dimanche 13 octobre 2013

Après Brignoles

Brignoles, ville gérée par un maire communiste, devenue ville
symbole après la victoire de Laurent Lopez, du Front National
 avec près de 54 % des voix devant une candidate de l'Ump.  

Le prévisible étant advenu, il s'agit maintenant de s'appliquer la maxime de Spinoza : "ni rire, ni pleurer, mais comprendre", en fait, mieux que d'analyser la situation, il faut aussi se tracer une voie pour l'avenir, et même l'avenir immédiat puisqu'il s'agit très pratiquement de préparer une année électorale particulièrement riche. 

Brignoles illustre en tous les cas une chose : en cas de difficulté, le corps politique, comme l'individu a naturellement tendance à faire le contraire de ce qu'il faudrait faire ... et ce comportement a tendance à l'enfoncer plus certainement dans la crise.
Deux écueils sont naturellement à éviter : le déni et la culpabilisation.
Le déni
Les signes sont suffisamment nombreux pour alerter les amoureux de la démocratie et de la République. La lepenisation des esprits existe bel et bien. Il règne un sale climat et l'on entend de plus en plus autour de nous des réflexions rappelant ce que l'on a pu vivre en 2005, avant le référendum sur la constitution européenne. Bien sur, éviter le déni, ne veut pas dire dramatiser la situation, voir à ce sujet l'analyse intéressante de Mathieu Géniole sur le blog du nouvel obs.
 Nous ne sommes pas dans le fascisme, au sens où le fascisme correspond à un mouvement historique offensif, définissant le projet de l'homme nouveau comme réponse à une grave crise politique.
Le discours de Marine Le Pen est insupportable. Il est nul, il est plein de mauvaise foi, il rassure les impuissants, câline les racistes, ce qui est toujours porteur de danger, mais il n'est pas fasciste. En un sens, il est bien pire, parce qu'il est défensif, négatif, il ne porte par de projet, il est dans une critique permanente, s'appuyant sur un passé dépassée, de celle qui a amené toutes les compromissions durant la longue période de la collaboration dont la France n'est toujours pas remise. Maintenant, le parti peut-il devenir fasciste ? Honnêtement je ne le pense pas. Je pense cependant qu'en cas d'alliance Fn Ump, ce dont rêve Marine Le Pen, le Front National trouverait en son sein de quoi créer une dissidence pouvant se transformer en parti fasciste si les circonstances historiques le permettaient.
Baruch Spinoza sans qui la pensée occidentale
ne serait pas ce qu'elle est. 

La culpabilisation 
La culpabilisation n'est jamais la bonne réponse, en politique comme dans la vie. Dire que les politiques n'ont pas fait ce qu'il fallait est un leurre. La République, la démocratie ont leurs défauts, pour reprendre la formule de Churchill, ils sont le pire des systèmes à l'exception de tous les autres. Voir la politique comme la cause du désespoir des populations est une double erreur. Les gens ne sont pas désespérés ... enfin certains le sont, mais pas plus que d'habitude. Mais les gens sont énervés. Enfin, beaucoup plus. Beaucoup plus d'énervés que de désespérés. Une formule circule actuellement : j'en ai ras-le-bol, je vote front national. Ce n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c'est que cela ait tant de succès. J'ai tendance pour ma part à y voir le symptôme d'une demande d'individualité, de faire en sorte pour l'électeur que sa voix ne passe pas inaperçue, ce qui, bien entendu, est ridicule.
Nous vivons un monde complexe, en quête de simplicité et qui donne aux politiques une tendance aux discours simplistes. Là est au fond le reproche majeur qu'on puisse faire aux politiques : vouloir se faire comprendre de leurs électeurs, et pour y parvenir, d'utiliser la mauvaise foi et le mensonge. C'est toutefois du côté du front national et des populistes que l'on en trouve les meilleurs adeptes car telle est la possibilité offerte par une opposition systématique qui n'a besoin de s'appuyer sur aucune autre cohérence que la dénonciation paranoïde du "système".
Si pénible que cela soit, les politiques n'ont d'autres solutions que d'être sincères, pédagogues et de poursuivre leur travail, de défendre leur projet, même s'ils ont du mal à se faire entendre et ce, qu'ils soient de la majorité et de l'opposition. Ce n'est pas facile. Tout en effet est là pour les pousser à la faute. Les politiques, sous la pression populaire, ont développé la transparence, ont renoncé au cumul des mandats, contribuant ainsi à laisser croire qu'ils étaient une caste éloignée des soucis de la population, ce qui est faux dans la majorité des cas (enfin, avec la fin du cumul des mandats, il est vrai qu'on risque d'avoir de plus en plus d'élus qui ne savent pas ce que c'est qu'une mairie en terme de réponse à la misère au quotidien ... ). Telle est la dure loi de la politique comme celle de l'activité humaine : au delà des jugements de l'immédiat et de l'hystérie collective, l'intelligence, la qualité et la quantité de travail finissent généralement par avoir raison.

1 commentaire:

Sylvia Mackert a dit…

j'espère qu'à Louviers cela restera comme d'habitude, des coups de colères qui retombent et que la raison prendra le dessus, il faut juste rappeler tout ce qui a été fait de positif au cours de tous les mandats.
Ensuite les gens ont ras-le-bol de la précarité, de l'augmentation du coût de la vie et de ne pas réussir à progresser parce qu'on rajoute sans arrêt des impôts et taxes sur plan national, sur le plan local c'est encore différent, mais bon, pour exemple en 2011 je payais 13 Euros de TH et en 2013 : 26 Euros, le double. La redevance télé s'est rajouté avec l'élection de F Hollande et de 125 E en 2012 elle est passée à 131 en 2013, ce qui fait beaucoup pour un bénéficiaire du RSA dont toutes les factures, loyer et chauffage y compris, augmentent. Mes impôts ont donc beaucoup augmentés, mais je ne suis pas "suicidaire" et je ne voterai pas FN pour d'autres raisons. Ce serait mettre la démocratie en péril, surtout que la famille Lepen continue dans la tradition avec des cultes du parti FN voués à Jeanne d'Arc... bref pas très démocratique dans une république laïque où il y a aussi beaucoup de "non-croyants", athés et autres religions. Il faut se poser les bonnes questions et faire "méa culpa" dans certains cas et voir ce qu'on peut faire mieux la prochaine fois, si on veut que cela continue surtout au niveau de la démocratie participative qui risque de disparaître aussi si quelqu'un d'autre passe. Le PS parle de démocratie participative, mais j'ai en mémoire "qu'il faut filer droit", donc aucune démocratie à mes yeux s'il faut filer droit.
bref, être à l'écoute et en débattre, dresser une liste des doléances comme à la révolution...