jeudi 16 décembre 2010

Protégeons-nous contre le vent mauvais ...

Au secours, ils reviennent !
Avec la présidentielles, les candidats comptent se refaire une santé en cognant sur l'Europe en période de crise ! Tant que ça se limite à Dupont Aignan, il n'y a pas encore de quoi s'inquiéter , s'il est suivi par Mélenchon et Marine Le Pen, reste encore dans l'ordre ou le désordre des choses...
Ça commence à inquiéter toutefois quand on voit Arnault Montebourg sortir la même sauce, encouragé par Christiane Taubira. Le débat reste marginal, mais dans l'atmosphère malsaine de la crise, on ne sait pas jusqu'où les démogogies peuvent imposer leurs discours...

Un excellent article de Jean Quatremer ( blog : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/ ) correspondant de Libération à Bruxelles remet les choses en place. Qu'est ce que l'Euro ? qu'est ce que l'Europe ? pourquoi ça marche ? ...et pourquoi la sortie de l'Euro relève du fantasme alors que deux pays poursuivent leur effort pour y entrer... Jean Quatremer rappelle que le travail commun des politiques pour poursuivre l'intégration européenne, un travail beaucoup moins spectaculaire que celui des bateleurs populistes ! Voilà un article nécessaire pour se remettre les idées en place ... en attendant un prochain café radical sur ce thème ...

"Il y a quelque chose de pathétique à voir les eurosceptiques de tous poils se réjouir de la crise que traverse la zone euro, salivant à l’idée que cette monnaie unique honnie puisse sombrer corps et bien. Le fait qu’ils soutiennent ainsi les marchés financiers dans la guerre qu’ils ont déclarée à l’Europe ne semble pas les gêner outre mesure, ce qui est surprenant au moins de la part des europhobes qui se revendiquent de « gauche ». Le fait qu’un effondrement de l’euro se traduirait pas un appauvrissement immédiat des citoyens européens et plongerait l’Europe et le reste de l’occident dans une profonde dépression ne les embarrasse pas plus : manifestement, pour certains, la fin justifie toujours les moyens.


Mais le plus pathétique est qu’il montre leur absence d’intelligence de ce qu’est l’Union européenne, rejoignant ainsi les marchés financiers dans leur aveuglement. Croire un instant que les États sont prêts à capituler devant les marchés est un non-sens absolu. Si, à la limite, on peut débattre de l’opportunité de rejoindre ou non la zone euro, la quitter aurait un prix immense, tant économique que politique. Est-ce un hasard si non seulement aucun pays n’a encore débattu de cette possibilité, mais, en outre, si l’Estonie n’a pas remis en cause son adhésion au 1er janvier prochain et si les autres pays de l’Est n’ont aucunement l’intention de renoncer à rejoindre l’Eurozone ? Ainsi, le parlement polonais a commencé aujourd’hui l’examen d’un amendement constitutionnel qui permettra à Varsovie d’adhérer à l’euro dès qu’elle sera prête.

Car, ce que sous-estiment les marchés et les eurosceptiques, c’est la volonté politique des gouvernements de défendre leur monnaie. À tout prix. Historiquement, les marchés n’ont jamais eu la peau d’une monnaie. Surtout, personne ne veut être responsable devant l’histoire de l’explosion de la zone euro et de l’aventure incertaine dans laquelle serait précipitée les États. Les marchés perdent de vue que le projet européen est d’abord politique et stratégique avant d’être économique : aucun pays ne veut se retrouver isolé, économiquement et diplomatiquement, et tout le monde a conscience que, pour peser sur la marche du monde, il faut que l’Europe s’unisse davantage et pas l’inverse. C’est vrai pour le Luxembourg, c’est aussi vrai pour l’Allemagne qui ne tient pas à se retrouver au centre de toutes les récriminations de ses voisins, une situation qu’elle a connue dans le passé. « Je suis optimiste sur l’avenir de la zone euro », a ainsi expliqué aujourd’hui Bronislaw Komorowski, le président polonais : « je pense que les institutions européennes décideront très vite de son renforcement, ce qui la rendra plus attrayante, aussi pour la Pologne ».

Ce qui s’est passé depuis deux ans montre la pertinence de cette analyse. Après avoir volé au secours de plusieurs pays européens hors de la zone euro (Hongrie, Lettonie, Roumanie) en faisant passer le Fonds européen d’aide à la balance des paiements de 15 à 50 milliards d’euros, la zone euro a sauvé la Grèce (80 milliards d’euros de prêts plus 30 milliards du Fonds monétaire international) et, dans la foulée, créé un Fonds européen de stabilisation financière (440 milliards d’euros de prêts possibles) et un Mécanisme européen de stabilisation financière (60 milliards d’euros que la Commission peut emprunter), des sommes auxquelles le FMI ajoutera 250 milliards d’euros en cas de besoin. Prévus d’abord jusqu’en juin 2013 dans un premier temps, ces mécanismes vont être pérennisés lors du Conseil européen qui s’ouvre demain à Bruxelles. Et personne n’exclut de mettre encore davantage d’argent sur la table.

Parallèlement, la zone euro va renforcer ses règles de gouvernance en rendant plus contraignant le Pacte de stabilité et en examinant désormais en commun les projets de budgets nationaux et les dérives de compétitivité. Même l’harmonisation fiscale et salariale est au programme : Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe y est favorable et Nicolas Sarkozy l’a évoqué lors de sa rencontre avec la chancelière, vendredi dernier, à Freiburg, suscitant son étonnement.

Une telle solidarité financière (à laquelle participent même des pays eurosceptiques comme la Grande-Bretagne, la Suède et le Danemark), pourtant interdite par les traités, aurait été jugée impossible il y a encore peu et, d’ailleurs, une partie des investisseurs (notamment américains) avait fait le pari que les Européens en seraient incapables. L’approfondissement de l’intégration européenne ne va pas s’arrêter là. Comme me l’a expliqué Jean-Claude Juncker dans un entretien que vous lirez demain dans Libération (et plus tard sur ce blog), « l’intégration européenne fera un bond dans les dix années à venir ». Avec son collègue italien, Giulio Tremonti, il a d’ailleurs proposé, il y a dix jours, de lancer des euro-obligations, une idée qu’il avait déjà lancée sur ce blog en décembre 2008 : il s’agirait de gérer en commun une partie des dettes publiques afin de faire baisser les taux d’intérêt, ce que permettra un marché obligataire européen qui aurait la taille de celui des États-Unis. Surtout, un tel instrument de marché interdirait aux marchés de jouer les États de la zone euro les uns contre les autres et les rassurerait définitivement sur le destin commun des pays européens.

Juncker se dit certain que son idée sera rapidement adoptée afin de prendre de vitesse les marchés et offrir ainsi une réponse systémique à une crise systémique. Certes, Angela Merkel l’a immédiatement rejetée de façon pavlovienne, soutenue du bout des lèvres par la France. Mais, aujourd’hui, dans le Financial Times, deux poids lourds du SPD (le parti social-démocrate), Frank-Walter Steinmeier et Peer Steinbrück, s’y sont ralliés et les libéraux du FDP, pourtant membres de la coalition gouvernementale, y sont aussi favorables. Mieux, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, n’y est pas hostile. Comme le dit très justement mon collègue Wolfgang Münchau sur son site Eurointelligence, ce n’est plus l’Allemagne contre le reste de l’Eurozone, mais Merkel contre le reste de l’Eurozone… Autant dire que les lignes de front bougent très vite dans la guerre que nous vivons.

Bref, ceux qui espèrent la chute de la zone euro lors d’un « grand soir » d’apocalypse en seront pour leur frais, comme à chaque fois que l’Union a affronté une crise. "

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce soir aux infos j'ai entendu que l'on projette une meilleure économie commune dans l'avenir pour maintenir l'Europe, donc ce n'est pas fini, quoiqu'ils en disent ou projettent parmi les candidats aux présidentielles. Au moins Sarkozy est pour l'Europe et pas pour la quitter.

Sylvia Mackert

lg a dit…

L'Europe peut être un outil de paix, liberté, d'égalité et de justice.. Ce qu'elle a été principalement depuis sa création.

L'europe peut aussi devenir un outil néfaste pour ses populations.

Les fervents pro-europe, comme nous (les radicaux), se doivent de surveiller toutes les dérives des institutions.. qu'elles soient administratives (des fous en ce qui concernent certaines régulations et procédures) ou qu'elles soient financières.

Anonyme a dit…

Effectivement, et c'est ce qu'explique Jean Quatremer, il est impossible de sortir de l'Euro, comme de l'Europe, sauf à provoquer une grave explosion, dont aucun homme politique ne voudrait... ou alors ...
C'est aussi, j'en suis sur le point de vue de ceux qui critiquent l'Europe pour engranger des voix en soufflant sur les voix du mécontentement...
On se retrouve cependant dans la même situation que lors du vote pour la Constitution où l'on a fait croire que la sortie de l'Europe pouvait offrir une solution sérieuse.
On ne sait jamais où peut nous entrâiner la démagogie...
L'Iran en est encore notamment largement victime
Pour répondre à Laurent Grandsimon, je suis tout à fait d'accord avec lui. Il n'y a pas de démocratie sans vigilance. L'Euro est dangereux, l'Europe est dangereuse, par ce que la politqiue et la gestion des rapports entre les hommes est dangereuse. C'est aussi ce qui constitue je pense la raison de nos engagements, de nos débats... La crainte n'évite pas le danger..
Pour répondre à Laurent