vendredi 8 avril 2011

France/Italie, l'imbroglio

Verdi en aurait fait un opéra.


Il y a dans les rapports entre la France et l'Italie, toute la détresse humaine, la grandeur, la bassesse, les déchirements, l'espoir, le cynisme, le cadre historique, l'horreur, toutes les contradictions d'un monde politique corrompu ou en quête de sens, qui se fait piétiner par l'Histoire. Il y a le comique qui se mue en tragique, et le tragique donne au ridicule un éclairage éblouissant.

On a peu parlé en France d'un fait divers terrible survenu au large de Lampedusa le 4 avril, il y a donc quelques jours.

Un bateau transportant des malheureux en provenance de Libye, a été surpris par le mauvais temps. Une brusque rafale a surpris les secours et 250 postulants à l'Europe, à une vie normale ont été noyés... Ils étaient peut-être 300 à venir de Somalie, d'Erythrée, et leur histoire qu'est arrêtée là ... 250 morts dans la Méditerranée au milieu de l'indifférence. J'ai l'impression pourtant qu'a partir de 250 morts, la presse se mobilise, d'habitude. Surtout si ça se passe en Europe.

Ils sont donc morts au coeur de la Méditerranée, là où l'humanité est une nouvelle fois en train de construire une part de son avenir.

C'est à eux, à ces hommes en quête d'espoir et d'une vie meilleure, à leur courage, à leur combat, que je veux rendre hommage avant d'aller plus loin.

Le naufrage a provoqué une émotion légitime en Italie.

Ce drame humain éclaire aussi tragiquement la vie politique Italienne, dont le principal dirigeant, Berlusconi, consacre l'essentiel de son temps à répondre aux admonestations judiciaires pour prostitution de mineures.

Du régime Italien il y a peu de choses à tirer. Sa classe politique impuissante, gangrenée par la mafia et la démagogie, remise en question dans son identité même, par le rôle joué par les indépendantistes populistes de la ligue du Nord elle était jusqu'à présent un rempart contre l'accusation de dérive populiste faite à Nicolas Sarkozy.

Et pourtant ... Voilà que Roberto Maroni, le ministre de l'Intérieur italien a déclaré que la politique de la France était sous influence du Front National.

Voilà qui pourrait prêter à rire venant d'un parti qu'on pourrait aisément situer à la droite du Front National, à ceci près qu'il est l'un des partis largement constitutif de la majorité italienne. Simplement, ledit Ministre, aux prises de la réalité du flux migratoire, en vient à souhaiter une politique européenne, et l'aide de la France ... alors que la France s'est contenté des déclarations irresponsables de son ministre de l'Intérieur Claude Guéant.

Bref ! Ce sont les fachos outre-alpins qui nous donnent des leçons d'humanisme et qui nous rappellent aux principes Européens... eux qui ne cessent de les dénoncer dans leur pays. Quelle humiliation !

Mais cela éclaire aussi à quel point nous avons besoin d'Europe. A quel point tous les discours de repli sur soi, tous les discours d'exclusion et de rejet n'offrent aucune solution à la détresse du monde, et aux difficultés que nous vivons en interne.

L'Europe doit non seulement nous servir de moyen de défendre cette culture de la liberté et du respect dont le monde entier a besoin, mais que l'Europe doit aussi servir de moteur à une vision du monde propective et élargie à tous, faute de quoi, elle se mettra elle-même en danger

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