mardi 27 mars 2018

Priollaud attaque les cinémas de Louviers !

Préparons la riposte !

J'avais écrit lors du 30e anniversaire des cinémas Louviers l'incroyable histoire de l'équipement, fruit du pari de la détermination politique de l'équipe Fromentin-Martin et de l'engagement local de fous de cinémas... Il faut notamment rendre grâce au cinéphile François Bureau, capable à l'époque de convaincre de doter la ville de cet outil culturel indispensable. 
C'était un pari parce qu'à l'époque, en 1983, presque personne ne croyait en la survie du cinéma et il est vrai que sans les déterminations locales, sans Jack Lang, génial ministre de la Culture, le cinéma en France ne serait pas différent de ce qu'il est par exemple en Italie ou en Angleterre où, malgré la haute qualité de leurs créateurs, les aides publiques au cinéma permettent le maintien d'un modèle qui fait de la France le phare de la diffusion cinématographique de qualité
Ainsi, le cinéma de Louviers, a-t-il pu se maintenir et se développer malgré quelques épisodes difficiles On se souvient notamment que, sous l'aire de la Rpr Odile Proust, le cinéma avait failli fermer Une manifestation de la gauche lovérienne, soutenue par la population avait permis de trouver une solution en faisant appel à Richard Patry et à Jean-Edouard Criquioche. 
Depuis, l'équipement a prospéré et a montré son aptitude à résister aux pôles d'attractivité que constituent Evreux et la métropole rouennaise. Ce n'est pas tout. Le cinéma, grâce à l'action de la municipalité Martin a réussi à servir d'appui au spectacle vivant dans le cadre d'un partenariat avec la scène nationale. De la même manière, l'association derrière l'écran permet de développer à Louviers le cinéma d'art et d'essai. Bref, en plus d'un outil d'animation devenu indispensable, le cinéma de Louviers, deuxième cinéma du département pour la fréquentation, est aussi devenu un outil majeure qui a permis à Louviers d'être la capitale culturelle de l'Eure ... mais ça, c'était avant, sous la municipalité Martin. Depuis, la droite a réduit ses aides, et Priollaud (qui ne perd pas une occasion de s'attaquer à l'attractivité de Louviers) a commencé, après avoir mis l'équipement dans la difficulté commence à l'attaquer directement. 
C'est ce qui s'est dessiné lors du dernier conseil municipal, où Priollaud, prenant les devants a annoncé sans ambages qu'il allait proposer aux gestionnaires du cinéma un tel contrat qu'il proposait une convention provisoire ... Tu parles !
En fêtant en 2013 les 30 ans de cinéma à Louviers,
Franck Martin et Jean-Edouard Criquioche pensaient comme
touts les lovériens, les problèmes réglés définitevement.
C'était sans compter avec l'incompétence de Priollaud et
son mépris pour notre ville et nos équipements. 
Comme par un fait exprès, Priollaud a profité de la complicité du représentant du Front National en affirmant après lui que les gestionnaires ne payaient pas leur loyers. 
Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage ! 
C'est sur tous ces points que Jean-Edouard Criquioche a répondu dans une interview qu'il a livré à "La Dépêche" qui paraîtra jeudi matin. 
On peut penser qu'avec son franc-parler, le gestionnaire saura mettre les points sur les i et dénoncer l'incurie complète de la municipalité Priollaud qui, dès qu'il s'agit de culture, sort son pistolet à eau ! Dangereux pistolet à eau, lorsqu'il s'attaque au circuit électrique, mais le détail sera révélé dans la dépêche ... il faudra attendre après-demain ! 
En attendant, dès maintenant, préparons-nous à nous mobiliser pour défendre les cinémas !

mercredi 14 mars 2018

Une soirée avec Poutine

 et une leçon de diplomatie


Une soirée au club D12, qui m'avait invité pour écouter
Claude Blanchemaison, debout sur la photo présenter
son livre sur Poutine. Un vrai ambassadeur, fin, précis, 
intelligent, et vif jusqu'à la truculence. 

Les ambassadeurs me fascinent. Je pense que c'est depuis ma lecture de Malaparte, je ne saurais dire si c'est La Peau ou Kaputt. Je les vois comme des inclassables qui classent tout, des cyniques humanistes,  acteurs élégants de l'atroce, ils nous livrent souvent des témoignages indispensables. Bien sûr, il y a ambassadeurs et ambassadeurs. Leurs qualités sont variables et l'on a même glosé sur la bêtise supposée des ambassadeurs. Enfin, disons-le, ce n'est pas le même métier que d'être ambassadeur à Monaco ou en Syrie. Il n'empêche : ils représentent pour moi la quintessence de la formule de Clausewitz : La guerre n'est que la continuation de la politique par d'autres moyens, parce qu'ils sont précisément dans la politique et toujours en phase de préparation de la guerre si ce n'est au cœur de la guerre elle-même. 
L'ouvrage de Claude Blanchemaison, dont je
ne doute pas qu'il soit passionnant à l'image
de son auteur.
Je me suis donc rendu avec attente et intérêt à une rencontre organisée par le club D12 qui avait invité Claude Blanchemaison à présenter son ouvrage vivre avec Poutine qui retrace son expérience passée d'ambassadeur à Moscou. 
Ce type d'information est à ne pas louper, tant on a tendance à se laisser envahir par ce monde sous influence, et en particulier sous mauvaise influence tant on sait l'importance qu'accorde précisément la Russie au développement de l'emprise médiatique qu'elle peut avoir sur l'occident. Je vois cette compétence comme la conséquence directe du travail mené par l'Urss, prolongé par la Chine  et copié par les pires dictatures appliquant cyniquement le principe énoncé par l'ultra-gauche Guy Debord : dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux
Pour Claude Blanchemaison, que j'ai eu le plaisir de réentendre sur France inter dimanche matin (écouter le podcast après Ségolène Royal, minute 14), aucune illusion à se faire. Poutine est un mauvais chef d'Etat, compensant ses faiblesses par un cynisme absolu, détruisant pour longtemps l'effort mené autour de la Russie pour redresser l'Etat après son affaiblissement après les années de dictature communiste. 

La Russie vue de l'intérieur

Ainsi en arrive-t-on à une vision anecdotique de la Russie et du personnage à sa tête tout simplement parce que tout est fait pour écarter d'une vision à long terme de la situation mondiale. Claude Blanchemaison, bien qu'intervenant à une semaine de la plus que probable réélection de Poutine, parle peu de la situation interne en Russie. On peut dire, trop rapidement, que Poutine préfigure Trump, en plus puissant, en plus déterminé, en moins fou, et bénéficiant d'une faiblesse des institutions démocratiques dans son pays. 
Claude Blanchemaison rappelle cependant que la Russie de Poutine est loin d'être une dictature absolue. Il choisit certes ses opposants, il triche un peu sur les résultats, mais il y a des vrais partis, dont un parti communiste qui a d'ailleurs choisi un candidat qui n'est pas adhérent au parti communiste. Il parle aussi d'une candidate d'avenir Ksenia Sobtchak qui, bien que promise à un score anecdotique est la seule qui parle franchement de l'annexion de la Crimée et du respect des accords internationaux. 

Economie et diplomatie

En fait, pour Claude Blanchemaison, la politique de Poutine s'est assise essentiellement sur la richesse de son sous-sol, ce qui est toujours dangereux si l'on n'est pas capable de transformer cet atout en investissement économique. Cela est d'autant plus vrai dans une situation de baisse des coûts des matières premières. On comprend mieux à partir de là les attitudes vis à vis de l'Ukraine pour des questions d'approvisionnement en gaz et en pétrole. 
Mais il y a aussi un autre aspect de l'économie Russe, qui est rarement cité : le pays est le deuxième exportateur d'armes au monde.
Cela explique notamment l'implication de Poutine aux côtés de Bachar El Assad en Syrie, et ce quelles qu'en soient les conséquences pour le reste du monde. Ainsi, comme le note cyniquement Claude Blanchemaison, rien ne remplace une guerre pour démontrer l'efficacité de son matériel. De ce point de vue, la guerre en Syrie a sidéré le monde militaire par l'utilisation de nouveaux missiles tirés de très loin avec une précision inégalée. On peut voir d'ailleurs à quel point l'importance de la désinformation politique est essentielle à un marchand de canons et à quel point mener la confusion au maximum au sein des opinions publiques occidentales est indissolublement lié.
On notera aussi que l'apport des matières premières différencie la Russie de la Chine qui va développer au maximum ses investissements à l'extérieur, et en Afrique en particulier. 
A une question d'un participant sur la crainte de voir la Russie basculer de la Chine, Claude Blanchemaison fait remarquer que la Chine n'a jamais eu de politique coloniale et développe de ce fait une politique opposée à la Russie qui n'a de cesse que de retrouver ses anciennes colonies.

De l'importance des accords internationaux

Aux attitudes compréhensives de participants vis à vis de l'attitude expansionniste de Poutine, rêvant d'un retour à la grande Russie des Tsars, Claude Blanchemaison rappelle que tous les états créés à la suite du démantèlement de l'Urss, ont fait l'objet de conventions internationales. C'est ce même type de conventions qui avaient amené notamment l'Onu a intervenir contre l'Irak à la suite de l'invasion du Koweit. Il faut enfin rappeler que ces règles internationales s'appuyaient sur un fait majeur : la renonciation par l'Ukraine de son programme nucléaire. On se rend compte à quel point le discours compatissant sur la pauvre Russie forcément amenée à récupérer ses territoires perdus correspond à un discours cynique véhiculé par le pouvoir dictatorial de Poutine. Il faut aussi mesurer que ces attitudes mettent directement en cause les accords fragiles tenus pour limiter la prolifération nucléaire et qu'il suffit de très peu pour que l'Inde, le Pakistan, Israël, l'Iran ne devienne des puissances nucléaires, autant d'allumettes supplémentaires sur notre monde fragile.
De fait, Poutine, même si ce n'est pas le même personnage a la même attitude que Hitler : prendre ce qui est à prendre en se basant sur le manque de réaction internationale. On sait où cela a mené le monde... même si une réaction d'urgence a empêché que la Géorgie ne redevienne un Etat de la Fédération Russe.  
Enfin, pour remettre les choses en perspective, la Chine est un état d'1,4 milliard d'habitants, soit 10 fois plus que la Russie.
Il y a bien sûr des points communs entre la Chine et la Russie. Le développement économique ne peut avoir lieu sur un réseau de corruption. La Chine y remédie comme elle peut, et nous sommes malheureusement bien placé, avec le boulanger de Pont de l'Arche pour savoir à quel point entreprendre en dictature va parfois bien au delà du risque pour l'entreprise.
Enfin, à une question sur les dangers de la politique de Poutine pour l'Union Européenne, Claude Blanchemaison rappelle que la Russie affirme toujours son besoin d'un Union Européenne forte. En 2002, soit au début de l'ère Poutine, les accords de Minsk prévoyaient un espace économique commun entre l'Europe et la Russie, accord rejeté par la Croatie et la Pologne. En matière politique, la Russie est essentiellement pro-européenne et pro-américaine. 
On doit noter cependant pour modérer ce qu'on peut dire sur le délabrement économique de la Russie que celle-ci a connu une réelle réussite dans le domaine agricole, avantage d'une faible démographie sur un territoire qui permis à la Russie de redevenir le premier exportateur de blé dans le monde. Je ne sais pas ce qu'en penserait Benoît Biteau en ce qui concerne l'usage des pesticides, mais mais la réussite est incontestable sur le plan économique mais ne compense pas le manque d'investissement économique sur le territoire même. 

Une mauvaise conclusion, 

mais intéressante quand même


Le lecteur m'en voudra du désordre du compte-rendu établi à partir de quelques notes d'autant plus prises à la volée, que je n'ai pu me défaire de l'intérêt du débat. Je conclurai en faisant référence à un propos qui n'a rien à voir avec la Russie, mais qui était un point de vue d'ambassadeur sur un sujet qui inquiète le monde entier : la Corée du Nord.
Le sujet inquiète parce qu'on n'y comprend rien. La guerre des fous, entre le plus petit Etat nucléarisé, et la plus grande démocratie du monde on craignait le pire lorsque Kim Jung Un annonçait fièrement qu'il venait de faire un nouvel essai face à un Trump qui annonçait qu'il allait frapper réellement la Corée du Nord enclenchant le feu nucléaire. Les plus perspicaces en étaient à courir aux abris en psalmodiant la célèbre formule d'Audiard.



  Et puis non. Kim Jung Un choisit de rencontrer Trump à la surprise générale. 
Claude Blanchemaison explique que le rapprochement entre la Corée du Nord et les Etats Unis témoignent simplement de la volonté de la Corée du Nord de marquer ses distances vis à vis de la Chine. La Chine en effet, pour des raisons politiques et géographiques, a besoin depuis longtemps de garder son influence sur la Corée du Nord, histoire d'éviter une réunification Coréenne qui serait pour elle un danger politique et économique. Sauf que la Corée du Nord n'est pas un allié tranquille et que la Chine ne veut pas non plus d'une nouvelle puissance nucléaire aux mains d'un dictateur imprévisible. C'est donc contrainte et forcée qu'elle a voté la résolution condamnant les provocations nucléaires de la Corée du Nord. 
C'est rencontre a donc pour premier objet de la contrarier, ainsi que le rapprochement entre les deux Corées. On le comprend, mais on sait aussi que la Corée du Nord a besoin de la Chine pour sa survie. À  suivre ... 










lundi 12 mars 2018

Quand on le disait que la gauche n'est pas morte !

Photo fondatrice du 9 décembre 2017, quand nous avons
refusé le suicide programmé par la présidence du parti radical
de gauche. Non, nous refusons de rejoindre une famille qui n'est
pas la notre. Etre radical, c'est être de gauche. On garde le G
Ce n'est qu'un signe, mais c'est un signe incontestable. 
La gauche de gouvernement est en voie de retrouver son siège en Haute Garonne, et nettement. 
Certes, la participation est faible .. mais pas tant que ça, finalement. 35 % de votants, on a vu nettement pire. Bien sûr aussi, la circonscription a été l'objet de toutes les attentions nationales. Mélenchon s'est déplacé en personne, et la présidente de la Région, la socialiste Carole Delga a tenu, elle aussi meeting. 
Les résultats sont d'autant plus significatifs. 
Le député sortant socialiste, maire d'Encausse-les-Thermes, est largement en tête de ce premier tour avec 38,74 % devant Michel Montsarrat (La République en Marche) avec 20,31 %. Ils seront tous deux au second tour.
Les autres candidats sont tous en baisse si on compare leurs scores à ceux de juin dernier. 
Philippe Gimenez perd un point pour La France Insoumise) avec 13,02%, Marie-Christine Parolin (Front national) en perd 4. 
La droite diminue son score de moitié. Les autres résultats sont anecdotiques. 
Bien sûr, l'élection ne sera jouée qu'à la suite du deuxième tour, mais sauf énorme surprise, elle devrait voir celui qui n'avait gagné que de quelques 91 voix l'emporter très largement. 
Le phénomène remarquable c'est que non seulement il est sélectionné pour le deuxième tour mais qu'il arrive largement en tête alors qu'il était largement devancé il y a quelques mois (33 % pour la République en marche contre 17,78 %). 
L'on voit ainsi que la place existe pour une gauche constructive, dont la volonté est d'offrir une alternative crédible au pouvoir centriste. La gauche mélenchoniste est marginalisée malgré ou grâce à ses efforts sans effets. 
Déjà, dans ce blog, nous avions noté et insisté sur le fait qu'à Orthez et à Auterives, dans le cadre d'élections municipales partielles, la gauche l'avait emporté. 
Non, Macron peut se dire que la gauche n'est pas morte. Elle ne va pas bien, c'est sûr. Elle est fragile, c'est sûr aussi, mais avec du soleil, beaucoup d'eau, de l'espérance et de la volonté, la gauche est appelée à renaître et à vaincre si elle est à même d'offrir un projet réaliste et novateur.

Les Radicaux de gauche y prendront toute leur part.

café génial avec Benoit BITEAU

Benoît Biteau, un animateur hors-pair ! 
Bien sûr, on peut d'abord noter la forte participation au café radical. Ce n'était pas évident. Il y avait près d'un an que je n'avais pas organisé de café radical ... Tellement de stress, tellement d'incertitudes politiques à la suite de ces élections présidentielles qui ont bouleversé le monde politique... mais justement. Grâce à l'activité menée par les radicaux de gauche, on se rend compte que la politique reste un vrai sujet d'intérêt. Qu'elle est affaire d'engagement, qu'elle implique des choix et qu'elle nécessite des éclairages. 
Benoît Biteau était l'homme de la situation. Il intéresse et attire les foules sur le sujet essentiel du rapport de l'homme à la Terre avec un grand T, ou à sa terre avec un petit t.

La réponse est oui 

L'image donne une petite idée du succès du café radical
organisé autour de la personnalité de Benoît Biteau. La
configuration de la salle rendait difficile la participation de
tous au débat mais la qualité d'intervention de l'animateur
a permis à chacun de profiter au mieux d'une soirée unique
Très vite, j'ai oublié le stress naturel de tout organisateur d'événements. Arrivé avec un peu de retard, Benoît Biteau a tout de suite pris les choses en mains et raconté sa vie en ce qu'elle donne une leçon sur l'évolution de l'agriculture et à la question 
- "Une autre agriculture est-elle possible ?
Benoît Biteau répond d'emblée 
- OUI !"
Benoît Biteau raconte son expérience, par ailleurs confirmée par l'un des agriculteurs participants, qui me confirme que le père de Benoît Biteau a bien été dirigeant départemental de la FNSEA. Mais Benoît Biteau n'avait pas choisi cette voie et a fait le pari, après être devenu ingénieur agronome, ce qui lui a notamment permis de devenir cadre A de la fonction publique. 
Qui sait au fond ce qui a poussé Benoît Biteau à reprendre la ferme de son père ? Un attachement viscéral à sa terre ? La volonté de mettre en pratique ses idées ? Un peu des deux ou autre chose ? On ne lui pose pas la question parce qu'on passe tout de suite aux nombreux sujets passionnants qui relient l'être humain à son agriculture. 
Sans doute, la rationalisation de l'agriculture a-t-elle permis de nourrir les villes, mais elle a aussi aliéné toute une partie de l'humanité à ses ressources naturelles. Il s'est agi, comme le rappelle Benoît Biteau d'une industrialisation de l'agriculture, d'une exploitation des sols et des bêtes. Les agriculteurs ont été fiers de pouvoir ne plus être des paysans mais de devenir des exploitants. 

L'agriculture à la sauce fnsea ... une horreur sans fin ? Benoît Biteau préfère mettre une fin à l'horreur 

Pour Benoît Biteau, il n'y a pas loin d'exploitant à exploiteur. Il n'y a aucun intérêt à exploiter la terre. Ce qu'il veut, c'est vivre au pays, vivre de son travail, et vivre bien. Il explique à quel point la France agricole en particulier est victime d'un système victime d'équipements coûteux, qui rend l'exploitant dépendant des banques et des suites de l'utilisation de ces outils. Ainsi l'utilisation de produits chimiques certifiés monsanto, pesticides dont les conséquences sont souvent tragiques pour la santé des agriculteurs, ont aussi des conséquences sur les sols qui impliquent un coût de réparations et imposent de rentrer dans un cercle vicieux sans fin ...
Jean Michel Gantier est intervenu plusieurs
fois dans le débat permettant à Benoît
Biteau de clarifier ses positions
Sans fin ? Pas vraiment pour Benoît Biteau qui explique qu'il a renoncé à réutiliser l'équipement coûteux qui devait lui permettre la culture du maïs avec un système d'irrigation imposé et bien sûr invendable puisqu'il était dédié à la ferme qu'il venait d'acquérir. Benoît Biteau a fait le choix d'irriguer autrement, parallèlement à celui de gérer autrement sa terre en faisant le choix de n'utiliser ni les équipements ni les produits mortifères, et de sortir de la logique d'exploitation des terres au mépris de la qualité de la production agricole.

Ce qu'il a dit n'était rien d'autre que ce qu'il exprimait déjà avec force dans son ouvrage "Paysan résistant !" dont il a dédicacé plus d'une vingtaine d'ouvrage à la fin des débats. Merci au passage à la librairie A la page de Louviers qui nous a fourni les exemplaires et a aménagé sa devanture pour l'événement.
Les débats furent riches, complets, et parfois houleux. 

La Fnsea s'invite dans le débat ... Tant mieux !

Benoît Biteau n'a pas sa langue dans sa poche. Il est politique, mais la politique est un combat. Il a dénoncé sans  pitié la Fnsea, y compris face aux agriculteurs locaux affiliés à ce syndicat tout comme l'était d'ailleurs le père de Benoît Biteau. C'est dire que Benoît Biteau connait bien son sujet. 
Témoignage précieux d'un agriculteur bio
soutenant le projet de Benoît Biteau
L'origine de la Fnsea peut être contesté, mais au delà Benoît Biteau a dénoncé un fonctionnement peu démocratique et mettant la grande majorité sous la coupe des banques et de l'industrie chimique, et les laissant dans une grande détresse financière. Il a aussi critiqué la capacité des grands syndicats d'exploitants à organiser des émeutes coûteuses pour les équipements publics, allant parfois contre l'intérêts des agriculteurs. 
M. Viel, agriculteur à Montaure a défendu
avec cran la Fnsea, ce qui, vu le contexte
était rien moins qu'évident.
Le débat a été marqué par des témoignages riches et précieux d'agriculteurs et de consommateurs sur le choix d'une agriculture biologique respectueuse de l'environnement. 
Laetitia Sanchez, conseillère régionale est intervenue pour soutenir le combat mené par Benoît Biteau. 
Isabelle Amaglio a soulevé le problème de la politique européenne et de ce qui devait être défendu lors des prochaines élections. Ceci a permis à Benoît Biteau de rappeler à quel point la politique de préservation de l'environnement mené au niveau de l'Europe s'est souvent heurté à la pression de la Fnsea et des productivistes. 
Jean-Marie Martin, président de Biocoop dans l'Eure a soulevé le problème de la prise en charge par les grands distributeurs des produits agricoles de qualité qui se traduisait par une baisse des prix nuisible au maintien d'une agriculture de qualité et au maintien du projet associatif mené par biocoop.
Pascal a rappelé  l'importance de l'activité
politique. Il évoqué le travail de la 
municipalité Martin, créatrice de la 
communauté d'agglomération Seine-Eure 
et son action novatrice pour la préservation 
des ressources en eau, cette réalisation est
citée en exemple dans la France entière.
Pascal Labbé, ancien adjoint de la municipalité Martin et connu pour son action dans la défense de l'environnement a souligné l'importance de l'action politique. 
Surprise : Benoît Biteau connaissait parfaitement l'agglomération Seine-Eure, créée par Franck Martin, et son traitement exemplaire des ressources en eau, en lien avec une agriculture biologique. 

Débats filmés

Les débats denses ont été filmés par André Notheaux et seront prochainement mis en ligne ce qui permettra à tous ceux qui n'ont pu participer (je me dois de le rappeler, le nombre de participants est d'autant plus exceptionnel que le débat a eu lieu pendant les vacances de février). 
Enfin, un débat qu'on n'est pas près d'oublier. Mais au delà du chiffre, il faut surtout faire état de la satisfaction des nombreux participants. J'ai eu, en fin de soirées des propositions de sujets pour des cafés radicaux à venir. 

mercredi 7 mars 2018

Un spectre hante le monde ...

Et ce spectre, c'est le spectre du populisme[1].


Coluche est l'image sympathique du populisme à la
française. Tellement sympathique qu'après avoir compris
qu'il pouvait nuire au renouvellement de la vie politique
en empêchant la victoire de la gauche a décidé de ne pas
se présenter à la présidence de la République malgré des
sondages très favorables. Il a continué son action citoyenne
autrement en créant "les restaurants du cœur". Reste que
Coluche était dans la tradition française de dérision absolue
du monde politique et social à l'image de Hara-kiri. Beppe
Grillo, comique italien devenu homme politique dit s'en être
inspiré.
L'avantage avec les élections en Italie, c'est qu'on ne peut pas faire comme si le danger populiste n'existait pas. Le mouvement 5 étoiles, initié, propulsé par Beppe Grillo a hissé son leader Di Maio largement en tête des élections italiennes. Cette élection, qui effraie l'Europe, fait suite au brexit, à la coalition droite-extrême droite en Autriche, sans parler de ce qui se passe en Hongrie, et, bien loin de l'Europe, aux Etats Unis,  au Venezuela et aux Philippines... Bien entendu, la liste n'est pas exhaustive. 


Reste que, justement, et à propos de spectre, c'est pas le tout, mais comme me dira ma petite fille dans pas longtemps : c'est quoi le populisme ?.. et, question bonus, en quoi c'est dangereux ?

Bon, pas facile tout ça. Dans populisme, il y a peuple. Or, depuis la naissance de la démocratie moderne, c'est bien le peuple qui est au cœur de tout, et qui motive la démocratie (d'ailleurs, démocratie, ça veut dicre : pouvoir du peuple). Alors, pourquoi la démocratie aurait-elle peur du peuple ? 
Chavez et Maduro ... y a pas qu'en Europe
Bonne question. Il n'y a pas de démocratie sans peuple. Les partis, qui sont nés avec la démocratie, font tous la cour au peuple. Normal, c'est le peuple qui élit ses représentants et que ceux-ci s'affichent avec des étiquettes qui aident les électeurs à se repérer.  
Sauf que ça ne marche pas toujours. Les partis, on sait ce que c'est, pas le peuple. C'est ce qui fait d'ailleurs que chacun peut parler en son nom. 
Sans doute se trouve ici l'essence du populisme lors même que le populisme a pu prendre de nombreuses formes au long de sa brève histoire ... une histoire cependant pas moins longue que celle de la démocratie moderne.

La Russie et les premiers populistes 

En fait, le populisme apparaît comme l'enfant ingrat de la démocratie ... même si le mot apparaît pour la première fois en Russie sous la dictature tsariste. Il s'agit d'un mouvement d'intellectuels, rejetant le conservatisme et persuadés que le peuple et en particulier la paysannerie très majoritaire doit être écouté et se constituer comme avenir de la Nation. L'idée généreuse se cassera les dents. Les paysans rejettent les intellectuels qui sont eux mêmes persécutés par le pouvoir tsariste. Il mourra mais ce premier mouvement aura joué son rôle dans le sens d'une opposition au pouvoir et se traduira par un développement du socialisme, de sa construction et de ses diverses formes d'organisation qui joueront un rôle majeur dans la révolution qui se déroulera en 1917. 

La France et le boulangisme

C'est en France que l'on trouve la première expression du populisme tel qu'on l'entend aujourd'hui. Passionnante l'histoire du boulangisme... Il faudrait que j'y retourne. Ce qu'on peut dire pour résumer, c'est que ledit général profite de son prestige et de sa notoriété pour emmener derrière lui un ensemble  agglomérant des représentants de l'extrême gauche à l'extrême droite. On est là dans l'essence du populisme où, dans la critique du système et de ses représentants, amalgame toutes les frustrations politiques et sociales dans un ensemble puissant. Ça se passe quelques années après Napoléon III, quelques années après la Commune. Le monde politique est incapable d'offrir une perspective à la Nation française. Ses représentants sont disqualifiés. Bref, on est à la recherche d'un héros, d'une grande gueule, et on est en train de définir le populisme. 
Caricature du général Boulanger avec
un discours qui se sera repris par
tous les populismes sous des formes
diverses : du balai !
Malgré tout, le Boulangisme s'éteint sans catastrophe, essentiellement parce que le Général Boulanger, malgré tous ses défauts reste Républicain et refuse de marcher sur l'Élysée à la suite d'un triomphe électoral. Les atouts du général ? Pour faire vite, il défendait un idéal républicain qui lui valut de nombreuses sympathies à gauche et y compris chez des personnalités telles que Clemenceau ... et d'autre part il était un général reconnu et estimé qui, dans le besoin de revanche à la suite de l'humiliation subie en 1870 lui assura le soutien de toutes les factions de droite, des royalistes au napoléoniens. L'histoire est bien sûr beaucoup plus compliquée et je suis preneur de toutes les corrections ou annotations. Ce qu'on doit retenir c'est que le général Boulanger n'a pas voulu du pouvoir malgré l'enthousiasme populaire qu'il avait lui-même suscité. Il mourut en exil, se suicida à la suite d'un dépit amoureux mais pas du tout à la suite de ses déboires politiques. Enfin, le général Boulanger, laissa à la France l'un de ses plus grands tubes populaires  que je vous donne le loisir d'entendre (ici exécuté par l'immortel Bourvil) :  
L'exemple du Boulangisme est éclairant sur le populisme à plus d'un titre. Il casse l'organisation politique qu'il critique. Il s'appuie sur une forte personnalité. Enfin, bien entendu sa puissance charismatique repose sur toutes les ambiguïtés, celles même qu'il reproche aux politiques traditionnels. On peut penser qu'il préfigure tous les populismes d'aujourd'hui, qu'on retrouve dans le poujadisme cette même logique nationaliste opposé au monde politique et qui se traduit par l'impuissance politique. On peut aussi penser qu'il peut avoir un prolongement dans le gaullisme en ce qu'il concerne une personnalité militaire voulant aller au delà des clivages politiques, dans le macronisme même mais Macron n'a jamais critiqué le système, il a juste bouleversé le jeu politique, et  dans le "coluchisme" (en ce Coluche a lui aussi renoncé au pouvoir). 
Et effectivement, ce qu'il y a de plus acceptable dans le Boulangisme c'est qu'il a échoué. Il n'était pas prêt au pouvoir, certes, mais le problème est quand les gens qui ne sont pas prêts au pouvoir, y parviennent et y prennent goût.

Différences entre fascisme, nazisme et populismes

Le fascisme est-il un populisme ? Il n'en est pas synonyme a priori, d'autant qu'entre Boulanger et Mussolini, le premier fasciste la filiation n'est pas évidente. Boulanger n'a pas laissé de trace politique écrite et Mussolini dispose lui, d'une profonde culture politique. Il a été socialiste internationaliste, anticolonialiste et antimilitariste jusqu'en 1914 avant d'effectuer un virage à 180° qui fera de ce dirigeant socialiste italien le créateur du parti fasciste et lui permettra de prendre le pouvoir pour longtemps cachant ses faiblesses politiques par une attitude expansionniste porteuse d'échec. Ainsi la grande Italie se mettra sous la coupe de l'Allemagne de Hitler après avoir semé horreur et désolation dans le monde entier. J'abrège parce que sinon, ça nous mènerait trop loin. 
Le peuple est au cœur des politiques nazies
et fascistes. Mais il y a une différence nette
avec les populismes, en ce qu'il y a une
mystique salvatrice du peuple chez Hitler
comme chez Mussolini, un peu aussi chez
Chavez. Dans le mouvement populiste des
pays développés, le peuple est juste un
enfant mal compris, méprisé, et qui a
besoin de soins et d'attentions.
Je ne pense pas qu'il faille considérer le fascisme puis le nazisme comme un populisme. Certes, on est dans l'exaltation du peuple...mais on lui donne une mission. Le peuple est idéalisé dans les régimes fascistes et nazis. Dans les démarches populistes, ce n'est pas ça. On est dans une démarche maternante. Le peuple n'est pas écouté, on ne fait pas assez attention à lui, il est méprisé. Sous les régimes de Mussolini comme de Hitler, il sait déjà qu'il devra se mettre au pas, qu'on en lui demandera pas son avis puisque son avis sera forcément celui du chef.
Il y a une chose cependant évidente dans le populisme, c'est que chaque mouvement populiste, à chaque période, dans chaque circonstance a sa personnalité et que cette personnalité est forcément liée à celui qui l'incarne. Il reste que le populisme est plus une manière d'être locale qui n'a ni idéologie ni élan. Peut-il alors être dangereux ?

L'exemple du poujadisme

Mis à part de s'opposer à une fiscalité trop
lourde et injuste, le seul credo politique
de Poujade est de s'attaquer aux juifs et
aux parlementaires. Pierre Mendès France
sera sa cible favorite.
Le poujadisme est un exemple très intéressant. On garde de Poujade le fait qu'il se soit opposé au nom du petit commerce à la fiscalité et par voie de conséquence à ceux qui la décidaient, les parlementaires et ceux qui la nécessité : les services publics. Il a renoncé lui aussi au pouvoir malgré son succès impressionnant aux élections législatives qui allaient faire entrer Jean-Marie Le Pen dans la vie politique française. Poujade s'attaquait à Mendès France parce qu'il était parlementaire et juif. Il avait toutes les audaces, mais il n'eut pas les moyens de traduire politiquement sa réussite électorale. Ce qui est intéressant dans la démarche de Poujade est aussi le lien sous-jacent entre racisme et populisme... ce qui n'a pas empêché Poujade par la suite de se fondre dans la vie politique traditionnelle. On remarque pour l'anecdote qu'il a toujours appelé à voter pour le vainqueur de l'élection présidentielle à venir, de Pompidou à Chirac, en passant par Giscard d'Estaing et Mitterrand. 
The economist situait Marine Le Pen entre
le hongrois Victor Orban et Donald Trump.
Des trois, elle est la seule à ne pas être
parvenue au pouvoir ... Victor Orban,
comme Trump rejettent la réalité et plongent
leur pays dans une rhétorique d'exclusion
et d'opposition aux institutions mondiales à
l'extérieur et ouvertement raciste à l'intérieur.
L'histoire donne des exemples terribles des
conséquences que pouvait engendrer cette  
attitude  et c'est précisément pour  les éviter
que ces institutions ont été créées.
C'est que, finalement, ce qui définit le populisme c'est l'incohérence. Or l'incohérence en situation de responsabilité, c'est à dire en confrontation avec le réel peut donner lieu à n'importe quoi, et plus précisément soit à l'acceptation de la réalité soit à son rejet et le déni de réalité peut mener aux pires catastrophes, et notamment aux dictatures et aux guerres qui, comme le disait Clausewitz ne sont jamais que la continuation de la politique par d'autres moyens. 

En acceptant la réalité, en se conformant aux règles 
On dirait que le canard enchaîné lui-même
tombe dans le piège populiste en mettant
tous les démagogues dans le même sac.
Mais la démogagogie, défaut constitutif
de la démocratie, n'est pas la populisme.
du pouvoir démocratique, les populistes cessent d'être populistes et se comportent  précisément comme les pires des politiciens faisant le contraire de ce qu'ils avaient dénoncé hier. C'est cependant ce qui peut arriver de mieux. Le pire reste bien sûr le déni de réalité, la mise au pas de toute opposition y faisant référence ou risquant d'y faire référence. 
Reste maintenant, une fois dressé ce tableau, à l'actualité. 

et l'Italie 

Le comique tribun Beppe Grillo a laissé sa place... pour le
meilleur ou pour le pire. On est passé du "Vaffanculo" mets
toi le dans le cul à une logique plus sécuritaire ... Rien de
rassurant
Les élections Italiennes ont placé en tête le mouvement 5 étoiles, le parti créé par Beppe Grillo. Cas exceptionnel, le créateur d'un parti populiste a laissé la main à l'un de ses jeunes lieutenant, Luigi Di Maio. Il a, a priori, l'attrait du neuf, qui fait souvent la fortune des populismes. Sauf qu'on n'est jamais complètement neuf, en politique comme ailleurs. Issu d'un milieu politique pro-fasciste, il a fait sa carrière professionnelle dans la sécurité. Ça ne veut rien dire mais c'est une indication, lors même que l'on trouvait dans l'environnement protestataire de Grillo de nombreuses personnalités venant de l'extrême gauche ou de l'écologie ... ou des deux. On est là d'ailleurs dans le plus grand flou. De la dénonciation de l'Europe, des partis, des compromis comme image suprême de la nomenklatura, les 5 étoiles ont changé de discours. Ils sont arrivés en tête, largement en tête, mais il sont très loin de la majorité absolue. Leur expérience du pouvoir local est mauvaise, voire catastrophique, comme à Rome dont la maire, Virginia Raggi à peine élue s'est trouvée non seulement incapable de résoudre le problème de ramassage des ordures, sur lequel elle avait fait campagne, mais a eu de graves problèmes une fois révélés les liens de son proche entourage avec Mafia Capitale, scandale financier lié précisément au ramassage des ordures ménagères.
Bref, comme dirait l'autre, rien n'est simple et tout se complique. Le rapport de force issu des élections ne veut plus rien dire. Derrière les 32 % obtenu par les 5 étoiles, le parti démocrate, force de gauche est réduit à moins de 20 %. Il devance la Lega, parti d'extrême droite d'une courte tête lors même que Forza Italia, le parti de Berlusconi, plonge sous les 15 %. 
Petite aparté sur la Lega, que je qualifie comme tout le monde de parti d'extrême droite, avec comme seule ligne politique le refus de l'étranger .. au point qu'il a refusé de condamner ouvertement l'un de ses membres qui a tiré au hasard sur un groupe de gens qui avaient une couleur de peau qu'il jugeait trop sombre. Mais il faut dire aussi que cette Lega, qui a cessé de s'appeler Lega Nord et de se revendiquer sécessionniste. Cette démarche qu'on dit inspirée par Marine Le Pen en personne, lui a en tous les cas permis d'obtenir des voix sur toute l'Italie. Signalons aussi qu'il est répertorié dans le centre droit (!!) puisque non seulement il a revendiqué une alliance avec la droite de Berlusconi, non seulement il l'a déjà pratiqué, mais en plus ledit Berlusconi en déroute a proposé de s'allier avec lui, même minoritaire. Bref, un peu comme si Wauquiez passait un accord avec Marine Le Pen ... comparaison très délicate, Wauquiez étant bien évidemment un parangon de droiture en comparaison avec l'imbattable Berlusconi.
Nous n'en sommes pas là ... d'ailleurs nous n'en sommes nulle part. Et même serions nous plus avancés si cette alliance avait lieu ... même si cette annonce laisse supposer qu'elle agira en faveur d'une alliance entre le mouvement 5 étoiles et le parti du centre gauche entré en crise profonde ... un peu comme le parti social démocrate allemand à l'heure du choix entre l'alliance avec Merkel et un splendide isolement laissant le pays en danger. 
Sauf que là, Renzi, le bâtisseur de la stratégie mise à mal par le parti 5 étoiles refuse de s'allier avec ce dernier... Alors, alors, nous verrons bien ... les paris sont ouverts mais il faut rappeler que, quoi qu'il en coûte politiquement, le vrai adversaire du populisme, c'est l'esprit de responsabilité. 



  


[1] Périphrase naturellement inspirée de la première phrase du Manifeste de parti communiste de Karl Marx, dont j'offre aux gourmands  les premières lignes  pour apprécier à sa juste valeur, remplacer l'Europe par le Monde étant donné que l'Europe en 1948 représentait la pointe avancée du développement mondial :
Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot , les radicaux de France et les policiers d'Allemagne.
Quelle est l'opposition qui n'a pas été accusée de communisme par ses adversaires au pouvoir ? Quelle est l'opposition qui, à son tour, n'a pas renvoyé à ses adversaires de droite ou de gauche l'épithète infamante de communiste ?
Il en résulte un double enseignement.
Déjà le communisme est reconnu comme une puissance par toutes les puissances d'Europe.




 






















lundi 5 mars 2018

Bon, finalement, je réponds à Priollaud ...


J'avais décidé de ne pas répondre et de ne pas nourrir ainsi une polémique absurde. Ma tribune à l'origine était assez claire. Parue dans la Dépêche du 16 février, elle touchait là où ça faisait mal. Il était donc logique que le maire riposte. C'était une manière de me rendre hommage.  Ce fut fait la semaine d'après dans le même journal, et mon nom apparaissait même dans le titre de l'article. Touchant !
Sauf que les événements m'ont amené à relire le texte à froid. J'avais trouvé amusant que le jour même du lancement d'une année de l'engagement le bureau de l'association des commerçants soit une nouvelle fois contraint de démissionner, précisément en raison de ses rapports avec la municipalité. 
Ne voulant pas encombrer la Dépêche avec ce qui apparaîtrait comme une bataille de chiffonniers, je limiterais ma réponse à la publication de ce post. Après tout, les meilleurs articles atteignent à présent le millier de lecteurs, ce qui n'est déjà pas si mal et je dois reconnaître à la balourdise du maire de Louviers d'être sans doute responsable de la croissance de mon lectorat. Je lui en rends grâce. 


La tribune parue dans la Dépêche du 23 février. 

Passons au fait et à l'analyse distrayante du texte paru dans la dépêche. 
1) Le titre d'abord. Merci à La Dépêche de me rendre hommage en mettant un nom à l'obscur marionnettiste dont il est question un peu plus loin dans l'article. 
2) Parce que, justement, ce qui est insupportable à Priollaud et ses équipiers, c'est que l'opposition à son inaction vienne d'un peu partout. Qui est cet Olivier Taconet qui apparaît sans qu'on lui demande ? Qui est cet empêcheur de municipaliser en rond ?Ça y est, après des jours passés à se creuser la tête, on a fini par trouver un angle d'attaque en me nommant "obscur marionnettiste". 
3) On ne sait au fond ce qu'a voulu dire l'auteur du texte avec cet "obscur marionnettiste". Passons sur le terme "obscur" . Après tout il n'est pire sourd que celui qui ne veut entendre et il n'est pire myope que celui qui ne nettoie pas ses lunettes. Olivier Taconet n'a rien d'obscur. Ce n'est pas de la vantardise de ma part, c'est de la transparence. L'obscurité est un thème cher à Priollaud. Pour s'amuser, il a mis notre ville dans le noir pendant un an... mais ça n'a fait rire personne à Louviers où personne n'a oublié l'épisode
Reste le terme marionnettiste. Je ne suis pas un marionnettiste, même si, comme d'autres, je rends hommage à ceux qui en ont le talent.
Notons seulement l'incapacité de Priollaud de prendre les gens pour ce qu'ils sont. Cela cache quelque chose de plus grave : l'incapacité de répondre à ce qu'ils disent. Je ne suis pas marionnettiste tout simplement parce que les nombreux opposants à la municipalité actuelle ne sont pas manipulables. Il serait bon qu'au bout de près de 4 ans de mandat, Priollaud-Terlez s'en rendent compte. Louviers est un tissu de personnalités fortes et multiples parfaitement autonomes et qui n'ont besoin de personne pour savoir quoi penser.
À Louviers moins qu'ailleurs la théorie du complot n'est applicable. 
Marionnettiste ... je rêve ! 
La municipalité a trouvé bon d'attaquer sur la vie associative.
Ce n'est pas brillant, mais cela évite de répondre sur la
question de l'engagement. Personne n'a oublié que sur ce
point, Priollaud a cédé aux  plus réactionnaires de sa bande
en refusant d'inaugurer une place Mandela à Louviers,
pourtant votée à l'unanimité sous la mandature précédente.
Une offense à  l'engagement et aux défenseurs des droits
de l'homme qu'aucune palinodie ne saurait effacer.  
4) Enfin, parce que j'ai déjà passé trop de temps sur les lignes, je voudrais aller sur le fond de l'article, ce qui n'est pas très compliqué puisqu'on quand on le touche on n'a de l'eau que juste au dessous des chevilles. En fait, alors que mon texte initial évoquait cette palinodie consistant à vanter l'engagement en pratiquant tout le contraire, la municipalité ne me répond qu'en évoquant le phénomène associatif ... et même sur ce point répond de manière lamentable. De quoi est-il question en effet ? D'une part du financement des clubs sportifs par l'office municipal des sports, selon un système mis en place par la municipalité d'Ernest Martin depuis un demi-siècle. Génial ! Et puis, il est question de cette commission qui décide d'attribuer des subventions aux associations qui en font la demande. Génial aussi, c'est ce qui s'est toujours banalement fait. Le fait même que la municipalité limite sa politique associative à cela montre à quel point la municipalité n'a pas de politique associative ! 


Conclusion en clin d’œil :

Ma tribune sur l'engagement aura eu pour vertu d'amener Priollaud à faire signer deux adjoints qui, de notoriété publique, ont du mal à s'entendre. Mais signer n'est pas écrire ... et tout un chacun de se demander qui est l'auteur de ces tristes lignes. Est-ce Renaud Muller, le directeur de cabinet auquel Priollaud aurait confié cette tâche ? Est-ce Priollaud lui-même ? Est-ce un ou une troisième personne ? 
Voilà qui est aussi obscur qu'inintéressant ;)






jeudi 1 mars 2018

Ce que je dois à Pierre Milza

Pierre Milza ne s'en offusquera plus, je l'aurai traité de son
vivant que comme un simple et passionnant auteur. Je
découvre à sa mort qu'il était bien plus.
Je n'aurais jamais pensé à vrai dire que Pierre Milza aurait droit à une telle pluie d'éloges à son décès. Je ne savais même pas qu'il était un illustre universitaire, un maître ceint d'une aura tissée par nombre de ses disciples. Je n'étais pas de ses disciples.
Je le prenais simplement pour un auteur rigoureux, un historien amoureux de l'Italie. J'ai lu bien peu d'ouvrages de cet auteur prolixe, mais ce que je sais c'est que ce que j'en ai lu m'aura notablement marqué.
Comme lui, j'étais attaché à l'Italie, à sa culture, à son histoire et à sa géographie complètement dingues ! Il était inévitable que dans ma démarche européenne et italienne, j'en vienne à suivre quelques uns des chemins qu'il a défrichés.
Une géographie, une culture, une histoire dingues ...
L'Italie est de ces richesses insondables où, plus l'on creuse plus on trouve à découvrir, et Pierre Milza aura été de mes compagnons de pioche. 
Je ne dirais que quelques mots qui se perdront au milieu de tous ceux qui vont être jetés, entre articles de presse, souvenirs précis ou édulcorés touchés par le savoir ou l'affect ... témoignages sans doute élaborés et plus émouvants que les miens.
Cependant, au vu de ce que je dois à l'auteur, et
dans la perspective d'un vote aussi déterminant pour l'Italie que pour l'Europe, je me sens le devoir très personnel d'en tirer quelque chose, issu de ce que j'ai lu et digéré de son indispensable Histoire de l'Italie, de ses ouvrages sur le fascisme et Mussolini, enfin de son oeuvre exaltante sur Garibaldi que j'ai d'ailleurs évoqué dans ce blog.
Confessions d'un Italien, et il est
vrai qu'en prenant le parti d'un
octogénaire qui raconte sa vie,
Nievo défend le principe d'une
jeune Nation
Je me limiterai à son Histoire de l'Italie et au rôle que l'ouvrage a eu dans mon existence à cause de l'éclairage qu'il lui donne. Pour lui, l'Histoire de l'Italie commence bien avant l'Italie, dont je venais d'aborder la vision par l'ouvrage majeur d'Ippolito Nievo "Confessions d'un Italien". Ippolito Nievo avait pris le parti faire parler un octogénaire italien racontant la naissance de sa Nation.
Milza avait pris le parti inverse dans son histoire de l'Italie, allant chercher la réalité de la Nation bien avant la naissance d'une Histoire propre, allant chercher bien avant Rome ce qui faisait l'identité de cette terre, et sa résonance européenne. 
L'ouvrage majeur de Pierre Milza.
Pour ce faire Milza s'était appuyé sur ce qu'avait été l'Italie à la renaissance. Ainsi de cette terre peuplée de cités- État, qui se menaient une guerre permanente, était née une culture qui avait dominé l'Europe entière[1].  
Par cette vision Milza démontrait que l’influence culturelle dépasse les états politiques et alors que Rome avait imposé au monde le plus centralisé des États centralisé.
Par l’exemple et la Renaissance, l’Italie montrait l’intérêt d’une organisation fédérale au moment même où à Florence naissait la base d’une démocratie moderne.
Je limiterai mon hommage à cette seule vision, certes riche et donnant voie à de nombreux chemins. Si les lecteurs en ont l'occasion, qu'il se nourrissent du Garibaldi et des ouvrages sur le fascisme et Mussolini dont Pierre Milza a donné un éclairage déterminant. 
Encore merci au maître et tous mes voeux pour l'Italie. 


[1] L’exemple le plus probant se trouve dans les œuvres de Shakespeare, qui , bien que n’y ayant jamais mis les pieds situe les ¾ de son théâtre non historique dans l’actuelle Italie (Roméo et Juliette, le marchand de Venise, la tempête, Othello ..)