4e chapitre
Tricarde
C’est absolument sans façon
Qu’ils engloutissent les leçons
Et se plient aux évaluations
Sans faire aucune réflexion
Les
enfants sages
- « Bon, c’est pas pro, ça Florence ! Que tu t’embrouilles
avec la mairie, c’est pas génial, mais bon, ça se rattrape. Mais s’attaquer à
la police, pour un localier, c’est la catastrophe ! Et si ça ne l’est pas
encore, ça va le devenir.
- Comment ça une catastrophe ? C’est toi-même qui m’as dit que le niveau des
ventes avait triplé sur Louviers avec mon article sur la bonne femme tombée à
l’eau.
- Oui, mais si tu
multiplies zéro par trois, comme disait ma grand’mère, ça fait pas beaucoup !
Tu sais bien que ce n’est plus le niveau des ventes locales qui fait tenir un
journal. C’est même plus les publicités au niveau local. Nous on ne tient que
parce qu’on fait partie d’un réseau répandu sur la Normandie , la boîte qui
a racheté les hebdomadaires historiques. Ce que doit faire un localier, c’est
de faire de l’animation locale, de l’information à la petite semaine, c’est le
cas de le dire. De l’anecdotique. Et tu vas la pêcher comment l’anecdote, si ce
n’est pas en copinant avec la police, la gendarmerie et les mairies. Si tu te
mets mal avec tout ce monde là, t’as plus rien pour travailler. Bon, que tu te
fasses plaisir, que tu les titilles un peu, y a pas mort d’homme. Mais, là, si
tu te tapes la police, la gendarmerie et la justice, c’est quasiment du
suicide.
- Allons, arrête ! J’ai à peine un peu tapé sur la police municipale.
- Eh ben voilà ! C'est ce que je disais : la police, la gendarmerie, la justice et, bien sûr, j'allais oublier la mairie ! Mais fais attention aux mots que tu utilises
bordel ! La police municipale, tu ne trouves pas qu’on lui a déjà assez
tapé dessus ? Il y a deux types qui ne
sont pas sortis de l’hosto.
- Mais enfin, ça n’a rien à voir avec la police nationale
et la gendarmerie, tu le sais bien, ils se détestent. La police municipale ne
fait que coller des PV et gérer les
objets trouvés. Avec les flics et les gendarmes, ils ne se détestent pas, ils
se méprisent, c’est pire ! Enfin, que la nationale méprise la municipale,
c’est de tout temps.
- Erreur d’analyse ! C’est ce que je te
disais : « on ne frappe pas un homme à terre ! ». Le fait
que les représentants de la loi se soient fait tabasser, quelque soit leur
statut va créer une solidarité. Tu parles, surtout après le passage du
Ministre. On ne critique plus les flics ni l’administration, au moins pendant
trois mois, et encore avec parcimonie. Fais pas le bourrin ! Et puis
voilà, t’es même pas localier, je te signale. T’es juste pigiste localier. N’en
fais pas trop non plus.
- Tu me dis quoi, là ? Tu me dis qu’il faut que
j’arrête ? Déjà avec le mal que vous avez à trouver des pigistes, tu ne
peux pas faire le difficile. Tu n’as
plus que moi.
- Non non, prends pas ça mal. Je ne te dis pas qu’il faut
que t’arrêtes. Je te dis qu’il faut arrêter la provocation. Je ne te demande
pas d’aller t’excuser…
- Ah ! J’aime mieux ça …
On ne critique plus les flics, ni l'administration pendant au moins trois mois, et encore ! avec parcimonie... |
- Enfin, je ne te le demande pas, mais si tu le fais, je
n’en prendrais pas ombrage. Et puis sur cette affaire de police, là … ou sur
toutes les affaires de police, tu laisses la main à Patrick. Il reprend le
boulot lundi. Oublie-pas que si t’as pu assister à la conférence de presse,
c’est grâce à moi. Si tu en profites pour mettre le bran, c’est un peu sur moi
que ça retombe. En tous les cas, tu laisses tomber l’affaire et surtout, tu ne
vas pas interviewer les policiers agressés.
- Bon, bon, d’accord. Je ne fais plus que les clubs de
foot et les affaires de voisinage. Les chiens écrasés. Enfin, n’oublie pas que
je suis la seule à connaître Louviers sur le bout des doigts dans la boîte. Ça
fait au moins dix ans que les journalistes ne sont que de passage et ont du mal
à se repérer dans le paysage. Je ne parle même pas de connaître le nom des
rues. Bref, je continue à m’intéresser à l’affaire, aux affaires, même si je
n’écris rien dessus … mais si t’as besoin, n’hésite pas ! En attendant,
juré, je ne vais pas interviewer nos deux victimes sur leur lit de douleur.
Florence quitta le rédacteur en chef, et décida qu’il
fallait agir vite. Elle savait qu’un hebdomadaire appelait à la même urgence
qu’un quotidien. Même si on doit être publiée six jours après, c’est toujours
essentiel d’être la première sur le coup.
Lorsqu’elle sonna chez les Hervet, elle ne savait pas
comment elle allait être accueillie.
- « Ah ! Bonjour Florence ! Je n’étais pas
sûre que tu viendrais, mais de toute façon, j’allais te téléphoner. Tu venais pour
prendre des nouvelles de William ?
- Oui, c’est ça. Je n’ai pas pu aller le voir. Il est
super protégé. Il va comment ?
- Tu parles ! Enfin, il va du mieux qu’il peut. Il a
une fracture à l’épaule, des bleus de partout, mais c’est son genou qui
m’inquiète le plus. Il aura besoin de béquille pendant quinze jours, mais ça,
c’est s’il s’en tire bien. C’est l’autre, là,
Lorraine, c’est lui qui en a pris plein la tête. À mon avis, c’est à lui
qu’ils en voulaient.
- Mais dis-moi, Mélissa, ça lui arrivait souvent à
William de partir comme ça en virée avec Lorraine ?
- Ben non, jamais ! Presque jamais … tu parles, ça
fait des mois qu’il le faisait ch...ier, c’est le cas de le dire ! et à
chaque fois William il refusait. Il voulait bien faire la police, William, c’est
son métier, mais il ne voulait pas jouer au cowboy, en plus il a plus l’âge.
Et puis quand même, le Lorraine, là, il n’est pas vraiment son chef. Il n’est
pas clair, le type. Il agit sans que le maire soit au courant, et surtout, il
veut faire des coups. Enfin là, les coups, c’est lui qui les a pris. Et pas
qu’un peu ! Il a une fracture du crâne. Il en a pour plusieurs mois d’arrêt et surtout, il est défiguré. S’il s’en
tire bien, il aura plusieurs opérations de chirurgie esthétique. Mais surtout,
dis pas ça dans le journal. Enfin, tu ne dis pas que c’est moi qui t’ai dit
tout ça. Surtout que ça ne se retourne pas contre William, il a déjà assez de
mal avec Lorraine et avec le maire.
- Mais, sinon, tu sais comment ça s’est passé
exactement ?
- Ben non, ce que je sais c’est qu’il a reçu un texto à
cinq heures du matin. Il s’est recouché, Lorraine a appelé deux minutes plus
tard et puis William a râlé et il est parti. L’autre l’attendait devant la
maison. Ce que je crois, c’est qu’en fait Lorraine, il traîne souvent la nuit à
Louviers, à chercher des gamins qui font des conneries. Là, soit disant, il
avait vu des taggers avec un comportement bizarre.
Sauf que quand ils ont arrivé dessus, y a eu une panne de lumière. Comme William et Jacques étaient sortis de la voiture, avec la surprise en plus, quand ils se sont fait agresser, ils n’ont rien vu venir.
William, il s’en est tiré à peu près, mais il disait qu’il n’avait jamais vu une telle violence. Et pourtant, ça fait 20 ans qu’il est dans la police. Les types étaient déchaînés. Lorraine, je ne sais pas ce qu’il en aura retenu. Et sinon, tu crois qu’on va les retrouver ?
Sauf que quand ils ont arrivé dessus, y a eu une panne de lumière. Comme William et Jacques étaient sortis de la voiture, avec la surprise en plus, quand ils se sont fait agresser, ils n’ont rien vu venir.
William, il s’en est tiré à peu près, mais il disait qu’il n’avait jamais vu une telle violence. Et pourtant, ça fait 20 ans qu’il est dans la police. Les types étaient déchaînés. Lorraine, je ne sais pas ce qu’il en aura retenu. Et sinon, tu crois qu’on va les retrouver ?
- J’sais t’y moi ? Déjà qu’on n’arrive pas à
retrouver les gamins du quartier quand ils font des conneries. Là, on ne sait
même pas qui ils sont. Lorraine, ils les a vus que de loin. C’est pour ça qu’il
voulait les serrer. Mais il savait qu’il ne pouvait pas faire ça tout seul.
C’est comme ça qu’il a appelé William. Tu parles d’un connard !
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