement contribué à l'extinction du honteux soutien qu'on a pu leur attribuer. Seul Mélenchon et quelques gauchistes entêtés cherchent du côté de Chavez et de Cuba des vertus aux dictateurs. 
Tel n'était pas le cas en 1971, lorsque Simon Leys a jeté un
Les habits neufs du président Mao n'ont pas
été un succès de librairie,  mais ont empêché
le succès d'ouvrages courtisans envers la
dictature chinoise et ont préfiguré la nature
du régime et l'écroulement politique du maoisme
à la française. 
immense pavé dans la mare de l'aveuglement des intellectuels maoïstes français. Son livre : "les habits neufs du Président Mao, s'attaquait de front au discours officiel que la Chine avait réussi à imposer à une presse française paresseuse, et dont une bonne part de ce qui essayait de penser en France reprenait sans distance en y recherchant sans trêve et sans honte un modèle pour l'humanité.
Dans son livre, il remettait les choses à leur place, expliquait ce en quoi la Révolution culturelle était en fait la traduction d'un règlement de comptes impitoyable orchestré par le président Mao qui a amené la mise en coupe de la Chine. On pouvait y voir un exploit politique, mais surtout pas un progrès pour la Nation chinoise et encore moins pour l'humanité.
Les propos de Simon Leys ont été
lourdement ignorés par les tenants
du socialisme exotique qui avaient trouvé
dans la dictature maoiste un substitut au
régime soviétique, qui revélait au monde
ses avanies.
L'essentiel de ce qui était dit dans cet ouvrage dont nul ne connaissait l'auteur, s'est révélé vrai dans les années qui ont suivi. 
En fait, Simon Leys était le nom de plume de Pierre Ryckmans. Celui-ci, grand connaisseur de la Chine, était belge. Cette distance a sans doute contribué à la manière dont il a roulé l'intelligentsia maoïste dans la farine. Disons qu'avant son ouvrage, les dénonciations de cet état d'esprit lamentable n'étaient que marginales.  
Signalons enfin et nous n'en parlerons plus que Simon Leys avait pris un pseudonyme de façon à se garder la possibilité de séjourner en Chine. Une intellectuelle maoïste française Michelle Loi avait cru bon de le dénoncer, ce qui en dit long sur l'état d'esprit de l'époque ... (encore une fois pas si lointaine) et sur la manière dont les intellectuels peuvent se transformer en répugnants courtisans prêts à se soumettre pour pas un rond à toutes les dictatures. 
Pierre Ryckmans, alias Simon Leys, est mort aujourd'hui. 

Au delà de sa dénonciation du maoïsme, Simon Leys a fait partager sa grande connaissance de la culture et de l'histoire de la Chine. Il faisait aussi partie des "Écrivains de Marine", association regroupant une vingtaine d'auteurs. Son dernier ouvrage, les naufragés du Batavia, était paru aux éditions Arléa. 



   




2 commentaires:

Franck Martin a dit…

Et oui ! L'enfer est pavé de bonnes intentions. Nous, les "maos" de l'époque on s'est trompé grave... Mais nous étions jeunes, beaux et larges d'épaules... et croyons dur comme fer apporter le bonheur à l'humanité...

Café radical a dit…

Nous étions des pierres qui roulent dangereuses dans leur innocence, prétentieuses et nuisibles dans leur quête d'admiration. Au moins avons nous eu une adolescence et la volonté de donner un sens à ce monde que nous voulions rendre meilleur. Nous le voulons encore, sans oublier jamais que nous sommes aussi porteurs des dangers dont nous affublons nos adversaires.
A nous de savoir rester humbles et déterminés.C'est la prétention que nous devons garder.
Olivier