lundi 12 mars 2018

café génial avec Benoit BITEAU

Benoît Biteau, un animateur hors-pair ! 
Bien sûr, on peut d'abord noter la forte participation au café radical. Ce n'était pas évident. Il y avait près d'un an que je n'avais pas organisé de café radical ... Tellement de stress, tellement d'incertitudes politiques à la suite de ces élections présidentielles qui ont bouleversé le monde politique... mais justement. Grâce à l'activité menée par les radicaux de gauche, on se rend compte que la politique reste un vrai sujet d'intérêt. Qu'elle est affaire d'engagement, qu'elle implique des choix et qu'elle nécessite des éclairages. 
Benoît Biteau était l'homme de la situation. Il intéresse et attire les foules sur le sujet essentiel du rapport de l'homme à la Terre avec un grand T, ou à sa terre avec un petit t.

La réponse est oui 

L'image donne une petite idée du succès du café radical
organisé autour de la personnalité de Benoît Biteau. La
configuration de la salle rendait difficile la participation de
tous au débat mais la qualité d'intervention de l'animateur
a permis à chacun de profiter au mieux d'une soirée unique
Très vite, j'ai oublié le stress naturel de tout organisateur d'événements. Arrivé avec un peu de retard, Benoît Biteau a tout de suite pris les choses en mains et raconté sa vie en ce qu'elle donne une leçon sur l'évolution de l'agriculture et à la question 
- "Une autre agriculture est-elle possible ?
Benoît Biteau répond d'emblée 
- OUI !"
Benoît Biteau raconte son expérience, par ailleurs confirmée par l'un des agriculteurs participants, qui me confirme que le père de Benoît Biteau a bien été dirigeant départemental de la FNSEA. Mais Benoît Biteau n'avait pas choisi cette voie et a fait le pari, après être devenu ingénieur agronome, ce qui lui a notamment permis de devenir cadre A de la fonction publique. 
Qui sait au fond ce qui a poussé Benoît Biteau à reprendre la ferme de son père ? Un attachement viscéral à sa terre ? La volonté de mettre en pratique ses idées ? Un peu des deux ou autre chose ? On ne lui pose pas la question parce qu'on passe tout de suite aux nombreux sujets passionnants qui relient l'être humain à son agriculture. 
Sans doute, la rationalisation de l'agriculture a-t-elle permis de nourrir les villes, mais elle a aussi aliéné toute une partie de l'humanité à ses ressources naturelles. Il s'est agi, comme le rappelle Benoît Biteau d'une industrialisation de l'agriculture, d'une exploitation des sols et des bêtes. Les agriculteurs ont été fiers de pouvoir ne plus être des paysans mais de devenir des exploitants. 

L'agriculture à la sauce fnsea ... une horreur sans fin ? Benoît Biteau préfère mettre une fin à l'horreur 

Pour Benoît Biteau, il n'y a pas loin d'exploitant à exploiteur. Il n'y a aucun intérêt à exploiter la terre. Ce qu'il veut, c'est vivre au pays, vivre de son travail, et vivre bien. Il explique à quel point la France agricole en particulier est victime d'un système victime d'équipements coûteux, qui rend l'exploitant dépendant des banques et des suites de l'utilisation de ces outils. Ainsi l'utilisation de produits chimiques certifiés monsanto, pesticides dont les conséquences sont souvent tragiques pour la santé des agriculteurs, ont aussi des conséquences sur les sols qui impliquent un coût de réparations et imposent de rentrer dans un cercle vicieux sans fin ...
Jean Michel Gantier est intervenu plusieurs
fois dans le débat permettant à Benoît
Biteau de clarifier ses positions
Sans fin ? Pas vraiment pour Benoît Biteau qui explique qu'il a renoncé à réutiliser l'équipement coûteux qui devait lui permettre la culture du maïs avec un système d'irrigation imposé et bien sûr invendable puisqu'il était dédié à la ferme qu'il venait d'acquérir. Benoît Biteau a fait le choix d'irriguer autrement, parallèlement à celui de gérer autrement sa terre en faisant le choix de n'utiliser ni les équipements ni les produits mortifères, et de sortir de la logique d'exploitation des terres au mépris de la qualité de la production agricole.

Ce qu'il a dit n'était rien d'autre que ce qu'il exprimait déjà avec force dans son ouvrage "Paysan résistant !" dont il a dédicacé plus d'une vingtaine d'ouvrage à la fin des débats. Merci au passage à la librairie A la page de Louviers qui nous a fourni les exemplaires et a aménagé sa devanture pour l'événement.
Les débats furent riches, complets, et parfois houleux. 

La Fnsea s'invite dans le débat ... Tant mieux !

Benoît Biteau n'a pas sa langue dans sa poche. Il est politique, mais la politique est un combat. Il a dénoncé sans  pitié la Fnsea, y compris face aux agriculteurs locaux affiliés à ce syndicat tout comme l'était d'ailleurs le père de Benoît Biteau. C'est dire que Benoît Biteau connait bien son sujet. 
Témoignage précieux d'un agriculteur bio
soutenant le projet de Benoît Biteau
L'origine de la Fnsea peut être contesté, mais au delà Benoît Biteau a dénoncé un fonctionnement peu démocratique et mettant la grande majorité sous la coupe des banques et de l'industrie chimique, et les laissant dans une grande détresse financière. Il a aussi critiqué la capacité des grands syndicats d'exploitants à organiser des émeutes coûteuses pour les équipements publics, allant parfois contre l'intérêts des agriculteurs. 
M. Viel, agriculteur à Montaure a défendu
avec cran la Fnsea, ce qui, vu le contexte
était rien moins qu'évident.
Le débat a été marqué par des témoignages riches et précieux d'agriculteurs et de consommateurs sur le choix d'une agriculture biologique respectueuse de l'environnement. 
Laetitia Sanchez, conseillère régionale est intervenue pour soutenir le combat mené par Benoît Biteau. 
Isabelle Amaglio a soulevé le problème de la politique européenne et de ce qui devait être défendu lors des prochaines élections. Ceci a permis à Benoît Biteau de rappeler à quel point la politique de préservation de l'environnement mené au niveau de l'Europe s'est souvent heurté à la pression de la Fnsea et des productivistes. 
Jean-Marie Martin, président de Biocoop dans l'Eure a soulevé le problème de la prise en charge par les grands distributeurs des produits agricoles de qualité qui se traduisait par une baisse des prix nuisible au maintien d'une agriculture de qualité et au maintien du projet associatif mené par biocoop.
Pascal a rappelé  l'importance de l'activité
politique. Il évoqué le travail de la 
municipalité Martin, créatrice de la 
communauté d'agglomération Seine-Eure 
et son action novatrice pour la préservation 
des ressources en eau, cette réalisation est
citée en exemple dans la France entière.
Pascal Labbé, ancien adjoint de la municipalité Martin et connu pour son action dans la défense de l'environnement a souligné l'importance de l'action politique. 
Surprise : Benoît Biteau connaissait parfaitement l'agglomération Seine-Eure, créée par Franck Martin, et son traitement exemplaire des ressources en eau, en lien avec une agriculture biologique. 

Débats filmés

Les débats denses ont été filmés par André Notheaux et seront prochainement mis en ligne ce qui permettra à tous ceux qui n'ont pu participer (je me dois de le rappeler, le nombre de participants est d'autant plus exceptionnel que le débat a eu lieu pendant les vacances de février). 
Enfin, un débat qu'on n'est pas près d'oublier. Mais au delà du chiffre, il faut surtout faire état de la satisfaction des nombreux participants. J'ai eu, en fin de soirées des propositions de sujets pour des cafés radicaux à venir. 

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