mercredi 13 février 2013

pour une internationale laïque

L'assassinat de Choukri Belaid donne toute son actualité au
combat pour la laïcité. Des deux côtés de la Méditerranée,
le besoin de liberté est indispensable à la construction d'une
république moderne.   
La laïcité n'est plus ce qu'elle était. Elle apparaissait comme le débat d'arrière-garde d'une bande d'anti-calotins obsessionnels, s'attaquant à une église qui s'était mise hors jeu de la société. Maintenant, pour diverses raisons, on se rend compte que rien n'est plus actuel, rien n'est plus universel que le combat pour la liberté de culte, pour la séparation entre les églises et les Etats. Comme Pierre Mendès-France a fondé le principe d'une République moderne il y a une cinquantaine d'années, il faut asseoir les bases d'une laïcité moderne. Il s'agit d'une mission radicale par excellence.
La séparation, un sacré moment de
notre Histoire. Les jalons posés tiennent
toujours en place, en dépit du choc
provoqué à l'époque. La modernisation
de la laïcité,  un chantier radical

Il faut redéfinir la laïcité.

Bien sur, depuis quelques années,  l'actualité nous donne chaque jour des images glaçantes de l'intégrisme religieux, qu'il s'agisse des abrutis de Civitas, ou des sordides islamistes qui se soulagent de leurs frustrations en faisant endurer aux plus faibles les conséquences de leurs lubies qu'ils transforment en loi divine.
Nous avons eu le foulard en 90, la burqa, les manifestations contre les spectacles jugés irrespectueux pour la religion. Tout cela est bien-sûr inacceptable et le droit au blasphème est intrinsèquement lié à la liberté de penser, à notre histoire et à notre culture.
Libération de ce jour (qui suit l'annonce de la démission du Pape Benoît XVI) réclamait la démission de Dieu en affirmant "ses troupes et ses prêtres ne cessent de diminuer, pourtant l'Église catholique, comme l'islam, cherche de plus en plus à peser sur le débat public et imposer des idées réactionnaires.
La burqa est une insulte. Une insulte aux
institutions, à la condition de la femme, à
la République, il s'agit toutefois d'une
provocation marginale. Le vrai combat
pour la laïcité se passe ailleurs. 
Pour insupportable que cela soit, cela n'est pas vital. Bien sûr, les concessions faites sous la pression des groupes confessionnels ou d'individus mal emmanchés concernant la présence de porc dans les aliments, les tenues vestimentaires etc. sont autant de sujets de frictions. Elles sont d'autant plus énervantes lorsqu'elles sont relayées par des groupes d'extrême droite, s'insurgeant au nom d'une laïcité qu'ils combattu jadis.
Mais voilà, lorsque la laïcité est défendue par l'extrême droite, c'est bien la preuve que ce combat-là est gagné. On a pu voir aussi que la mobilisation de l'église contre le mariage homosexuel n'a pas fait bouger l'état de l'opinion française sur le sujet, si ce n'est en sens inverse. La mobilisation religieuse a provoqué en retour l'affirmation dans la société française du refus de se retrouver soumis à une influence de type religieuse.
Burqa, mariage homosexuel, porc dans les cantines, viande hallal, provocations de Charlie hebdo, tous ces débats sont intéressant parce qu'ils nous permettent de mesurer le niveau de notre République laïque, prise entre l'affirmation des valeurs de liberté, d'indépendance vis à vis des religions, et de la tolérance, y compris vis à vis des intolérants. C'est un sujet sur lequel, personnellement, je choisis de me prononcer au coup par coup, en fonction de mes principes et de l'analyse des évolutions sociétales qui imposent à mon sens la nécessité d'une modernisation des principes de la laïcité.
café radical sur le port de la burqa. Beaucoup de monde, un
débat passionné, un très beau souvenir 
La laïcité du début du 20e siècle met fin à des siècles d'emprise d'une religion sur le pouvoir. La laïcité s'impose après les combats menés par les révolutionnaires de 1789 contre la religion catholique toute puissante. Et la laïcité s'impose tellement qu'elle fera partie des attributs de l'État Français dans sa toute puissance politique et militaire.
Tout ceci a heureusement été remis en cause par ce qu'on a appelé le printemps arabe et qui est une complète remise en cause de l'organisation du monde.



La réponse militaire ne peut pas être satisfaisante. Le soutien
international aux laïques doit d'abord être politique. La laïcité
doit être portée par la société civile, et être la condition du
soutien international
Le printemps arabe est plus que le révélateur de notre propre histoire, il en est la continuation.  Souvenons-nous des propos abominables de Michèle Alliot-Marie proclamant à l'assemblée nationale que la France allait envoyer des CRS à Ben Ali pour montrer comment mâter une rébellion sans faire trop de morts. Il y avait dans ces propos toute la suffisance de l'ancienne puissance coloniale. Quoi d'étonnant alors qu'apparaisse un désir d'identité, s'appuyant notamment sur les pratiques religieuses. Sauf que le printemps arabe n'était pas que cela. Il était le la fenêtre ouverte d'une société étouffée, qui ne supportait plus la langue de bois de la dictature de Ben Ali, lui-même dans la soumission à la France et aux puissances occidentales, sans que cela n'apporte rien d'autre que la pérennité du désespoir. 
hier, aujourd'hui, demain, la laïcité
Or, la Tunisie n'a été que le théâtre des prémices de ce qui est en train de bouleverser le sud méditerranéen et africain.  Jouant sur l'hostilité envers l'ancienne puissance coloniale, l'islamisme se développe militairement, et pèse de tout son poids idéologique. A ce titre, si l'intervention militaire se révèle parfaitement justifiée, en ce qu'elle assiste notamment une population en danger, elle en saurait constituer une réponse. Et la réponse, elle était clamée par les Maliens libérés après des mois de cauchemars sous la tutelle des intégristes : nous voulons la laïcité. 
Le présent, l'avenir, c'est la laïcité. En sortant des tutelles dictatoriales, néo-coloniales, la question de la laïcité vient inéluctablement sur le devant de la scène politique. La laïcité   est le contraire de la poursuite de la domination idéologique de l'occident, elle est le moyen de la modernisation et de l'autonomie des nations. Les républicains doivent tenir toute leur place dans ce combat. Nous sommes attendus. Nous n'avons pas le droit de décevoir les populations en quête d'émancipation, face aux dangers réels qui les guette. 
En France, en Tunisie, en Turquie, sur le pourtour méditerranéen, mais aussi en Pologne où le poids de l'église pèse sur toute la société, la laïcité c'est le présent et l'avenir. Les radicaux doivent être au coeur de ce combat.
Ci-après, le discours de Moncef Marzouki, le jour même de l'assassinat de Choukri Belaid devant le parlement européen, plein de raison et d'émotion. L'avenir de la Tunisie comme des peuples africains et arabes est dans la démocratie. Vous pouvez y avoir accès en cliquant .








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