dimanche 18 décembre 2011

quelque chose est en train de changer - le feuilleton de la fin d'année

1er épisode - Non à l'émiettement
Ce sont les paroles les moins tapageuses qui apportent la tempête... faisait dire Nietzsche à Zarathoustra.Entre les écarts de conduite du maire de Val de Reuil, et de le choix par tf1 de Louviers comme capitale de la politique française, on en aurait oublié que l'annonce de la création du pôle métropolitain entre les agglomérations de Rouen et de Louviers vient couronner une démarche qui modifie profondément le paysage politique de notre territoire.Il n’était que de voir jeudi dernier lors du conseil communautaire, Laurent Fabius président de la Créa, Thierry Delamarre président de Seine-Bord pour mesurer le chemin parcouru.
Franck Martin, voit ainsi l'aboutissement d’un projet inlassablement mené depuis son élection comme maire de Louviers en 1995.
Avec sa toute nouvelle équipe, le constat s’imposait que le travail à mener par la municipalité devrait porter au delà de la sphère communale.
A Louviers comme dans ses environs, la reconnaissance du pouvoir local se traduisait par un repli sur soi, un émiettement des pouvoirs et une méfiance généralisée.
On peut attribuer cela à divers facteurs dont le rôle joué par l’irruption de la ville nouvelle du Vaudreuil, vécue par les municipalités comme une agression d’État. Sans doute aussi, l’histoire formidable de Louviers, et les expériences Martin (Ernest) et Fromentin ont elles renforcé les missions et la légitimité du pouvoir communal à s’opposer aux volontés du pouvoir central.
Toujours est-il qu’en 1995, après une douzaine d’années du pouvoir déliquescent d’une droite sans projet, la structure communale s’apparentait à une coquille vide. Aucune coopération n'était possible entre ces communes qui manquaient autant de confiance en elles-mêmes que de confiance en les autres. L’émiettement de la coopération intercommunale se traduisait par la présidence automatique du maire de Louviers à 17 syndicats intercommunaux qui traitaient aussi bien de la distribution de l’eau, que de la gestion de la zone économique Ecoparc … à chaque nouvelle action publique, son syndicat !
Mais le problème était loin d’être propre à Louviers. Franck Martin avait pu constater au sein du Conseil général, ce même émiettement des pouvoirs se traduisant par une logique de soumission inacceptable pour un nouvel élu motivé par le désir d'agir. Le Conseil général est alors à droite, présidé par le Dr Collard dont la mission est d'empêcher que l'un des deux poids lourds de la droite (Jean-Louis Debré et Ladislas Poniatowski, les héritiers ...) prenne le pas sur l'autre. Franck Martin, nouvel élu de gauche, se cassait très régulièrement la tête contre les murs lorsqu’il évoquait à gauche la nécessité de construire une alternative, rappelant que la gauche avait présidé le conseil général en 1981. Tout se passait comme si chaque élu ne voyait dans le conseil général que le moyen d’apporter des aides pondérées aux projets communaux en échange de la reconnaissance nécessaire à la réélection.
Ce tableau sombre mesure le chemin parcouru ! Aujourd'hui, c'est un territoire cohérent et construit qui confronte son projet à celui de l’agglomération de Rouen. Il y a 15 ans, il n'y avait rien.
l'intercommunalité se construit sur des questions très concrètes. J’ai évoqué ci-dessus l’émiettement des syndicats intercommunaux, ce qui se traduisait notamment par un temps perdu considérable pour les maires … mais ce n’était là que leur moindre défaut.
Il n’est de meilleur exemple pour l’illustrer que de celui de cette entreprise qui explique à Franck Martin qu’elle envisage de quitter Louviers parce qu’elle marche trop bien et qu’elle ne peut s’étendre au sein de la commune. L'entreprise envisage de s'installer à Val de Reuil, à Valence (Espagne) ou à Milan ! Bien entendu, la moins catastrophique des solutions serait l’implantation dans la ville voisine, mais quelle conséquence pour Louviers qui verrait alors disparaître ses revenus avec la taxe professionnelle ! Tout ça pour une entreprise qui marche trop bien !
Bien entendu, la solution à ce problème était lié à la taxe professionnelle unique ! Ce système met fin à une concurrence idiote entre communes pour attirer les entreprises en unifiant les taux mais au delà, il fallait faire en sorte que les bénéfices de la taxe professionnelle soient répartis sur tout le bassin d'emploi. Ainsi Louviers et son tissu industriel ancien pouvait trouver son complément auprès de Val de Reuil, une commune disposant de zones industrielles qu'elle avait du mal à commercialiser.
Le tout se passait dans le contexte favorable de l’élection d’une municipalité de gauche, vue d’un bon œil par Bernard Amsalem, maire de Val de Reuil. En fait, très rapidement les discussions ont pu commencer entre les deux communes auxquelles s’est jointe celle d’Incarville. Ainsi commençait le début de la grande aventure du développement local dans ce qui allait devenir l'agglomération de Louviers.

à suivre ...
bientôt le 2e épisode : la (re)naissance d'un territoire

2 commentaires:

Sylvia Mackert a dit…

Beaucoup n'ont pas très bien compris l'objectif et le cadre de ce projet. Je commence tout juste à faire la différence, même si je me dis que démocratiquement on risque de dépendre de la majorité de la CREA (plus nombreux ?)
Merci de me corriger, si je me trompe.

Café radical a dit…

C'est qu'il faut attendre la suite du feuilleton pour tout comprendre ;).
La venue de Laurent Fabius cependant marque aussi la reconnaissance d'un territoire. Cela est d'autant plus important que je viens de montrer que la réalité de ce territoire, situé entre le Grand Rouen et le grand Evreux n'est pas si évidente. Et pourtant ! Qui nierait l'existence du Luxembourg dans l'Europe ? Qui nierait l'existence du département de l'Eure coincé entre la Région Parisienne et la Seine-Maritime ? Certes, aucune situation n'est éternelle. Mais pour l'instant il se trouve :
1) que la réalité du bassin de vie est indéniable
2) que le Département de l'Eure, préfet et président compris ne sont pas prêts à voir Seine-Eure devenir dépendants du grand Rouen
3) Que personne à la Case n'a envie d'intégrer le grand Rouen.
Pour autant, a-t-on intérêt à ignorer notre puissant voisin lorsque tant de choses peuvent être faites en commun tant pour le confort des habitants que pour le développement économique ?