mercredi 25 juillet 2018

La République du Ridicule

L’histoire se répète toujours deux fois, la première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce [1].

La deuxième victoire de la coupe du monde, ne vaut pas la première. C'est
un fait, mais c'est vrai que Macron n'y est pour rien et que ça n'a rien à voir
avec l'affaire Benalla. Belle oeuvre de photographe qui a fait le tour du monde
en ce qu'elle révèle un président de la République à l'image de tous les
français, moi compris. Grandi par une épopée sportive à laquelle on n'a pas
contribué. Bon, visiblement, c'était pour Macron le début des ennuis.
En fait, ce que montre la formule de Marx, par ailleurs empruntée à Hegel, c’est qu’il ne peut y avoir de grande figure historique en dehors d’une grande période historique[2]. Dans cette mesure, il faut l’admettre, la figure revendiquée par François Hollande de Président normal, bien que moquée, revêt toute sa pertinence aujourd’hui.
Ainsi donc, notre Jupiter, que certains, en toute allégeance, ont comparé à De Gaulle se révèle comme un faiseur, dont la rutilance s’estompe au premier frottement. C'est pas de l'or, c'est de la pyrite, l'or des fous qui a causé le désespoir des chercheurs d'or.  Voilà que notre Macron s’embrouille comme n’importe quel môme pris les mains dans le pot de confiture. Humain, trop humain comme disait Nietzsche. En gros, l’affaire Benalla, ce n’est même pas une affaire d’Etat, même si, bien sûr il est révélateur de ses dysfonctionnements. C’est une grosse boulette, qui a démontré l’incapacité du pouvoir à répondre à des situations de crises, la faiblesse de l’appareil politique, celui se revendiquant du nouveau monde et la qualité malgré tous ses défauts, de l’appareil administratif, la bonne vieille fonction publique à la française.
Benalla en stage place de la Contrescarpe à Paris. Image
de l'imbécillité en arme, en casque et en gilet pare-balle.
La bêtise, en soi, ne protège pas des mauvais coups. Sans
doute ce qu'Alexandre Benalla a voulu montré aux CRS
On retiendra que, forcément, plus on montre de suffisance et d’ambition, moins on peut attendre de sympathie ou de compassion lorsque la carapace se rétracte.
On peut en vouloir à Benalla, qui, sans avoir le bagage ni la qualité de son jeune patron, a pensé comme lui que le culot mêlé à l’ambition pouvait vaincre sur tout. Son parcours s’achève brutalement, mais il en deviendra un cas d’école en laissant son nom dans la petite histoire. Il aura aussi laissé au peuple l’image de la lâcheté absolue au service de l’état. Quelle image de bassesse que d'attendre, pour frapper un homme et une femme à terre ... que d’attendre d’être entouré d’un escadron de CRS, coiffé d’un casque de protection sophistiqué, d’un brassard POLICE vous conférant une autorité que vous ne devriez pas avoir, faisant ainsi porter la responsabilité de ce que vous faites à d’autres que vous-même, lors même que vous êtes là pour les encadrer ou pour les observer … bref, les actes de Benalla à la Contrescarpe sont à l’image de ce que l’être humain peut faire de pire.
On peut en vouloir aussi à Macron, incapable de se comporter correctement face à une situation qu’en tant que plus haut représentant de l’Etat il  aurait dû, à tout le moins, juguler.
On peut alors comparer l’attitude de Macron à Sarkozy, en moins excité mais en tout aussi inconséquent[3].état
Etat
Bref, on est loin d’une affaire d’état. Ou alors avec un petit é, et un petit a. Les oppositions se déchaînent, c’est le jeu … mais elles doivent, elles aussi se départir du ridicule. Certes,  Macron et Benalla leur font un sacré cadeau. Mais justement, comparer les frasques de Benalla, notre imbécile malheureux, à la brutalité du Sac, structure issue des frasques de la décolonisation[4],   infiltré dans l’appareil d’État et capable d’en prendre le contrôle. Parler de Watergate à la française, tout ça parce que le Président de la République a révélé sa maladresse … tout ça n’est pas sérieux.
On conviendra que Macron et Benalla ne sont pas vraiment
détendus sur la photo ... 
Les enjeux sont bien sûr infiniment plus graves et dans le monde et dans les sociétés modernes. Le problème, bien entendu, c’est que ces enjeux ne se résolvent pas à coups de promesses de campagne ou de maladresses.
Qu’au moins  les incongruités de Benalla soient une leçon pour tous, en particulier pour l’État et son Président. Il faut espérer que faute que l’opposition ne l’ait habillé pour l’hiver, le cas Benalla n’ait déshabillé Macron pour le restant de son quinquennat.





[1] J’adore cette citation. D’abord parce qu’elle est absurde et doublement ironique, ensuite parce qu’elle ne tient pas la route grammaticalement. L’histoire, si elle se répète, que ce soit du point de vue de Marx ou Hegel, ne le fait qu’une fois, ce qui est bien suffisant… Disons, que la copie de la dimension tragique de l’histoire, apparaît forcément comme une farce. Ensuite, précisément à cause de son imprécision, elle situe le philosophe polémiste Karl Marx, bien au-delà de ce qu’on a voulu en faire, c’est à dire un prédicateur divin du bonheur assuré sur la terre. Karl Marx avait heureusement bien d’autres qualités au premier rang desquels d’ailleurs une fascination pour la France. 
[2] Napoléon III malgré toute la révérence que lui a porté Philippe Seguin, n’a pas fait trembler l’Europe, et heureusement.
[3] Sarkozy, par tempérament aura été le représentant le plus catastrophique en matière de management … interdisant toute contradiction dans son entourage. Ainsi s’explique sans doute l’incohérence de la réponse du cabinet du Président

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