dimanche 17 décembre 2017

Histoire de la médiation sociale à Louviers

VIE ET MORT D'UN SERVICE


Insidieusement ou directement, la municipalité Priollaud n'a de cesse de détruire l'oeuvre que la gauche a patiemment construite pendant près de 20 ans.

Hafidha Ouadah ,avec son nouveau 
collègue Daniel Jubert. Lors du conseil 
municipal, l'ex-agent de médiation a 
évoqué le travail remarquable effectué
par le service de médiation sociale. 
Il n'y a pas que les mesures soudaines, brutales, les imprécations, il y a aussi l'érosion organisée des activités mises en place et qui ont démontré leur efficience et leurs succès. La mort du service de médiation sociale est officielle depuis le dernier conseil municipal du lundi 12 décembre qui a rayé le poste de chef de service du tableau des effectifs.
Or le service de médiation sociale, souvent cité en exemple, a été emblématique de la politique menée par les municipalités Martin de 1995 à 2014. 

Un concours de circonstances

Lorsque l'équipe de Franck Martin prend en main la municipalité, l'absence de structuration des services lui saute aux yeux. De l'action volontariste et novatrice menées 12 ans plus tôt par le Comité d'action de gauche, il ne reste plus rien qu'une dégradation savamment organisée par la gestion conservatrice de Proust-Lantenois. Le projet était simple : faire des économies sans faire de vagues (Odile Proust avait une expression : faire l'édredon), c'est à dire jouer sur le découragement des acteurs locaux et ainsi viser à ce que soit rangé au rayon des souvenirs le formidable laboratoire d'idées initié par la gauche lovérienne.
En 1997, après quelques actions militantes en direction de la jeunesse (Réveille-ta ville), le diagnostic révèle la nécessité de l'élargir en lui donnant une dimension sociale. Ce diagnostic avait été mené conjointement par les services de l'Etat et de la Caf. 
Parallèlement, le nouveau gouvernement créait les emplois-jeunes, sous l'impulsion de Martine Aubry, Ministre du Travail. Ces emplois aidés allaient être supprimés par François Fillon ministre des affaires sociales du gouvernement Raffarin, mais c'est une autre histoire ... même si des événements récents rappellent cette triste pratique.
Parce qu'il est vrai que si le service a pu être créé sans gréver lourdement les impôts des lovériens, c'est précisément grâce à ces emplois aidés qui ont permis le recrutement de jeunes lovériens. Ceux-ci ont ainsi travaillé à temps partiel parallèlement à une formation de l'Ifen (Institut supérieur de formation de Normandie), adaptée au cadre de ce nouveau métier et dispensée sur place, s'appuyant sur les exemples vécus.
Il s'agissait d'une fonction novatrice en ce que les agents de médiations avaient pour mission de se rendre auprès des jeunes en difficultés et par la même de résoudre les problèmes qui en résultaient dans les quartiers. Très vite, il s'est bien sûr avéré évident qu'on ne pouvait traiter les difficultés liées à la vie collective en s'adressant uniquement à une classe d'âge. Les médiateurs sociaux ont par exemple eu à traiter le déménagement de personnes âgées et isolées en maison de retraite. 
C'était, il est vrai, l'époque révolue où des réunions de quartiers étaient organisées et où l'on écoutait les habitants avec attention. Aujourd'hui, la municipalité pense qu'en changeant le nom des quartiers, qu'en les appelant village, on résout tous les problèmes. C'est une autre vision de l'activité municipale. 
L'action menée par les médiateurs sociaux avait d'ailleurs été co-financée par les bailleurs sociaux très intéressés par les conséquences positives du travail mené dans les habitats collectifs. Les médiateurs sociaux face aux situations les plus difficiles n'ont jamais perdu le sens de leur mission et n'ont jamais cessé de perfectionner leurs actions menées tant auprès des particuliers que des institutions, qu'elles soient municipales, sociales, juridiques ou judiciaires. Ainsi, formés au début collectivement, ils ont aussi suivi des formations individuelles confortant leur assise professionnelle dans un service qui n'a cessé d'évoluer positivement. 
C'est ce que l'équipe Priollaud n'a pas compris, et qu'elle aura mis trois ans à liquider, la plaçant administrativement et géographiquement sous la coupe du Centre communal d'action sociale. 
Le débat du dernier conseil municipal a clairement situé les enjeux du débat. Leila Seghir, conseillère d'opposition a regretté que le service soit une nouvelle fois contraint de déménager. La première adjointe Anne Terlez a confirmé qu'elle n'avait pas l'intention de  remplacer son chef de service en ayant le culot de dire qu'elle prolongeait son action.
Image d'une équipe municipale insensible aux besoins
spécifiques de la commune.
Pourtant, dans le camp-même de la majorité, le service a été défendu ... mais trop tard. Hafidha Ouadah, dont la carrière professionnelle doit une très large part à ce service (dont elle était faisait alors partie) a pu expliquer tout son intérêt ... face à l'incompréhension de sa propre équipe. 
Trop tard !
Ses mots ont résonné comme un requiem dans la tête de la première adjointe. La démarche visionnaire de la municipalité Martin laisse place a une gestion à la petite semaine. Tant pis pour Louviers, tant pis pour les habitants. 

  








Aucun commentaire: