lundi 5 avril 2010

Syndiquer les gendarmes ?

Une seule force de l’ordre sur le territoire national, ça peut se défendre …
C’est une position que j’avais défendu lors de débats à l’intérieur du prg. Mes arguments n’étaient pas tout à fait les mêmes que ceux de notre président de la République.
Il n’y a pas de raison objective pour que le maintien de l’ordre et de la tranquillité publics sur le territoire ne dépendent pas du ministère de l’intérieur. Pourquoi envenimer la guerre des polices, en rajouter encore en faisant dépendre de deux hiérarchies différentes le maintien de la sécurité publique selon qu’elle s’exerce en territoire urbain ou rural ?

Le ridicule du pouvoir
Or, voilà que de cette question intéressante, le pouvoir central ne met en avant que des mouvements de menton parfaitement ridicules…
Ainsi, alors même que l’on envisage de faire évoluer le statut des gendarmes, c’est au nom de ce propre statut, que l’on sanctionne le plus durement possible Jean-Hugues Matelly (photo), chercheur au CNRS et chef d’escadron, pour avoir dit ce qu’il pense.
Le voilà donc suspendu, dans l’attente d’un jugement du conseil d’État. On espère que ledit conseil d’État relèvera l’incohérence qui consiste à autoriser un militaire lié au devoir de réserve et à la soumission à la hiérarchie à être en même temps chercheur au CNRS et à avoir alors un devoir de liberté.
L’affaire ne s’arrête pas là… et à mon avis ne s’arrêtera pas là. L’ADEFPROMIL ( Association de défense des professionnels militaires) a commis un poème clin d’œil sur le sujet, et une enquête a été diligentée par la hiérarchie qui dit avoir confondu l’auteur des vers de mirliton[1].

Mon point de vue radical : les gendarmes et les militaires doivent pouvoir se syndiquer

Pour les radicaux, tout ce qui porte atteinte à la liberté est suspect, comme tout ce qui porte atteinte à la réflexion. Ainsi défendre l’unification des forces de sécurité ne doit pas avoir pour conséquence la défense d’un ordre militaire suranné et dépassé.
Le problème de la syndicalisation de la gendarmerie se pose très clairement depuis la révolte des gendarmes de 2001. Il pose par ricochet le problème de la syndicalisation de l’armée, tout simplement parce qu’une société ouverte, comme la notre ne peut rester dans des schémas d’organisation coupés de la réalité sociale, se claquemurant dans des ghettos d’où sortent traditionnellement les émanations les plus nauséeuses.
La modernisation de la sécurité publique ne passe pas seulement par l’unification du système de commandement, mais surtout par sa réforme. La France a besoin d’une force publique moderne, ouverte, représentative de la société française, et capable de réfléchir sur elle-même et sur la société. Les gendarmes intégrés ou pas dans la police, doivent pouvoir se syndiquer au même titre que les policiers. Tel est l'une des conditions de la modernisation de la sécurité publique.

Il ne semble pas que ce chemin audacieux indispensable soit celui du Président de la République.

[1] IL PLEUT SOUS NOS KÉPIS !
Il faisait beau alors, le jour où j’ai signé !
Je me souviens comme j’étais fier de m’engager,
D’être formé à ce métier par mes aînés…
Du bon droit je voulais être le soldat,
Dans le respect des traditions et des hommes.
Du citoyen, à tout faire je serai l’homme !
De ma personne alors, j’ai donné sans compter.
Ma famille dans cette voie s’est trouvée liée.
Mes devoirs étaient les siens sans qu’elle ait signé…
Nos Gradés, nos Officiers étaient nos modèles.
Ils savaient nous motiver et nous ordonner.
Alors nous étions soudés, unis et fidèles…
Nous savions des sacrifices la juste raison,
Et étions tous reconnus “Servants de la Nation !”
De la France, la plus noble et vieille Institution.
Un nouveau Roy fût nommé, et tout a changé.
Diviser pour mieux régner, tel était son but !
Il y parvint bien, précipitant la chute !
Pour ce faire, il choisit bien parmi les nôtres,
Ceux d’entre eux les plus vénaux, les moins fidèles,
Leur fit tant miroiter, qu’ils furent ses “apôtres”.
Ces vendus et parjures aujourd’hui, ont ourdi
D’enterrer sans coup férir notre belle histoire…
De nous taire ils nous ordonnent, arguant : “Tout est dit !”
L’un des nôtres osa parler sans démériter,
Se faisant ainsi le râle de notre douleur…
Il fût vite éliminé par ces fossoyeurs !
Aujourd’hui, Sainte Geneviève saigne et pleure,
Je sens bien ses larmes chaudes sous mon képi,
Comme si sur moi SARKOZY faisait son pipi…
Soldats nous sommes, et c’est debout que nous mourrons.
Et à l’instar de CAMBRONNE, “MERDE” nous dirons.
Nous briserons nos armes, mais nous taire “Pas question !”
Nous ne sommes que des hommes, soldats mais citoyens,
Et nos voix dans l’urne pèsent bien pour un scrutin…
Qu’on les entende ensuite, d’étonnant n’a rien.
Nous taire il ne faut point, surtout si c’est la fin !
Au pays des Droits de l’Homme, on dénie les miens.
Fidèle, loyal je suis, muet je ne suis point.
Même si tout est fini, que prévue est la fin,
Nous n’irons au sépulcre qu’après avoir tout dit.
Geneviève, Chère Patronne, Il pleut sous nos képis !
Adjudant A.
Dédié au Chef d’Escadron Jean-Hugues MATELLY

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Syndiquer l'armée ? Les gendarmes sont des militaires et doivent obéir aux supérieurs dans une discipline stricte dont dépend notre survie parfois.
Si l'armée faisait grève au moment où on aurait le plus besoin de défense et de protection, ce ne serait pas normal.
La notion de devoir envers la patrie est davantage présent dans l'armée que dans le civil. Et chaque militaire devrait savoir à quoi il s'engage avant de signer.
Imaginez aussi une trahison, qu'on brise le secret défense ou des informations confidentielles qui mettent en péril une opération cruciale pour l'avenir de la France, faut-il laisser faire et laisser dire tout ?
Je vois difficilement un syndicat de gendarmes. Il vaudrait mieux que les gendarmes se renconvertissent s'ils ne se sentent plus à leur place.

Sylvia Mackert

Café radical a dit…

Il ne s'agit pas de syndiquer l'armée mais d'autoriser les syndicats dans l'armée et de cesser de couper de la population la force militaire.
De fait, en ce qui concerne les gendarmes, on peut considérer que depuis 2001, date d'un large mouvement de contestation des gendarmes, ceux-ci avaient ouvert la voie soit à une syndicalisation de leur arme, soit à une séparation d'avec la défense nationale.
Rappelon squand même que syndicat ne veut pas dire droit de grève. Il y a plusieurs corporations qui ont le droit de se syndiquer sans avoir le droit de se mettre en grève.
Mais considérer qu'au 21e siècle une armée doit se comporter de la même manière qu'au 19e est nécessairment une erreur. Le métier de soldat n'est pas un métier comme un autre. Pour autant est-ce l'intérêt de la nation d'avoir une armée qui s'interdise la réflexion sur son organisation et sur ses missions ?
Quelques pays ont autorisé les syndicat dans leur armée ? Ni les nations ni les armées n 'en ont été pour autant dissoute ...

Anonyme a dit…

L'armée n'est pas une entreprise comme les autres. Et les gendarmes peuvent aussi rejoindre la police si la vie militaire ne leur convient plus. Donc, ce n'est pas étonnant que Sarkozy veuille réunir les deux. Les gendarmes deviendront fonctionnaires et ne seront plus militaires. Donc ils auront droit au syndicat.
L'armée française n'a pas le même cadre que dans d'autres pays, il faut aussi le comprendre. Elle n'a pas la même image aux yeux de la population non plus.
En Allemagne l'armée ne se trouvera jamais confronté au travail d'un gendarme en France, un soldat travaille uniquement pour l'armée et ne fera jamais la circulation.
Donc la question est, faut-il transformer les gendarmes en foncitionnaires de police ou pas ?

Sylvia Mackert

Café radical a dit…

L'armée n'est pas une entreprise du tout. Elle est un service public. Au même titre que tous les autres services publics, avec sa spécificité... et un statut particulier.
Est-ce que la dangerosité de leur mission doit les rendre irresponsable ? Ou peut on les autoriser comme en Belgique, en Hollande ou en Allemagne à avoir une réflexion sur leur corportation ou leur activité professionnelle par le biais de syndicats ou associations...sans mettre la patrie en danger...
TEl est mon point de vue, et celle démontré de courageux gendarmes...

Anonyme a dit…

Je ne pense pas que l'armée soit constituée de fonctionnaires comme les autres. Il y a pour l'armée un système particulier. Même une justice différente, des hôpitaux militaires etc
Ce n'est pas une entreprise publique, ni un service public comme les autres à mes yeux.
Ceci-dit, chacun est libre de penser ce qu'il veut.
Faut-il aussi un syndicat pour les maires ou les députés dans l'avenir ? On professionnalise tout.

Sylvia Mackert

Café radical a dit…

Etre élu n'est pas une profession. Et ne doit pas l'être ... ou alors on n'est plus en démocratie. Mais nous resont spersuadé que la question du statut de l'élu est essentielle pour le maintien d'une démocratie équilibrée où précisément la poupulaiton ne soit pas repréentée que par des fonctionnaires ou des retraités.... mais c'est une autre question... cAr la quesiton est : l'armée doit elle se comporter comme un ghetto et est-ce bon pour la démocratie ?

Anonyme a dit…

D'accord avec vous, être élu n'est pas une profession (même si F Martin trouve qu'il a un emploi précaire)
Les syndicats dans l'armée, c'est possible seulement si le travail dans l'armée est un travail comme les autres. Pour cela il faut peut-être mieux connaître le fonctionnement de l'armée et leur mission.

http://www.defense.gouv.fr/

http://www.defense.gouv.fr/caj/decouverte/presentation/fonctionnement/fonctionnement

http://www.armeefrancaise.info/Site/Accueil/home.html

http://www.l4m.fr/dossier/legislation/les-syndicats-en-france-3905

http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/JMonnet/ses/entrp/html/syndic3/syndic3.htm

les syndicats ont l'esprit mutualiste, pensez-vous que dans l'armée on se mutualise ? La France devrait à elle seule être une grande mutualité entre tous les citoyens, non ? Les syndicats dans l'armée diviseraient l'armée tout comme les différents syndicats en France défendent des intérêts différents.
Le patronat d'un côté, les salariés de l'autre, puis les médecins etc et on a connu l'époque des grèves qui paralysaient le pays. Faut-il paralyser l'armée ? Et ensuite on réquisitionnerait des grévistes et on les obligerait à faire leur travail.
Il y a une différence entre le privé et le public. Il me semble.
Il faudrait en tout cas en débattre et noter les points positifs et négatifs avant d'affirmer que les syndicats dans l'armée seraient la meilleure solution.

Sylvia Mackert

Anonyme a dit…

voici sur l'armée belge syndiquée

http://www.fnb.to/FNB/Article/Bastion_64/armee%20belge.htm

voici sur le Royaume Uni

http://www.senat.fr/lc/lc105/lc1057.html

une comparaison entre Allemagne et France

http://www.ofaj.org/paed/texte/jeudefsecu/jeudefsecu24.html

les chiffres d'un sondage interne de 2009 en France

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2009/11/syndicats-dans-larm%C3%A9e-les-vrais-chiffres-de-lenqu%C3%AAte-interne.html

Sylvia Mackert

Anonyme a dit…

voici un lien vers Arte 7 replay, où l'on peut revoir les émissions de Karambolage, comparaison entre France et Allemagne

http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=3153560,scheduleId=3119552.html

Sylvia Mackert