vendredi 4 mai 2012

Pêché d'orgueil

Quand on attend que les compliments vous viennent de l'extérieur, cela prend souvent énormément de temps.

Voilà pourquoi, conformément à sa pratique depuis près de quatre ans, le café radical prend les devants et s'adresse ses félicitations sur deux points.

Le premier, les lecteurs assidus le connaissent. Le café radical, dès son premier débat, a posé la question de la fin du sarkozysme : "Sarkozy est il fini ?". Question si hardie à l'époque qu'on n'y a pas répondu franchement oui, tellement ça ressemblait à une provocation...

Et pourtant ! Dès les premiers mois, le sarkozysme portait en lui le germe de sa défaite. Une hyper-personnalisation du pouvoir, dont le cap était fixé en fonction des intuitions du Président, réduisant gouvernement, partis, parlementaires à son bon-vouloir.

Cette logique, affirmée dès l'origine de la prise de pouvoir a été accentuée sans faille avec le temps, selon le principe qui veut qu'un être humain en crise a naturellement tendance à s'appuyer sur ses propres défauts, même et surtout si ce sont eux qui ont provoqué cette crise.

Voilà pourquoi la lueur sarkozyste, quand bien même elle a pu attirer quelques papillons à ses débuts, s'est transformée en repoussoir au fil du temps. Plus elle a affirmée la personnalité de son mentor, plus elle a provoqué son isolement... Celui-ci atteignant, à quelques heures du moment fatal, son point culminant.

Car, et c'est là que la deuxième formule du café radical prend son sens, il faut que la victoire soit large !

Pas seulement pour se faire plaisir... pas seulement pour donner des marges de manoeuvre importantes au nouveau pouvoir qui en aura bien besoin, mais aussi pour en finir rapidement avec le sarkozysme et ses dégâts.

Car le sarkozysme, qui n'a déjà pas beaucoup de sens, n'en a absolument aucun en l'absence de son créateur. Ce n'est pas une idéologie, juste une pratique incohérente qui s'est fourvoyée chaque jour davantage. La personnalisation du pouvoir se traduit par un isolement tragique qui s'échoue sur les écueils ultra-réactionnaires de l'exclusion et la glorification des frontières. Pathétique !

Le geste de François Bayrou, annonçant son rejet du futur ex-président, sera l'ultime dérive du sarkozysme. N'en déplaise aux militants UMP éberlués par ce choix prévisible, c'est bien Sarkozy qui a imposé ce choix à François Bayrou[1] par une stratégie populiste délirante, qu'on ne peut expliquer que par un retour nostalgique aux accents fougueux de sa jeunesse militante et droitière ...

Elle déjà le signe que la victoire est large.

Pas étonnant que François Holande, qui sera élu président de la République dans trois jours, explique à son tour qu'une victoire étriquée n'aura pas le même sens qu'une victoire large.

Pour la République, pour la France, pour l'Europe ...

Il est important que la droite puisse marginaliser sa frange la plus réactionnaire, précisément parce qu'en période de crise, les réflexes identitaires sont le vrai danger.

Il est important bien sur que le nouveau président ait les moyens d'agir en France, en Europe et dans le monde.

il est important que la victoire soit large





[1] Il fait suite aux propos de François Fillon lui-même (cf Canard enchaîné de cette semaine.) qui, comme nous, reconnaissait qu'il était important que la défaite de cette droite soit large... Ainsi cela permettrait sa recomposition plus rapide et moins douloureuse, marginalisant les éléments les plus réactionnaires. Nous sommes d’accord


1 commentaire:

Sylvia Mackert a dit…

il faudrait que la victoire soit large, mais là on votera probablement pour ou contre l'Europe encore une fois et quand on se souvient du "non" à l'Europe j'ai peur, mais j'espère avoir tort et que le oui à F Hollande et à l'Europe l'emporte.
Par contre ce qui peut rassurer, c'est que les politologues pensent qu'en général les Français ont toujours décidé au premier tour et que celui qui est en tête l'emportera, mais de combien ?