samedi 2 juin 2012

un président normal n'est pas un homme normal

La photo officielle de François Hollande pour
l'analyse du cliché par Le Monde, cliquez ci-après
Ainsi donc, selon la grande presse, François Hollande en ferait trop sur le Président normal ! Ils veulent que ça bouge ! François Hollande a à peine commencé, à peine pris ses marques, à peine essoré la tornade de son investiture, remis de ses rencontres avec Merkel, de son accueil chaleureux par Obama, de ses distances prises avec Poutine, que des journalistes lui reprochent d'en faire trop dans la normalité... en gros d'avoir pris le train pour se rendre à Bruxelles, d'avoir répondu à l'invitation d'Antenne 2, bref d'ouvrir la gamme de sa représentation....
Au fond, c'était cette même presse qui se répandait en disant que la campagne électorale était ennuyeuse... Tant pis si ce qu'elle dit à peu près à chaque élection, et qui n'a guère de sens non plus. C'est bête à dire mais le but d'un candidat n'est pas d'amuser la galerie, mais de se faire élire... C'est bête à dire, mais une campagne électorale, avant d'être un spectacle, est toujours un reflet de notre histoire ...à la presse de se donner les moyens de rendre la campagne intéressante pour ses lecteurs. au vu de ce qui s'est passé et de ce qui s'est passé, trouver cela ennuyeux est au premier chef ennuyeux pour les commentateurs même !
Je souhaite revenir sur ce débat sur la normalité, non seulement parce que la normalité nous concerne tous, mais aussi parce qu'il touche à l'idée qu'on peut se faire d'un président.
Depuis longtemps François Hollande a déclaré qu'il souhaitait être un président normal. Il s'agissait d'une intéressante et complètement originale, qui lui a valu une avalanche de critiques, mais qui ne l'a pas fait dévier... mais surtout cette approche lui a permis de construire son identité de candidat, cette même identité qui lui a permis d'être élu.
La critique a d'ailleurs été reprise par Sarkozy, lors de l'affrontement télévisé entre les deux finalistes. En gros, cela voulait dire :"vous vous imaginez qu'en étant normal, vous arriverez à vous imposer face aux monstres de la politique mondiale que sont Merkel et Obama ? "
Il s'agissait d'un contresens complet de Sarkozy ! Le même contresens que celui fait par une grande partie des commentateurs. Ils ont simplement confondu homme normal et président normal. Or il s'agit là de deux modes de représentation bien différents.

L'homme normal, c'est Nicolas Sarkozy. C'est le rôle qu'il a choisi de jouer dès le début, parce que, par crainte ou incapacité, Nicolas Sarkozy n'a pas compris que le fait d'être Président de la République impliquait de chausser certaines normes.

Le vainqueur de l'euromillion est un homme normal
face à une situation anormale. La normalité d'un
Président de la République n'est pas du même ordre.
En fait, c'est Nicolas Sarkozy, pas Hollande, qui a mis sur le devant de la scène le principe de normalité. Il ne s'est pas assumé comme président normal, mais bien plutôt comme un homme normal. En fait, en 2007, en allant dans un grand restaurant avec les amis, en partant en vacances sur un yacht,  Sarkozy s'est comporté comme n'importe quel gagnant de l'euromillion, c'est à dire comme tout homme normal se retrouvant dans une situation anormale.
Dans ce cas, on ne se maîtrise plus et l'on maîtrise encore moins l'image qu'on donne. Et de même que le vainqueur de l'euromillion s'attribue tout le mérite de sa victoire, de même le vainqueur du scrutin de 2007 a eu le plus grand mal à rendre compte aux circonstances et à l'Histoire les raisons de sa victoire.

Nicolas Sarkozy n'a pas imposé un nouveau style de
Présidence, c'est l'absence de style qui s'est imposée.
Il a juste été ce qu'il est, profondément, et rien d'autre. Un homme que les circonstances étaient incapables de transformer.
Dès le départ les Allemands, puis d'autres Européens ont comparé notre ancien président de la République à Louis de Funès, le plus ambigu de nos personnages comiques, populaire à force d'être détestable ... visant à ce que chacun d'entre nous puisse se reconnaître dans ses travers odieux.
Encore, les difficultés de la langue, rendait les Allemands incapables de comprendre les propos si "normaux" de notre Président, des "casse-toi pov'con", aux "c'est du sérieux" en parlant de sa fiancée, en passant par la dénonciation de la Princesse de Clèves comme coupée de la réalité utile...tout a été fait pour procéder à l'évitement de la Fonction Présidentielle, l'accession au pouvoir étant vécue comme un bon coup.
On retiendra comme dernier geste, quelques foulées difficiles de jogging poussif, dans l'épuisement tonique de l'échec.
Mon propos n'est cependant pas de m'acharner sur l'ancien président de la République, mais bien plutôt de démontrer que la normalité à présent change de camp. Elle cesse d'être celle de l'individu pour être l'incarnation de la Présidence, le désir politique de Dieu, comme dirait Pierre Legendre... Un espace politique difficile à atteindre pour tout individu. Un espace où l'on ne parle plus en son nom, mais au nom de la Nation...
Gérard Depardon, photographe du portrait officiel qui 
figurera dans les 36.000 communes de France. 
C'est  à un reporter d'exception  que François Hollande 
a confié le soin d'incarner la simplicité Présidentielle. 
Bientôt, le Président normal sera dans toutes les mairies de France, François Hollande ayant choisi de se faire photographier par Gérard Depardon, l'un des reporters les plus intéressants de sa génération.
Gérard Depardon est né à Arnas, à coté de Villefranche-sur-Saône,  dans une petite ferme. Dans sa carrière, il a aussi bien filmé la campagne de Valéry Giscard d'Estaing, que photographié les jeux olympiques de Mexico et les émeutes meurtrières qui les ont tragiquement accompagnés, il a filmé, photographié les tribunaux, les victimes, les coupables et la misère de leur humanité. Il a par la suite fait un tour de France des villages dont il ne voulait rien perdre de leurs qualités... C'était la dernière manifestation de son oeuvre... Une oeuvre riche et variée, humaine, universelle et profondément française...
La normalité présidentielle, celle revendiquée par François Hollande, renoue avec la tradition et l'essence de la Présidence de République tout en ouvrant la voie à sa modernisation. 



2 commentaires:

Sylvia Mackert a dit…

Mais que veut dire "normal" ? franchement, je ne peux pas être normale, juste être moi-même et cela ne rentre pas toujours dans les "normes", alors comment peut-on être un président "normal" s'il n'y a pas de "normes" pour cela ? Il y a des choses que j'ai du mal à comprendre là.

Café radical a dit…

Oui, Sylvia, c'est très compliqué d'être simple. Ce que j'explique, c'est que le fait d'être Président n'est pas normal. On est dans ce cas dans une mission quasi divine, puisqu'on est l'incarnation d'un destin collectif, qui dépasse l'individu. Un président normal ne peut être un individu normal... C'est la confusion entre les deux qui a ruiné Sarkozy, qui a confondu comportement individuel, ce même comportement qui lui avait permis d'être élu,et le comportemetn d'un président ... Précisément les normes ne sont pas les mêmes.