Les peuples cessent de vivre quand
ils cessent de se souvenir
Maréchal Foch
Le patrimoine communal appartient à toute la collectivité, c’est-à-dire à chacun d’entre nous. A Louviers, il est ce qui appartient à tous les Lovériens, il relève de l’intérêt public et de l’intérêt général, il fait partie de l’Histoire de la commune comme de tous ses habitants.
Ce patrimoine recouvre de nombreux aspects, aussi bien
collectifs qu’individuels, affectifs que matériels. Il est la mémoire de la
cité.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne faut pas toucher
au patrimoine. Une ville est un être vivant. Elle évolue, et si elle n’évolue
pas, elle meurt. Le rôle d’une municipalité, d’un maire, est d’anticiper ses
évolutions, d’encourager les meilleurs aspects et de combattre ce qui peut
nuire à la vie collective. Cette évolution doit bien entendu s’organiser avec
la population, non seulement parce qu’elle est la première concernée, mais
aussi parce qu’elle est le premier expert de sa propre vie.
La ville appartient à ceux qui y vivent
Telle est la base de ce que sera notre politique
patrimoniale. Le patrimoine est indispensable à l’identité d’une ville, au
maintien de sa mémoire sociale, affective, culturelle, esthétique. Imagine-t-on
Louviers sans Notre-Dame, par exemple ? Mais il est aussi important de
pouvoir construire où se réapproprier des sites qui font partie de la mémoire
de la ville, même si, à présent, l’usage en a été profondément transformé.
Prenons le cas de la rivière, et de ses multiples bras, qui ont été façonné
pour un usage industriel aujourd’hui disparu. En même temps, les Lovériens
connaissent leur chance d’habiter dans une ville qui a encore une place de la Poissonnerie,
une rue du Quai, une place de la porte de l’eau, une rue des Remparts, et une
tannerie devenue un restaurant. Bien entendu, si la ville doit se réapproprier
les abords de la rivière, ce n’est pas pour en retrouver des usages qui ne
reviendront plus, mais Louviers, comme de nombreuses villes de France doit mettre la beauté au cœur de son projet, et il n’est plus question de sacrifier
l’esthétique au nom de l’utilité… On le sait bien tous d’ailleurs, Louviers a
besoin d’être belle, parce que nous l’aimons.
Photo issue du blog de JC Houel. La Place Thorel au fur et à mesure de sa réalisation révèle ses défauts de conception avec un couac majeur sur la circulation des poids lourds. On en oublierait que le béton y remplace une pelouse qui absorbait une partie des pluies abondantes. Mais le pire est qu'on attendait un geste esthétique sur un site majeur. Les Lovériens, et les Amis du musée en sont pour leurs frais. |
Un référendum pour les grands projets urbains
Louviers 2020 a déjà montré son attachement à la démocratie
locale et au débat. Il a été question de référendum d’initiative locale. A notre sens les grands projets urbains, ceux qui s’engagent sur plusieurs mandats, devraient faire l’objet d’un référendum. Cela pourrait être le cas, par exemple, de la mise en valeur des bords de la Rivière. Cela aurait aussi l’avantage que, quel que soit le successeur de l’équipe en place, elle serait obligée de tenir compte de l’avis d’une population qui s’est engagée derrière un projet. Ainsi pourrait-il être le cas pour tout projet important ce qui éviterait les renoncements, les tergiversations, et l’appropriation par de nouvelles équipes de projets qui ne sont pas les siens.
Un classement pour protéger les bâtiments remarquables
Il y a une autre question qu’il faut évoquer et qui est
chère à tous les Lovériens. La municipalité a décidé de vendre en catimini tout
une partie de l’école Jules Ferry ainsi que le Manoir de Bigards et son Jardin.
Ces bâtiments sont, pour tous des biens attachés à l’histoire de chacun d’entre
nous. Je ne parle pas de l’école Jules Ferry, qui porte si bien son nom et qui
constitue un monument historique du seul fait qu’elle est le premier bâtiment
scolaire de notre ville au moment où Jules Ferry, précisément à rendu l’école
publique laïque, gratuite et obligatoire. La voilà livrée aux promoteurs, ainsi
que le Jardin de Bigards qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de la cité,
achetée par la ville sous le Docteur Martin qui en a fait un lieu d’animation
unique en France, ouvrant à tous toutes les activités culturelles et qui a été
le lieu de création et de construction de nombreux lovériens avant de devenir
un jardin dessiné par de grands paysagistes. Voilà que le site est vendu, sans
que cela ait un sens au niveau de la collectivité, alors même qu’à Louviers
comme partout dans le monde, on réclame des espaces verts. Passons. Ce qui
serait indispensable lorsqu’on voit comme le patrimoine est maltraité est que
l’on parvienne rapidement à un classement du patrimoine, interdisant que
celui-ci soit bradé.
Le patrimoine doit servir un projet
La situation laissée par Priollaud est inouïe, et il faut
insister sur le potentiel actuellement gâché. La Banque de France a été livrée
aux promoteurs, après l’école Jules Ferry et le Manoir de Bigards. Cela
pourrait apparaître bénin, au regard de ces deux événements. Ça ne l’est
pas. En fait, cela est de la mauvaise gestion pour deux raisons. La
première, c’est que, tous les propriétaires le savent bien, on ne vend pas
lorsque les taux sont extraordinairement bas. Si on peut acheter, on le peut,
si on peut investir, on le peut, mais on en vend que lorsqu’on est aux abois.
Nous avons souligné l’importance d’avoir un projet global pour la ville, elle
en a besoin. La ville avait grâce à la Gendarmerie qui s’installe en dehors du
centre et la Banque de France d’un atout foncier remarquable sur laquelle on
pouvait faire travailler urbanistes et architectes de façon à concevoir la
ville de demain, en respectant des principes écologistes et les besoins des
lovériens. On aura malheureusement une réalisation au rabais, ne prenant pas en
compte les nouvelles exigences de la ville.
Enfin, dans ce chapitre sur le patrimoine, je m’en voudrais
de ne pas mentionner le bradage des cinémas de Louviers et de la grande salle à
vocation culturelle, négociée de haute lutte avec la Région, l’Etat et le
Département qui faisait de noter ville un site culturel remarquable. Un tel
comportement fait qu’il est impossible de savoir ce que deviendront les cinémas
dans une dizaine d’années, après cette bonne affaire pour l’acquéreur.
Le patrimoine, ce n’est pas seulement la conservation des
vieilles choses. Le patrimoine, c’est aussi un projet urbain, un projet social,
un projet culturel. Lorsqu’il est gaspillé, c’est la ville qui est perdante, et
pas seulement financièrement. Et la ville, c’est nous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire