mercredi 4 octobre 2017

Ma vérité sur la Catalogne


Je n’ai aucune sympathie pour les nationalismes, encore moins pour les nationalistes. Ça ne m’empêche pas d’avoir le plus grand respect pour les Nations, mais c’est une autre question. Fondamentalement, j’ai l’impression que plus un pays est grand, plus il est riche de ses diversités, plus il permet l’épanouissement des personnalités qui le peuplent.
Ironie de l'Histoire  ! Il y a 40 ans, le catalan
Miro s'intégrait dans la tragédie espagnole
en combattant le franquisme. A ce moment,
les amants de la République étaient tous
Espagnols. 
Souvent les plus grandes Nations se sont construites sur l’écrasement, sur l’écrasement d’autres Nations ou d’autres peuples et ça ne me réjouit pas plus que ça. Restent, bien entendu l’histoire des Nations humiliées, de celles qui n’ont pas eu l’occasion de s’épanouir et qui en perçoivent un fort sentiment d’humiliation collective. C’est ce qu’on peut ressentir en France, avec la Corse, et plus fortement encore en Espagne, avec le Pays Basque et la Catalogne.

En France, on a du mal à comprendre le problème de la Catalogne espagnole. Sans doute parce qu’à l’inverse des indépendantistes basques, les nationalistes Catalans ne se sont pas livrés à la violence, ou très peu, même sous Franco. En fait, la résistance Catalane s’est exprimée beaucoup plus comme dernier rempart républicain contre les rebelles Franquistes. La Catalogne a été, de fait, la République face à la dictature militaire. Elle charriait les images de l’armée de l’Ebre, de la Résistance de Barcelone face au pouvoir central déjà occupé par Franco et qui allait laisser la place à 40 ans d’une dictature féroce. C'était le contraire du pays Basque où les indépendantistes ont eu droit à beaucoup de faveurs parce qu'ils ont tenté sous la dictature de s'opposer à la dictature du Général Franco.
Pour un Français normal, soumis à un pouvoir centralisé, l’identité Catalane, plus qu’exotique, apparaissait comme inexistante. Surtout avant ! Il faut dire que la France souffrait encore de ce qu’elle avait subi à l’occasion de la deuxième guerre mondiale. Le génie gaullien avait réussi à ressouder une Nation réduite en miettes. Cela a largement contribué à la marginalisation des mouvements régionalistes. Ce n’est qu’à la suite de mai 68 que ces mouvements ont réussi à reprendre prise à partir d’une jeunesse à la recherche de causes à défendre.
Il est naturel de vouloir être indépendant. C'est une loi
de l'humanité. Il n'empêche qu'au delà de la sympathie
suscitée par les indépendantistes, les conséquences
d'une indépendance politique peuvent se révéler
catastrophiques. La brutalité du pouvoir central fait
oublier une démarche profondément égoïste qui
s'imagine bénéficier d'un gain économique en se
séparant du pouvoir central. C'est à l'échelle d'un pays,
le même calcul que celui des tenants du Brexit.
Les mathématiques élémentaires révèlent qu'en cas
d'erreur de calcul, il faut s'apprêter à payer l'addition,
et c'est toute la population qui la paiera, catalane
comme espagnole. 
Aujourd’hui même, enfin disons, jusqu’à il y a quelques mois, la Catalogne, semblait à beaucoup de français comme une curiosité folklorique. Le catalan présent non seulement à l’entrée des villes mais au cœur de leur centre et de leurs commerces, les références baroques de Salvador Dali, de Gaudi et de Joan (et non Juan) Miro le Barça, club le plus puissant d’Europe, l’omniprésence même de drapeaux catalans aux fenêtres Barcelonaises, tout cela ne prêtait pas trop au sérieux jusqu’à l’attentat de Barcelone, dont on pensait qu’il allait provoquer une réaction unanime face au terrorisme islamiste alors que non seulement elle n’a pas mis fin sous le boisseau les querelles identitaires entre les indépendantistes et le pouvoir central, mais elle les a exacerbé.
C’était la première manifestation extérieure sérieuse du problème catalan. Cela semble très loin maintenant. Cependant, tout y était. Une police catalane et une police espagnole. Un État central et une Région catalane. Et tout le monde tenant à marquer sa différence alors que 13 morts et  plus de cent blessés venaient de joncher la rambla de Barcelone, happés par le véhicule conduit par un terroriste islamiste.

La presse en a peu parlé, relayant forcément  l’émotion suscitée par cette nouvelle manifestation terroriste, mais c’était incroyable !  Du jamais vu, annonciateur de la sécession, ou au moins du projet de sécession. 
Je pensais d’ailleurs que le comportement des dirigeants catalans se retournerait contre eux. Ainsi, le référendum proposé par la Catalogne aurait dû se traduire normalement par un reflux des thèses indépendantistes. 
Sauf que ni le débat, ni le référendum n'ont pu avoir lieu dans des conditions normales et ce en raison des erreurs du pouvoir central. Le pouvoir central, il est vrai, en permettant que se tienne un référendum aurait pris le risque d'une défaite. En voulant l'interdire brutalement et maladroitement, il a organisé sa propre déroute. 
L'indépendance ne correspond pas en soi un projet
politique. 
Restent les conséquences qui risquent d'être terribles. L'Europe, si elle a repris du poil de la bête, reste très faible, et les revendications indépendantistes la fragilisent. Certes, la Slovaquie a pris son indépendance sans remettre en cause son attachement à l'Europe. Certes, les Ecossais ont envisagé de remettre le Brexit sur le gril en se séparant de la Grande Bretagne pour être davantage européenne. Mais quel avenir nous prépare la Catalogne lorsque les argumentaires politiques s'approchent de ceux du Brexit et de l'extrême droite du Nord de l'Italie ? 
Tout individu a besoin d'indépendance, mais les indépendantismes ne sont pas tous sympathiques. Dans une Europe forte, fédérale, donnant poids aux pouvoirs locaux, les indépendantismes seraient sans risque car le vrai poids politique viendrait de l'Europe. Nous ne sommes pas dans cette situation aujourd'hui. 
Raison de plus pour s'écouter, pour négocier, tant il est vrai que si l'Europe, existe, si elle a pu se maintenir, c'est grâce à sa culture de la négociation. 
Le pire n'est jamais sûr. 

Ci-dessous, un résumé de la journée du référendum que le pouvoir central a échoué à faire échouer.







 

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