mardi 29 mars 2016

Où sont les filles des Forges ?

Disons-le tout net, c'est bien à cause de la chanson que je tenais à visiter les Forges de Paimpont, visite plusieurs fois remise, pour des raisons diverses, avant que mon entêtement ne prenne le dessus.
Joli chanson, chère à mon cœur, que ma petite amie d'alors aimait à chanter. C'était la mode du folk, et la Bretagne commençait à bretonner sympathiquement aux oreilles d'une partie de la jeunesse française. Par son seul nom Paimpont, il est vrai, est porteur d'une joyeuse musicalité. 
Ce n'est qu'un peu plus tard que j'ai découvert que la forêt de Paimpont était assimilée à celle de Brocéliande, terre de légendes, qui fascinait entre autre, la jeunesse étudiante rennaise. C'était le moment de la renaissance des identités locales, dans une ambiance encore bon enfant, et l'on revendiquait dans une France si centralisée, le basque, le breton, l'occitan comme autant d'exotisme que je vivais comme autant de désinvolture.
Bref ! Des raisons familiales m'amenant de plus en plus à l'ouest de Rennes et à proximité de Paimpont, je me devais de faire la visite des Forges, un lieu un peu perdu, bien séparé du village, au bas de la côte. 
L'entrée du site. 
Ce fut fait pas plus tard qu'hier. La barrière fermée a failli me décourager une nouvelle fois d'accéder aux vieux baraquements sauf que, barrière fermée ou pas, un panneau indiquait que le lieu était visitable. 
De fait, le maître des lieux apparut sous l'averse pour dire qu'il avait fermé parce qu'il pensait que personne ne pourrait avoir l'idée de visiter les lieux par un temps pareil. Sauf qu'une éclaircie se produisit à la fin de sa phrase, semblant donner raison au folklore environnant, aux fées Morgane, Viviane, et autre enchanteur Merlin, semblant faire revivre le Saint Graal en banlieue rennaise. 
Hélas, dès le début, M. Levesque, propriétaire et animateur de la visite tordit le coup à la légende. Non, les forges ne se sont pas installées au cœur d'un site exceptionnel.Hélas, dès le début, M. Levesque, propriétaire et animateur de la visite tordit le coup à la légende. Non, les forges ne se sont pas installées au cœur d'un site exceptionnel.

 C'est au contraire l'activité industrielle qui a aménagé le site, tant du point de vue hydraulique que forestier. Il a fallu planter des arbres qui poussent vite, et rapidement exploitable pour pouvoir alimenter le feu des hauts fourneaux des plus grandes forges de Bretagne et ce, dès le 18e siècle. Le minerai était lui exploité depuis avant Jésus-Christ. 
Planche de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert.
Où le savoir se lie à la naissance de l'industrie.
L'industrie forge le paysage et non l'inverse. Tant pis pour les défenseurs d'une nature qui n'existe pas en soi, mais qui est celle que l'homme a aménagé pour ses besoins, pour en vivre d'abord et qui y a transposé des légendes qui permettent dans un deuxième temps de faire vivre un tourisme bon enfant. 
La connaissance n'a pas pour but
de renoncer aux légendes grandioses
 qui ont bercé les mythes de l'Occident.
Nul n'en est propriétaire.  
Le monde environnant, lui était voué à cette industrie qui, selon les métiers permettait la survie de toute une population, des métiers nobles de l'industrie et de la forge, à ceux moins considérés et tout aussi durs, de la fabrication du charbon de bois. 

Un seul conseil après ce grand moment : allez visiter les Forges de Paimpont. Ce sera une leçon de vie, d'histoire, de vérité et de physique ... et permettra, ce qui n'est jamais inutile, de balayer par le savoir des illusions toujours néfastes sans vous empêcher de rêver devant ce monument grandiose de l'histoire de l'homme. 
Reste une interrogation à jamais irrésolue : 
Où sont les filles des forges ?

Pour plus de renseignements, cliquer http://forgesdepaimpont.fr/Visites-des-Forges-de-Paimpont

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