mardi 29 décembre 2009

Un mort, ça sert à quoi ?

Erreur terrible. Je n'y croyais pas... Je ne pensais pas qu'un pouvoir puisse être assez aveugle pour envoyer à la mort un innocent au nom d'on sait quelle valeur d'exemplarité.
L'histoire d'Akmal Shaïkh est édifiante. La presse s'est fait l'écho de ce simple d'esprit embarqué dans un trafic de drogue par des manipulateurs sans scrupule. Il s'était rendu en Chine pour enregistrer un disque censé instaurer la paix dans le monde. La naïveté de son projet était peut-être plus grave encore, finalement, que le trafic de drogue au nom duquel il a été condamné... Sa chanson bêbête, illustré par un petit lapin prend d'un coup une tournure d'une exceptionnelle gravité... Et notre Akmal en devient malgré lui une icône de la lutte contre la peine de mort, dont la Chine est le triste champion du monde (selon l'ONG Amnesty International, la Chine procède chaque année à plus d'exécutions que l'ensemble des autres pays du monde, mais leur nombre exact reste un secret d'Etat. Amnesty estime le nombre d'exécutions en Chine en 2008 à 1.700).
Combien ça vaut un mort ?
Ci-dessus un manifestant iranien qui ne manifestera plus. Mais le pouvoir iranien sait déjà que sa répression sanglante ne mettra pas fin aux manifestations qui scandent la vie politique iranienne depuis les dernières élections. On avait accordé au fanatisme la force qui avait été nécessaire pour renverser le Shah en Iran, laissant place alors à la première république islamique de l'histoire. Une parenthèse historique peut-être ... la réaction du pouvoir face aux manifestants qui rejettent la fraude électorale montre bien son incapacité à résoudre les problèmes immenses de la société iranienne, et la volonté de sa jeunesse qui explose. Le langage de culpabilisation vis à vis de l'occident n'a pas de prise... La société iranienne, le pouvoir des mollahs semble s'effondrer de l'intérieur et la violence de la répression n'empêche rien de rien.
Les manifestations se radicalisent. On manifeste à visage découvert malgré la prison, les tortures et les poursuites judiciaires et de nombreuses photos montrent des policiers et des miliciens aux ordres du pouvoir se faire malmener par la foule.
Jusqu'où les pouvoirs dictatoriaux de Chine, d'Iran et d'ailleurs pensent ils devoir s'imposer par la terreur ?
La Chine essaie de maintenir le pouvoir d'un parti communiste dont les antiennes idéologiques ne sont même plus resservies ...
L'Iran essaie de maintenir le pouvoir d'une hiérarchie ecclésiastique dont les valeurs ont montré qu'elles étaient inadaptées à la société.
République Populaire de Chine, République islamique ? Allons, ce n'est pas ça la république... La république, c'est le pouvoir du peuple, c'est le courage du peuple contre l'oppression. La république c'est l'opposition à ces dictatures. La république, c'est le courage...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Finalement que veut dire le mot "radical" dans votre article ?
A-t-il le même sens que dans "café radical" ? ou est-il radicalement opposé ?
Excusez mon jeu de mots radical.

Sylvia Mackert

café radical a dit…

Etre radical, c'est prendre les choses à la racine, et la racine de l'homme c'est l'homme lui-même ... je crois d'ailleurs qu'il s'agit d'une citation de Karl Marx qu'on n'aurait pas situé politiquement du coté du radicalisme...
Pour être plus précis, l'histoire du radicalisme et du mot vient simplement de l'interdiction sous le second empire de se déclarer Républicain. Le premier à prononcer le mot publiquement dans ce sens aurait été Gambetta.
Or donc, plus prosaïquement, lorsque je dis que le mouvement populaire se radicalise, cela veut dire non qu'il se durcit, mais qu'il gagne en clarté, aboutissant à la critique du régime religieux et à un projet républicain... peut-être bientôt laïque... à voir, dans ce cas il s'agirait précisément d'une démarche très ... radicale

Anonyme a dit…

Dans le langage courant le mot radical signifie bien souvent "extrême", donc il peut y avoir confusion. Merci pour vos précisions.

Sylvia Mackert