mercredi 7 octobre 2009

Pourquoi les radicaux sont fédéralistes

A priori, c'est une question qui n'empêche personne de dormir. Etatisme ou fédéralisme, fédéralisme ou étatisme ? Pour tous ceux qui s'intéressent à l'action publique, la question n'est cependant pas vitale. Cependant, on la trouve en filigrane derrière toutes les entreprises de modernisation de l'action publique et au premier chef, bien entendu la réforme des collectivités locales mise en oeuvre par Nicolas Sarkozy.

Disons-le, ce n'est ici qu'un article de blog... Il ne s'agit pas d'un article sérieux, juste une réponse avec les moyens du bord, à une question qui m'a été posée au fil des rencontres...
La question du fédéralisme ne date pas d'hier. Bien sur, on ne peut pas faire remonter à Mathusalem la problématique fédéraliste/étatiste, quand à l'organisation des pouvoirs... Et pourtant !

On peut opposer l'image que l'on se fait de l'opposition des civilisations Grecque et Romaine.
Les Grecs ne pratiquent pas l'Etat de la même manière. Les guerres n'imposent pas une soumission à un état central. Il y a des organisations politiques, dont celles d'Athènes qui donnera naissance à l'ancêtre de la démocratie. Ce monde s'appuie sur les réseaux commerciaux basées sur les colonies grecques installées sur divers lieux de la Méditerranée.
Les Romains, eux, sont dans l'Etat. Ils sont dans une logique militaire centralisatrice. Dans des conditions incroyables, ils vont assoir en très peu de temps un pouvoir centralisé sur l'Europe, avec la connaissance de l'organisation des pouvoirs à des milliers de kilomètres (rappelons aux plus jeunes d'entre nous qu'à l'époque les SMS n'existaient pas (lol), ni même internet(lol bis), et qu'il fallait en même temps s'assurer des conquêtes, de l'organisation des lieux conquis, et du lien avec le pouvoir central situé à Rome.
Pour faire bref (ô combien), le christianisme s'installera quelques siècles plus tard dans cette formidable organisation qui décide de l'organisation des pouvoirs locaux qui signifie une soumission au pouvoir central.
La France sera celui qui se fondra le mieux dans cette logique de pouvoir. L'Etat Français, parti d'un territoire qu'il serait excessif de comparer à un confetti, va s'étendre sous Louis XI, soumettre la Bourgogne, et faire en sorte que par la suite tout territoire conquis se soumette aux règles de l'Etat central. Modèle achevé avec Louis XIV. C'est dans les chausses de cet Etat que s'installe en 1789 la Révolution Française et la logique républicaine.
Elle est le symbole de la France, de sa réussite et de son arrogance, et de sa tendance insupportable à l'étranger de se sentir porteur d'un message universel. Allié à la logique coloniale, il y avait de qui faire des ravages... On en arrive, mais je m'égare à la Françafrique (histoire de rappeler au lecteur l'organisation du café radical le 23 octobre prochain sur ce thème, mais nous y reviendrons).

Parallèlement, d'autres modèles se développent en Europe. Nous avons la Hanse dans le Nord et les villes Italiennes du sud de l'Europe. Tous ceux qui connaissent l'Italie peuvent remarquer un attachement profond des Italiens pour l'Histoire de leur ville, et sa dimension culturelle et artistique. Tout cela vient de la Renaissance. Un peu à la manière des Grecs, les villes commercent entre elles, se concurrencent, se font la guerre, mais ont en commun un réseau culturel, un ensemble de valeurs, se prêtent les artistes, se les volent, se les achètent et participent à l'essor culturel de l'Europe. Il y a des luttes de pouvoir terribles. Des tyrans, et des démocrates... Autre essor de la démocratie moderne : Florence, l'humanisme, Machiavel. Une réflexion politique majeure au coeur de l'Europe. (en photo, la statue du David de Michel-Ange, image de la Renaissance qui est à associer à l'essor économique, culturel, humaniste et politique de toute l'Europe en prenant appui sur le pouvoir des villes).
Du coté de la Hanse, ça se ressemble. On est dans la puissance des pouvoirs locaux qui s'organisent en pouvoir locaux mais qui ont besoin de se relier pour construire une puissance de police à même de faire face aux piratages qui menacent les affaires.

Tout ça pour dire, en opposant les deux logiques que si l'on peut parler du Génie Français, et si celui ci doit sa renommée en partie grâce à la construction et au développement de son Etat, jamais l'organisation de villes états, organisées en réseau n'a empêché que l'on parle de Génie Italien ou de Génie germanique.

Parlons de la France, donc, et de son rapport à l'Etat. Nous avons donc Louis XIV, qui reprend la balle de Louis XI (c'est un lobe de plusieurs siècles), qui la repasse à la Révolution Française (grand pont dans le dos des Louis XV et Louis XVI), constitution de l'Etat, grande honte de Vichy, ballon sauvé de justesse par de Gaulle, et puis début de la décolonisation, fin du premier rôle de la France au niveau mondial, émergence de l'Europe comme puissance naissante et alors, maintenant, que devons nous faire du ballon ?


On m'excusera, encore une fois, de parler du sujet légèrement. Il n'est que l'ouverture d'un débat... grossièrement schématique, je dirais même caricaturale ... en espérant que la caricature soit distrayante, si ce n'est amusante.
Je reprends ce que disait Jean Michel Baylet lors d'un congrès : nous n'avons pas toujours été fédéralistes.
Et de fait, les radicaux sont les républicains, il sont nés avec les lumières, avec la République, avec la Révolution Française qui a posé les fondamentaux de la Raison comme principe de l'action politique et des principes de liberté universelle.
C'est l'évolution du monde politique et social qui pousse à une logique fédéraliste.
D'abord, l'Etat lui-même, n'est plus ce qu'il était. La décolonisation, la montée de l'Europe font que la France, grande puissance économique a perdu sa vocation à être une puissance politique structurante au niveau mondial. Rappelons que cette fiction maintenue heureusement par le Général de Gaulle avait été déjà battue en brèche par la noire période de la collaboration.
Bref, la France étatiste, craintive devant les pouvoirs locaux, les radicaux n'en veulent plus, parce que cela ne correspond ni à l'évolution des pouvoirs en Europe, ni aux besoins d'une écoute et d'un pouvoir à l'écoute d'initiatives locales.

Bien sur il faut une puissance publique supérieure. Mais elle peut être négociée et efficace et la tendance veut que, au delà de cette France éternelle que nous choyons tant et dont nous sommes les enfants, les grandes décisions impliquant l'action publique se prennent à un niveau supérieur au niveau national (celui de l'Europe et inférieure au niveau national (celui des pouvoirs locaux, de l'hyperproximité communale à la structuration au niveau de régions à même de favoriser des initiatives politiques, économiques sociales dans le cadre d'une constitution européenne asseyant les libertés individuelles, et les principes universels de liberté, d'égalité et de fraternité)...

Voilà un premier message de philosophie politique, à amender, à commenter, à débattre ... l'article ne vaut pas modèle et a conscience d'être bien contestable.
Hommage rendu à l'émission de France Inter, parce que je me rends compte à quel point 2.000 ans d'histoire en quelques lignes, et quelques minutes, c'est pas de la tarte !


PS : Qu'on ne m'en veuille pas pour cet article en dehors de l'actualité. Nous apprenons ce soir que le Conseil constitutionnel Italien refuse l'immunité de Silvio Berlusconi.... nous en reparlerons demain probablement....





2 commentaires:

Aurel a dit…

Le fédéralisme est un des sujets importants actuelle dont la classe
politique n'arrive pas à débattre suffisamment. Pendant les dernières élections européennes par exemple, je n'ai pas vraiment vu de débats sur le fédéralisme.

café radical a dit…

C'est vrai, la campagne européenne a été décevante, et pas seulement de ce point de vue. On n'a pas parlé de problèmes européens, et c'est vrai aussi que c'est l'Europe qui pose le problème du fédéralisme... La question fédérale devrait se poser aussi par le biais des régionales... attendons.
Le café radical