samedi 24 octobre 2009

Un café passionnant

C'est ce qu'on peut faire de mieux en terme de débat : le mélange d'expériences et de principes, de théories, d'idées.

Comme le rappelait Achard à la fin du débat, et faisant allusion à la venue de Stephen Smith (invité par Franck Martin en 2005) à Louviers, on a assisté à un autre éclairage sur la situation Africaine et sur ses rapports avec la France.
Toutes les visions de l'Afrique, de la France se superposent... Il n'y pas d'approche qui chasse l'autre.

Certes, Bruno Ben Moubamba, candidat à la Présidence de la République du Gabon en appelle à la France, mais il s'agit bien de la France des Lumières. On évoque Bossuet, Victor Hugo, Voltaire... et on l'oppose à la France de Pétain et du Front National ... Transition habile pour rappeler que les réseaux sérieux de soutien de Le Pen ont été aussi ceux qui de Vichy à l'OAS ont su se rallier parfois aux réseaux des actions secrètes et militaires de la Françafrique. On retrouve cette sorte de synthèse du gaullisme réactionnaire dans les valeurs de la campagne de Sarkozy, avec le slogan qui tue : Travailler plus pour gagner plus .... Un slogan qui a tué la gauche et l'économie Française mais dont on n'est pas encore remis.
Telle n'est pas l'approche de Patrick Eric Mampouya. On mesure à l'entendre, en dehors de sa culture approfondie, toutes les plaies encore vives laissées par la Françafrique. Plaie affective. Il faut sortir de l'image du bon noir, gentil et souriant. Un point de vue qui n'est pas vraiment partagé par l'assistance. Le Congo est plus qu'un pays meurtri. Mais au delà des blessures, Patrick Eric Mampouya a voulu poser les choses. Des films pour commencer, avec l'interview de François Xavier Verschave, l'homme qui a passé toute sa vie à dénoncer les mécanismes et les dégâts de la Françafrique.
Les jeunes générations Africaines en veulent terriblement à la France. Peut-être est-ce là l'un des symptômes de la fin de la Françafrique. C'est dur pour nous, qui à l'intérieur de la France condamnons de notre petite voix, les horreurs de la Françafrique. Mais si la population rejette la France et son arrogance d'ancienne toute puissance coloniale, c'est sans doute que les temps ont changé.

Michel Bellevin, président des Amis de Timia, l'une des plus grandes associations de jumelage du département, le disait avec toute son expérience de l'Afrique et plus spécialement du Niger et de ses ressources en uranium : avant, au Niger, il n'y avait que la France, maintenant, tout le monde y est : les Français, bien sur, les Chinois, on en parle, mais aussi les Canadiens, les Indiens etc... N'est ce pas un des symptômes de la fin de la Françafrique. Les réseaux issus de la colonisation sont de moins en moins puissants et ne peuvent avoir, comme il y a encore peu une immense chasse gardée sur le territoire Africain, dont le franc CFA (c'est à dire, vous ne rêvez pas : franc des Colonies Françaises d'Afrique).
Alors, la question à 100 francs (cfa) : peut on sortir de la Françafrique ?
La réponse est OUI. Et non seulement on peut, mais on doit, et on pourra parce qu'on devra. On est en 1989, avant la chute du mur de Berlin. La dissolution du bloc de l'Est est inenvisageable, mais elle est inéluctable ...
Enfin, et vous m'excuserez ce compte rendu brouillon d'un débat passionné et passionnant, mais je veux absolument remercier et rendre hommage à nos deux intervenants, Patrick Eric Mampouya et Bruno Ben Moubamba. Pas seulement pour leur gentillesse, leur compétence et le fait qu'ils se soient déplacés, mais aussi pour leur courage, leur courage physique et politique. "La République, c'est le courage", pour reprendre la formule du sénateur radical François Fortassin.
Cette formule prend tout son sens quand des hommes combattent la dictature, et face à cette situation, tous nos beaux principes, nos belles idées s'effacent devant le courage des hommes et des femmes qui essaient de construire au milieu des forces de destruction.

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