dimanche 20 mars 2022

Le café de la Solidarité avec l'Ukraine


L'invasion de l'Ukraine nous terrifie et nous interroge. Un café radical est le moins que l'on pouvait proposer dans cette situation. D'abord parce que, notre devoir, face à brutalité de la dictature, c'est de défendre l'intelligence et la liberté du débat, et parallèlement de soutenir l'élan de solidarité envers le peuple Ukrainien victime de l'agression russe. Celui-ci s'est manifesté un peu partout en France, et en particulier dans notre département.

 Les intervenants Dominique Béton (association Rêve ta terre), Olivier Taconet, François Loncle, Valérie Béton (association Rêve ta Terre) et Diego Ortega
 

 

François Loncle, ancien député,  président de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée Nationale de 2000 à 2002 a répondu sans hésiter à notre invitation et nous a permis de bénéficier de son expérience et de ses compétences. L'association Rêve ta Terre, engagée dans l'aide aux Réfugiés depuis plusieurs années, a pu parler de l'aspect pratique de la solidarité, ayant déjà effectué un premier voyage en Pologne pour apporter aux victimes des produits de première nécessité. 

L'intervention de François Loncle

François Loncle a fait une intervention précise et documentée, s'appuyant notamment sur son expérience qui lui a permis de rencontrer Poutine, alors nouveau président de la Russie. François Loncle a rapporté ses mots qui déjà laissaient percevoir le traumatisme lié à l'effondrement de l'ex-Urss et la volonté de retrouver une place prépondérante sur la scène internationale. 
Cette détermination prend aujourd'hui toute sa dimension. Pendant que l'Europe démocratique s'interrogeait sur son présent, sur son devenir, sur un équilibre des forces économiques et politiques en son sein, Poutine a resserré progressivement un étau qui, parallèlement à la mise au pas de sa population, a laissé place à l'organisation d'une reconquête militaire sans réaction de la part du reste du monde à la hauteur de l'évènement. 
Ainsi, peut-on mesurer l'annexion de la Crimée, qui reste une partie de l'Ukraine pour le Droit international, les invasions de parties de la Géorgie et de la Moldavie ... exactions qui ont fini par s'installer de manière pérenne. François Loncle a rappelé malgré tout le rôle déterminant de Sarkozy, profitant de son rôle à la tête de l'Union européenne pour imposer une présence militaire en Géorgie et limitant l'intervention russe à une cinquantaine de kilomètres de la capitale Tbilissi. De la même manière, le refus de vendre des porte-hélicoptères Mistral par François Hollande à la suite de l'annexion de la Crimée ont été des moments importants mais insuffisants au regard de l'Histoire. 

Le soutien de Poutine à Bachar el Assad

En fait, il se révèle que deux instants ont été plus déterminants encore au regard de ces 20 dernières années : la crise en Syrie et l'affaiblissement de l'Europe politique. 
En Syrie, la Russie de Poutine a joué cyniquement l'appui à Bachar el Assad, le boucher qui avait choisi de relâcher les islamistes d'Al Qaida qu'il venait d'emprisonner pour l'aider à massacrer la population en quête de liberté. La Russie n'a pas hésité à se transformer en criminel aux regard du droit international en utilisant les armes chimiques. Le but : renforcer sa présence au Moyen Orient en appuyant des dictatures qui lui seront redevables. Le refus des Etats Unis d'intervenir, entraînant celui du Royaume Uni, interdisait toute action militaire et notamment celle de la France. Cette lâcheté a pour conséquence ce que le monde subit aujourd'hui, puisque le conflit en Ukraine n'est rien moins que la première guerre d'invasion d'un pays depuis Hitler. A signaler que l'appui aux dictatures dans une démarche stratégique explique notamment son soutien à la dictature de Loukachenko en Biélorussie, qui lui sert de base arrière dans l'invasion de l'Ukraine.

Les doutes de l'Europe

François Loncle a évoqué aussi à quel point le vote de 2005 contre le traité européen a été un point déterminant dans le délitement de l'Europe, auxquelles ont succédé de nombreuses crises (au premier rang desquelles on situera le Brexit), brèche dans laquelle le régime Russe s'est engouffré.
Le rappel précis de ces éléments par François Loncle a permis de lancer un débat passionnant avec l'assistance. Il ne s'agissait pas, bien entendu de faire tout le tour de la question. Tant il est vrai que les conséquences sont nombreuses, et qu'il faudra sans doute hélas faire d'autres réunions pour évoquer celles-ci. A l'évocation de l'augmentation du budget militaire, François Loncle a rappelé que celui-ci était déjà en hausse et que l'effort allait forcément se poursuivre. Il en est aussi de même pour la réflexion de l'effort énergétique, justifiant notamment de nouvelles recherches sur le nucléaire. Ainsi, au delà des difficultés d'approvisionnement de biens de premières nécessités, et de la nécessaire solidarité avec les peuples menacés, la société française subira forcément les conséquences de la crise.

Les solidarités


Bien entendu, ces aspects essentiels ne sauraient occulter le actions extraordinaires de solidarité menées par les associations et les diverses initiatives individuelles et locales.
A droite, aux côtés de Diego Ortega, Nikolai, 
jeune réfugié Ukrainien qui a assisté au débat.
Ici, bien que ce n'ait pas été dit, je voudrais tordre le coup à certains propos qui insistent sur le fait que la solidarité ait lieu entre personnes de même couleur de peau. Comme si cela devait être repréhensible. Ces propos m'offusquent. Tout d'abord parce tout geste de solidarité et de générosité est par nature à encourager. Il est ce qui nous donne notre humanité. Ensuite, j'ai l'impression qu'il est souvent une justification pour ceux qui ne veulent rien faire et se tiennent à l'écart de tout geste de solidarité. Enfin, parce que je pense que la motivation première des élans de solidarité sont d'abord dus à la situation exceptionnellement menaçante de la crise Ukrainienne, qui, c'est vrai, menace chacun d'entre nous. Ainsi, cette première guerre d'invasion depuis Hitler, change complètement les données du problème. Qui peut dire si, d'ici quelques années, nous ne serons pas nous même des réfugiés en puissance. 
C'est le moment de rendre ici hommage à Valérie et Dominique Béton, assurément de belles personnes qui agissent à leur niveau, sans publicité, auprès des réfugiés de toutes nations et de toutes couleurs, pour leur porter assistance. Leur association "Rêve ta terre" rend des services à ceux qui sont perdus et rejetés et ont acquis dans l'action une connaissance précieuse et précise qui se révèle indispensable en ces moments de crise inédite. 
Valérie Béton a pris la parole pour expliquer à quel point les Ukrainiens recueillis et accueillis étaient totalement bouleversés, eux mêmes ayant vécu en première ligne ce que le monde a ressenti à savoir la surprise totale de se voir envahi du jour au lendemain, l'incrédulité ayant laissé place à la sidération, puis à la terreur et à la panique sans avoir eu le temps de se préparer au désastre.  
Une partie de l'assistance
Tel n'était pas le cas d'autres réfugiés débarquant en Normandie après d'autres errances et épreuves certes insupportables, mais qu'ils avaient eu plusieurs semaines pour assimiler (tout ceci étant bien entendu relatif). 


Quand un ex-député rencontre un ex-député, 
qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires d'ex-
députés. Ici Paul Dhaille et François Loncle 
échangent sur la situation en Ukraine et ailleurs.
Dominique Béton, revenant tout juste de Pologne, a expliqué quant à lui la situation somme toute provisoire des réfugiés Ukrainiens qui, pour leur grande majorité, souhaitent rester à proximité de leur ancien pays, dans l'espoir de pouvoir y revenir assez rapidement. Il reste que, malheureusement, la France est vécue comme un pays à risque,  notre pays ayant notamment hébergé des réseaux criminels de prostitution. Le souci de protéger des populations qui se savent vulnérables, comprenant notamment des mères déboussolées  avec de jeunes enfants pouvaient amener à de nouvelles catastrophes. 
Voilà en quelques mots ce qu'on pouvait dire de cette soirée nécessaire.
De nombreuses personnes s'étaient excusés de ne pouvoir venir pour cause de covid ... ou du fait que ce café radical s'est réuni dans l'urgence. Raison de plus pour remercier tous les participants, la réunion aurait pu durer jusqu'au bout de la nuit, tant les questions et interrogations étaient nombreuses et le demeurent. Voilà qui, quoiqu'il en soit, ne doit être un frein ni à l'action ni à la solidarité.

 












 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pourquoi publiez-vous un texte sur les violences sexuelles sur un site de la fachosphère, en donnant des leçons aux gauchistes sans revenir sur Baylet ?!