François Hollande vient de déclarer qu'il souhaitait le report des élections
régionales et départementales. Cette nouvelle va satisfaire de nombreux
conseillers généraux et régionaux mais ce n'est une bonne chose pour personne
et pas pour l'avenir des collectivités locales.
Le prétexte évoqué ne fait ne convainc personne. Parait-il qu'on vote trop
l'an prochain, entre élections sénatoriales, européennes et ... municipales !
Déjà l'UMP, pourtant prévenue, s'étrangle devant cette atteinte à démocratie
! Elle n'est pourtant pas la mieux placée pour donner des leçons. Je
m'explique.
Le fait même de placer sur le même plan élections sénatoriales, européennes
et municipales n'a pas de sens.
Les sénatoriales sont des élections visant à la représentation nationale
mais ne touchent que quelques électeurs, malheureusement[1]
! Une élection déplaçant en septembre
0,3 % (3 pour mille !) du corps électoral n’aurait donc pas de
conséquence sur la gêne ressentie par la société française … même si on peut le
regretter. Reste, le cas des élections européennes, qui ont lieu en juin, qui
ont un sens politique, mais ne sauraient être confondues avec des élections
locales.
Enfin, il y a le cas des municipales, mais alors là, on est dans le contre
argument. Pourquoi ? Petit rappel des faits.
A la suite du grand œuvre socialiste des lois de décentralisation de 1982,
il a été décidé de découper le territoire national en autant de collectivités
territoriales dans un ensemble cohérent et égalitaire de pouvoir et de
décision. Le maire, le président du conseil général, le président du conseil
général devaient être en principe élu pour 6 ans, selon des modalités semblables avec un même
pouvoir de compétence général[2].
Pierre Joxe, qui a mon avis a été le plus grand ministre de l’intérieur que
la France ait porté depuis Clemenceau, avait fixé la route. Bien sur, si
tous les élus locaux ont le même statut, si toutes les élections locales sont
égales, le peuple français doit décider en même temps de leur composition.
C’est seulement à ce titre que l’on se doit de reporter à plus loin l’organisation
des élections locales. En effet, le conseiller territorial, cet oiseau hybride
inventé par Sarkozy est mort né.
Il faut donc réorganiser les élections
départementales.
C’est ce à quoi s’emploie d’ailleurs le gouvernement. Et pour
cela, c’est vrai, il faut du temps. Alors, allons y franchement et donnons aux
collectivités locales une vraie force et un vrai statut dans une logique
fédérale et non dans un flou représentatif d’un émiettement des pouvoirs.
La modernisation de la démocratie locale passe par son développement et sa
visibilité. Il est temps d’achever le premier chapitre de la décentralisation en
concentrant sur un seul scrutin les élections locales.
[1] J'ai dit dans mon discours au congrès du prg à quel
point le monde d'élection aux élections sénatoriales était archaïque. Il faut
supprimer les grands électeurs, rémanence archaïque du suffrage censitaire. Il
n'y a aucune raison que l'ancrage locale du µSénat soit décidé par quelques
notables. Tout le monde a son mot à dire là dessus et c'est pourquoi je propose
que l'élection des sénateurs ait lieu par circonscription.
[2] C’est pour cette raison
que l’on a d’ailleurs provoqué la concomitance de dates entre certaines élections
cantonales et municipales ou régionales. La suite voulait que l’on amène les
scrutins départementaux à avoir lieu de même jour de façon d'éviter dette
absurdité d’un renouvellement par moitié des conseils généraux. L’avantage est
bien sur qu’une fois décidé de la composition des exécutifs locaux, ce choix
ait lieu en continuité pour 6 ans en évitant l’émiettement des choix et en
renforçant leur politisation.
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