vendredi 25 janvier 2013

L'avenir de la recherche ... un texte d'Hervé Causse

Ci-dessous, un texte que m'a transmis Hervé Causse sur la recherche, un sujet que je crois bien, le café radical n'a jamais abordé, faute d'éléments et sans doute aussi réticent devant l'aspect souvent corporatiste dont le thème a été traité, le tout relayé par un patriotisme frelaté.

Au delà des piques ironiques dont la plus belle revient à Coluche (des chercheurs qui cherchent, on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche), le sujet ne manque cependant pas d'intérêt. On ne peut pas être progressiste sans investir dans la recherche.
C'est dans ce cadre que je vous propose l'article d'Hervé Causse sur l'avenir de la Recherche.

 

 

La recherche et le supérieur sur de nouvelles assises,

pour de nouveaux emplois

Un texte d'Hervé Causse

 
Hervé Causse Professeur des universités
Secrétaire national du PRG chargé de l’économie,
des finances et de la recherche
L’attaque frontale des chercheurs et universitaires sous le quinquennat de M. SARKOZY a déstabilisé cette communauté sans rien apporter. Une ministre aveugle, Mme PECRESSE, s’est lancée dans une réforme sans consultation d’une communauté à laquelle elle n’avait rien à apprendre mais qui avait tout à lui apprendre. Elle bloqua l’Université pendant plusieurs mois, jeta les chercheurs dans le désarroi. Le résultat de cette politique est connu : la nouvelle ministre, Mme FIORASSO, a été obligée de dire en fin 2012 qu’aucune Université ne serait laissée en faillite tellement la situation financière de certaines d’entre-elles est alarmante ! Et il est inutile de dire qu’aucun travers intolérable de gestion n’en est à l’origine.

La loi LRU est un texte idéologique qui, sous prétexte de liberté et responsabilité des établissements, consiste à voir l’Etat se décharger des fonctionnaires, des étudiants et de la problématique de la recherche. En plein milieu du gué, l’Etat a eu cette idée folle de prétendre que les universitaires pouvaient se changer en managers et faire d’un coup ce qu’ils n’avaient souvent jamais fait. La chose a pu passer au local car certains ont un moyen d’accélérer leur carrière en prenant un pouvoir illusoire, sauf pour quelques arrangements. Des conseils d’administration resserrés au-dessus des Facultés devaient ainsi faire en quelques années ce que les mêmes Facultés avaient eu tant de mal à faire depuis des décennies… L’irréalisme et le dogmatisme n’ont pas marché, et on note que les plus grands pédagogues ou les plus grands chercheurs ne sont pas récompensés de leurs efforts après un quinquennat qui devait récompenser le travail. Seule fut marquante la prime des présidents d’université. Voilà une politique universitaire bien courte !

Les Assises de le recherche ouvertes en juillet 2012 et qui ont donné un rapport de synthèse le 17 décembre 2012 ont visé à donner la parole aux communautés intéressées ; c’était susciter des propositions, souligner les situations les plus intenables, mettre sur la table les difficultés pour les hiérarchiser. La méthode est bonne même si l’on constate que les consultations ont été plus ou moins profondes selon les établissements. La ministre aurait pu écrire à chaque universitaire personnellement, mais il n’est pas trop tard. Dans les semaines à venir, un projet de loi va venir ajuster divers points et l’on peut se réjouir que le rapport propose ainsi de faire reconnaître le doctorat dans la fonction publique et si possible dans les conventions collectives – une de mes revendications personnelles. Mais la consultation rend une synthèse législative difficile, alors que le ministère, l’Etat, ne peut ni vouloir diriger les établissements et la moindre maquette de diplôme, ni laisser les établissements entre les mains d’universitaires qui, quoique élus, ne sont ni responsables ni comptables de leur gestion.

Mise en rapport officiel, la consultation doit désormais passer entre les mains du ministère, du gouvernement et être débattu au Parlement pour donner un projet intéressant. Les partis politiques doivent opiner et il est souhaitable que les syndicats puissent s’exprimer – ceux représentant les entreprises et le monde économique ont selon moi l’obligation de travailler ce dossier : le nouveau crédit d’impôt compétitivité leur impose de collaborer à cette réforme. Les collectivités locales doivent également être entendues, sachant qu’elles doivent aussi comprendre que l’accélération des connaissances et la mondialisation de la recherche ne laissent pas de place à la médiocrité : les projets doivent être sérieux, solides et au moins nationalement référencés. Le supérieur et la recherche trouveront de nouvelles assises si l’on se convainc que le sujet n’est ni politicien, ni syndical. Il est temps de prendre de la hauteur : la recherche doit donner, à travers la matière grise des chercheurs, de nouveaux produits qui devront faire le tour du monde et, au passage, renouvelleront des millions d’emplois en France et en Europe et aussi de nouveaux bassins économiques. Il nous faut un cadre plus clair, équitable et transparent pour ce combat intellectuel. Il y a pour cela mille idée à avancer, à commencer par tout ce qui peut alléger les charges administratives des enseignants-chercheurs sans cesse obligés de remplir des dossiers au lieu de chercher ! C’est donc un combat urgent qu’il faut mener ici et maintenant !

Hervé CAUSSE
Professeur des universités
Secrétaire national du PRG chargé de l’économie, des finances et de la recherche



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