jeudi 21 janvier 2010

La parabole d'Hafidha

Aux dires des participants le café radical a été une totale réussite... C'est important à dire, et le seul regret que j'ai est pour les habitants de Val de Reuil qui ont été privé de cette animation politique dans leur ville.

Le débat a été riche, animé, réunissant une cinquantaine de participants, dont, à chaque fois de nouvelles têtes... Je reviendrais sous les différents aspects du débat mais je voudrais commencer en rendant hommage aux intervenantes.


Chantal Robin Rodrigo a fait connaître le travail des parlementaires et le fonctionnement de la commission, ce qui a permis d'évacuer les poncifs et les a priori.


Hafidha Ouadah a, quant à elle, été éblouissante. Je reviendrais sur les différents aspects des interventions, mais Hafidha a su mêler expérience personnelle et vision collective, émotion et raison, connaissance du milieu et de l'histoire de l'islam ...


Elle a commencé son intervention en racontant cette anecdote qui éclaire utilement le débat et qui balaye bien des idées reçues.


Ça se passe dans un bus, dans le quartier de la Madeleine à Evreux. Une femme voilée se fait interpeller par une femme noire. Celle-ci lui fait remarquer ce que son attitude peut signifier de provocation pour les femmes, pour l'intégration. Elle le dit avec ses mots à elle. Ça dure longtemps. Elle lui dit qu'elle doit s'adapter au mode de vie républicain et français et que si elle n'est pas contente, elle peut rentrer dans son pays.


C'est à ce moment que la femme en burqa (ou en niqab) relève son voile et découvre le visage d'une charmante jeune femme, blonde, qu'Hafidha a nommé Christelle (le prénom a été changé). Elle dit bien sur a cette femme noire, qu'elle est d'ici (ses parents habitent autour d'Evreux, depuis plusieurs générations) et qui si quelqu'un doit retourner dans son pays, ce n'est pas elle ...


Voilà en tous les cas une belle parabole. Elle montre à quel point, le signe identitaire n'identifie pas toujours ce que l'on croit. Elle montre que derrière le voile, se cache beaucoup plus que ce qu'on croit. Elle montre que l'assimilation islam et immigration d'Afrique du Nord n'est pas non plus ce que l'on croit. Elle montre le degré politique du débat autour du voile. Elle montre l'importance de l'identité et la difficulté de vivre ensemble. Elle montre précisément tout ce que nous cachent la burqa et nos préjugés.


Hafiha pendant le débat, utilisant son expérience personnelle, a montré à quelle point le port du voile se traduit tôt ou tard par une détresse et que le dialogue avec les femmes voilées reste indispensable. Hafidha a eu la gorge nouée lorsqu'au moment de conclure le débat elle a sorti de sa poche le sac qui contenait le voile et toutes ses épaisseurs qu'elle a dû porter pendant des années, la condamnant à l'isolement. J'ai vu couler une larme rapidement réprimée quand elle a exhibé cet élément de l'instrument de torture, qu'elle a appelé un gynécée portatif (le gynécée était l'endroit de la maison réservé aux femmes dans l'antiquité grecque et romaine.


Hafidha défend l'idée d'une loi sur la burqa. C'était aussi le point de vue de la députée. C'était le point de vue de Denis Szalkowski (qui le reprend dans son blog voie militante, dont je vous invite à prendre connaissance en cliquant ici : il faut une loi !). Ce n'était pas le point de vue de tout le monde, ni de Franck Martin, ni de Fadilla Benamara, ni d'Olivier Taconet. Nous en reparlerons un peu plus tard.


Mais quelle belle soirée, quel beau débat !


On m'en redemande déjà !

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Si ces personnes exigent une loi, c'est qu'elles ont peur de revivre l'obligation de porter ce voile, mais cela n'aurait que l'effet contraire de voter une interdiction. Ce serait donner de l'importance à un symbole qui n'en est pas un et c'est justement ce qu'il faut expliquer aux femmes voilées, que ce voile intégral n'est pas un symbole religieux et que de ce fait elle n'ont aucune raison d'accepter de le porter. Et en France, pays libre, on montre son visage.
Et la religion au fond prêche la fraternité, donc on ne se voile pas devant ses frères, sa famille. Même au Pakistan la femme rentre chez elle et retire la burqa comme si elle otait un manteau, pour paraître telle quelle devant sa famille. Et nous sommes la grande famille humaine. Donc pas besoin de se cacher.
De même pour les chrétiens, enfants de Dieu, pourquoi se cacherait-on devant son Père ?
Adam et Eve se contentaient d'une feuille de vigne.
Et désolée, je n'ai pas pu venir.

Sylvia Mackert

Café radical a dit…

Sur le fait de se cacher, Hafidha en a très bien parler en parlant du sentiment de toute puissance. Nous en reparlerons dans un tout prochain article

Denis a dit…

Oui ce symbole de l'emprisonnement qui nie l'identité des femmes est important à combattre par ce qu'il nous replonge dans des formes archaïques du vivre ensemble qui nous éloignent de la fin de l'histoire !

Il y avait quelque chose d'étrange à voir Olivier et Franck contre une loi et Chantal et Hafidha pour une loi.

Anonyme a dit…

Le sentiment de toute puissance pour la personne qui se cache ? ou pour celui qui lui impose le voile ?
Sylvia Mackert

café radical a dit…

Rien d'étrange, cher Denis à ce que chacun s'exprime hors de toute langue de bois. Le café radical, c'est fait pour ça ! Effectivement l'organisateur du débat n'était pas d'accord avec les intervenants. Ni le président de la fédération de l'Eure du prg. En revanche, il était d'accord avec la conseillère municipale de Val de Reuil ... L'important dans ce débat est que chacun se soit écouté et que chacun en soit sorti plus riche qu'il n'y était entré.

Mickael a dit…

fallait vraiment etre debile et au prg pour vouloir organiser ce debat inutile et stigmatisant a val de reuil dans un endroit sensible.. je soutiens completement le maire de val de reuil qui en responsabilité a voulu eviter que cela ne dérape, il vous avait meme proposer d'autres endroit a val de reuil, de la part d'un ami déçu de votre comportement irresponsable,idiot et fort peu intelligent
Mickael Camus

Café radical a dit…

Allons Mickael, évitons les insultes... et essayons d'analyser les problèmes. Fallait ou ne fallait il pas faire un café radical sur ce thème ? A notre avis oui, tout simplement, parce qu'il est dans la tradition du café radical de traiter des questions qui se posent nationalement... Dire que c'est un problème que nous avons été chercher est un non-sens alors que toute la presse titre là dessus ... et que personne ne sait par quel bout prendre le problème. Nous, nous avons choisi de débattre de ce thème peu évident, et finalement ça s'est révélé l'un des meilleurs cafés que nous ayons eu.
Fallait-il faire le débat à Val de Reuil ? Pourquoi pas si nous en avions envie... Croit-on la population de Val de Reuil assez immature pour refuser qu'en son sein se déroule un tel débat alors qu'au coeur des communautés c'est un débat de plus en plus vif ...
Pour un républicain, aucun argument ne justifie que l'on refuse le débat.

mickael a dit…

Venant de moi olivier ce n'est pas une insulte quand je dis idiot ou débile ..; bon ... je suis enervé ok ! particulièrement parceque j'ai toujours eu de bons rapport avec le prg et trouvé les débats du café radical interessants et bien organisés sauf que là c'était une fausse bonne idée ! et d'accord tout débat est utile mais là je crois que vous etes tombés dans un piège en pleine période electorale...

Café radical a dit…

La date du café était prévu en décembre. J'ai dû la décommander à la suite de la demande de la députée, Cahntal Robin Rodrigo qui m'a prévenu quinze jours plus tôt. Elle m'a fait dire qu'elle pourrait en janvier, ce qui n'était pas une date idéale a priori, mais qui allait, m'a-t'elle dit se trouver au coeur de l'actualité puisque la commission allait rendre ses conclusions. Bingo ! Pour être au coeur de l'actualité, c'est au coeur de l'actualité... Malgré tout, si le maire de val de reuil n'était pas intervenu, le café aurait eu lieu à val de reuil, il y aurait sans doute eu moins de monde (enfin, pas sur) mais surtout, personne ou presque n'en aurait parlé ... cherchez l'erreur ! Et trouvez qui est tombé dans le piège... parce que, qui que ce soit à qui vous refusez la parole, il ne l'admettra pas !