dimanche 11 novembre 2012

Crise et fracture territoriale

Davezies un matin sur France inter.... ça réveille !a

L'approche de Laurent Davezies 
appliqué à la Case

C'est pourtant vrai. Bien qu'elle soit au cœur de l'actualité depuis plus de 4 ans, la crise économique a rarement été traitée sous l'angle de ses conséquences sur les territoires. 
Laurent Davezies a créé la sensation il y a une quinzaine de jours sur France Inter, où il était appelé à commenter son bouquin : la crise qui vient, la nouvelle fracture territoriale
Laurent Davezies est un chercheur expérimenté en économie, professeur au Cnam. Il travaille sur les chiffres fournis par l'Insee et s'appuie sur des données de bases qui permettent d'évaluer d'où l'on vient, où l'on risque d'aller et de se débarrasser des idées aussi fausses que nombreuses qui accompagnent la situation économique que nous vivons.

Des chiffres et des lettres, sur 120 pages,
mais un message assez clair : les territoires
doivent s'adapter.
Au delà de la vision que nous pouvons avoir de la crise et de ses impacts locaux, il convient aussi, égoïstement  de déterminer l'impact que celle-ci peut avoir sur notre territoire et ses conséquences sur l'action géopolitique. Ainsi, nous déterminerons si la politique de développement économique était adaptée à la situation et comment celle-ci peut être infléchie en fonction des perspectives.
1ère réalité, la France, jusqu'ici, a assez bien résisté à la crise. Bien sur c'est un message insupportable pour ses victimes mais deux raisons essentielles ont empêché que ses ravages ne s'étendent. 
La première est que la crise a été moins forte en France qu'ailleurs, la France n'étant pas entrée en récession. depuis 2008, bien qu'ayant un taux de croissance insuffisant pour enrayer le chômage, et notamment le chômage industriel. 
La seconde est que l'organisation de la société française a empêché que la crise ne renforce les différences entre les territoires. 
Le problème est que cette situation ne peut pas durer dans le cadre d'une crise durable. Ainsi, la crise de la dette, élément finalement assez nouveau dans l'économie mondiale, mettra forcément à mal le modèle français qui permet à l'ensemble du territoire national de bénéficier de l'activité économique de la région parisienne et des grandes métropoles ... mais surtout de la région parisienne qui fait qu'un francilien va y travailler toute sa vie, voire ses impôts répartis nationalement sur l'ensemble des régions, et va passer sa retraite en Corrèze.
On le sait, enfin, presque tout le monde le sait, même si certains, à l'extrême gauche notamment font semblant de na pas le savoir, le problème, quand on est endetté c'est que l'endettement ne sert plus à lancer de nouvelles activités, créatrices de richesses qui permettront un équilibre financier subséquent. Cela n'est plus possible avec une croissance à 1 %. 
Les conséquences en sont nombreuses et les conséquences sur les territoires sont nombreuses. Pour Davezies, il y a des territoires sacrifiés sur le plan industriel, mais ces sacrifices sont compensés par le service public dans les territoires. Certes, les territoires sacrifiés connaissent des conséquences qui agissent sur la structure même des foyers, se traduisant notamment par la chute de l'emploi industriel masculin. Il remarque que la conséquence politique se traduit par une montée du Front National dans ces territoires. 
En fait, pour Davezies, la compensation des emplois perdus, ne peut se faire en dehors de territoires intégrés, capables de produire répondant aux nouvelles exigences industrielles. 
Pour l'instant, certains territoires s'en sont tirés grâce à l'emploi public, proportionnellement plus développé dans les territoires en perte de vitesse qui sont toutefois à même de s'en tirer s'il bénéficient d'un attrait en raison de leur paysage ... tel n'est pas le cas de toutes les régions françaises, même si un peu partout s'est développé une valorisation du tourisme de proximité et du patrimoine. Ainsi, l'emploi public va avoir tendance à se raréfier et un vrai choix politique devra se faire entre la poursuite d'une solidarité entre les territoires basée sur le principe d'égalité, et la nécessité de valoriser la réussite de certains territoires. 
Bien, me direz-vous ... et concrètement ? 
Concrètement, je vous propose d'appliquer sur notre territoire Seine-Eure en voie d'élargissement les préceptes de Laurent Davezies
La politique de notre territoire a constitué à mettre en valeur nos atouts, tant sur le plan de son attrait patrimonial et touristique que sur le plan des relations avec les territoires voisins et notamment la Métropole et de s'inscrire dans le projet du Grand Paris. Effectivement, le dynamisme du territoire, ne peut s'exercer sans lien avec la métropole voisine, d'où l'intérêt de la création récente du pôle métropolitain, et du développement des liaisons avec le pôle universitaire. Il convient donc de tout faire pour densifier les échanges, d'où l'importance des infrastructures qui nous relient au grand Paris ou à la métropole tels que le contournement-est de Rouen ou la plate-forme tri-modale. 
Inauguration de l'école de musique à Louviers. La valorisation du
patrimoine, parce qu'elle donne du bonheur aux habitants, a aussi une
fonction économique en renforçant l'identité d'un territoire directement
concerné par l'axe Seine et le grand Paris et la proximité de Rouen. 
A ce titre, il est important de souligner que les revendications d'un emploi sans défendre ni ces infrastructures ni les diversifications de l'emploi sont parfaitement incohérentes, voire parfaitement réactionnaires, s'appuyant sur une vision dépassée du développement économique. Le travail des autorités publiques consiste effectivement à veiller, comme le rappelle sans arrêt Franck Martin, le président de l'agglomération, à ce que les infrastructures soient des outils pour un lien renforcé avec la métropole rouennaise et le grand Paris afin de profiter des atouts métropolitains tout en étant capable d'offrir un cadre de vie que les grands métropoles ne sont pas capables d'offrir. 
On ne m'en voudra pas d'avoir synthétisé à l'excès un ouvrage chiffré et référencé, et surtout de l'avoir appliqué à la situation très particulière de notre territoire. Ce qui saute aux yeux, à la réflexion, est tout l'intérêt, en dehors du travail sur les infrastructures, de valoriser notre patrimoine, ce que la restauration du cloître des Pénitents, avec en son sein l'école de musique a magnifiquement illustré. 
Fort d'une identité historique puissante, situé sur les grands axes de développement, jouxtant une grande métropole et situé sur l'axe du Grand Paris, notre territoire bénéficie des meilleurs atouts. Cela peut se mesurer aisément à la lecture de ce qui différencie un secteur en difficulté d'un secteur d'avenir. S'inscrire en dehors de cette situation géopolitique serait suicidaire. 

Aucun commentaire: