mardi 15 janvier 2013

Mariage pour tous ... un Survillais témoigne

Michel Lebel, de Surville nous livre son
témoignage

 La lettre à Eddie 

L'avantage des grands débats collectifs est souvent la révélation des situations individuelles. Les grandes idées ne peuvent pas faire abstractions des situations individuelles. Le mariage pour tous va-t-il changer la société ? Tel est le thème du prochain café radical, mais le témoignage que l'on me demande de publier est la démonstration que la société change et que c'est ce qui permet précisément de parvenir à un changement de Loi.
Un petit dessin dit on vaut mieux qu'un grand discours. Je vous propose ce petit morceau de vie d'un Survillais d'origine, qui fait invariablement penser au film "les invisibles" dont la sortie récente a obtenu tout l'intérêt de la critique et que je recommande à tous.
Au menu de ce film, une suite de témoignage, loin des manifestations, loin des démonstrations, loin des victimisations et des tapages de la ville qui montre comment des personnes marginalisées ont su construire leur bonheur, dans la différence tout en préservant l'indifférence. C'est là tout l'enjeu du débat sur le mariage homosexuel. Ci dessous, le témoignage de Michel Lebel, reproduction d'un échange entre lui et Eddie Ait qui interviendra demain au café radical (mercredi 16 janvier 18h30, 39 rue du Quai à Louviers).
Les invisibles, la révélation des
destins et des désirs individuels.
Bonjour Eddie,  
Nous n'avons pas l'honneur de nous connaître... mais je viens de voir, sur la page Facebok de Olivier Taconet, que vous animeriez le débat sur le mariage pour tous au café radical de Louviers. Né à Surville, a 5 kilomètres de Louviers, je vis maintenant à Levallois-Perret et je ne pourrais pas participer à votre débat !!! mais si cela peut vous servir je vous mets en copie de mon témoignage que j'ai publié il y a quelques mois dans la revue Yagg :
"La réussite de mon coming-out . Merci à mon père,
Très jeune j'ai ressenti une attirance pour les garçons et la pension aidant cela n'a fait qu'accentuer ce désir. C'est au Lycée que j'ai eu mes premières aventures et une liaison suivie pendant 3 ans. Cependant j'avais peur d'en parler ouvertement car je suis l'aîné d'une fratrie de 13 enfants... C'est ainsi que j'avais pris la décision de me marier, mais à quelques semaines du mariage je "repris ma parole" et assailli de questions je m'ouvrais de mon homosexualité à ma mère et à ma marraine qui ne pouvaient accepter une telle situation (nous étions en 1968)sans me rejeter pour autant. Je décidais donc de rester dans la clandestinité avec des rencontres éphémères souvent sans lendemain !!!
Et cela jusqu'à ce que je rencontre un homme marié, il y a un peu plus de 30 ans, avec qui nous vécumes une passion intense qu'il finit par avouer à son épouse. Cette dernière, pour sauver son couple, accepta le partage jusqu'au jour où elle lui demanda de quitter le domicile conjugal et d'aller vivre chez moi. Je ne pouvais pas faire autre chose que de l'accueillir même si je sentais une immense fracture qui se dessinait(il était père de deux jeunes enfants).
Et là je m'interrogeais de savoir comment jallais aborder la situation avec ma nombreuse famille dont j'étais très proche.
Comprenant que nous souhaitions faire un bout de chemin ensemble je m'en ouvris à mon père(en 1983)qui eut cette réponse magnifique après plus de deux heures de discussion : "je préfère te savoir heureux avec un homme plutôt que tu rendes une femme malheureuse". Il souhaita rencontrer mon compagnon puis il nous invita à la première réunion qui suivit la révèlation et présenta ma situation assez sobrement en disant qu'il avait 13 enfants et qu'il n'y aurait pas de différence entre les uns et les autres et qu'il ne voulait aucun commentaire.
Ajourd'hui je lui dois un grand merci car nous avons construit notre vie en étant acceptés de tous par nos deux familles.
Il est le beau-frère, l'oncle, le cousin, l'ami... et je suis le beau-père, le papy, le cousin et l'ami de son ex-épouse et de son conjoint...
Et pour conclure cette acceptation par mon père a fait que nous avons pu vivre au grand jour aux yeux de tous(collègues de travail, voisins,...)sans la moindre remarque."
Ce désir d'enfant je l'avais avant de rencontrer mon compagnon, carence qui fut comblée par la présence de ces deux enfants puis des 3 petits-enfants.
Je pense qu'on n'a pas le droit de nous empêcher de vivre sereinement et de rendre heureux des enfants ce qui n'est pas toujours dans des couples hétérosexuels à problème...

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