Un titre un peu abscons, mais une terrible actualité... |
Pour en savoir plus sur Alain, il est vrai malheureusement disparu des écrans radars de la pensée, voilà ce qu'en dit wikipédia)
C'est ce qui m'a poussé à acheter "L'instituteur et le sorbonagre", publié aux éditions des Mille et une Nuits. L'avantage de cette édition réside notamment que pour 4 €, le risque du mauvais achat ne se paye pas si cher que ça.
Mais bon, si je n'avais que ça a dire, je n'aurais pas pris la peine d'en dire quoi que ce soit sur mon blog...
Que sont ces textes réunis en un peu plus de 100 petites pages ? Tout simplement les éditos livrés par le grand philosophe à Paris Normandie (ne l'oublions pas Alain a enseigné au lycée Corneille de Rouen).
Ils sont, ces textes, écrits il y a 100 ans, d'une terrible actualité, malheureusement !
Écrits au lendemain de la loi de séparation de l'église et de l'Etat, ils règlent leur compte à tout ce qui porte à une morale laïque ! Pas question dit il que l'Etat vienne se substituer à l'église ... ça c'est pour le débat public qui a empoissonné la pré-rentrée scolaire et qui a provoqué un consensus bien-pensant dans notre société en quête de valeurs... Mais la quête perpétuelle, pour Alain, c'est précisément ce qui est intéressant.
Ce qui est intéressant aussi, c'est que la façon dont le penseur s'attaque précisément à tous les consensus, et à tout ce qui peut conforter une société qui s'engonce dans ses certitudes, et notamment dans le domaine de l'enseignement. Bien avant que l'on évoque la lourdeur du mammouth, icône de l'Education Nationale, il dénonce la fatuité d'un corps enseignant, dont il est pourtant un bel exemple et qu'il décrit comme intrinsèquement pervers.
Le but ultime de la société enseignante est de se reproduire, et sa hiérarchisation est créée en fonction de sa capacité à se pérenniser. Plus on est élevé dans le monde enseignant et plus on va se préserver, plus on va noter, et moins on a d'intérêt à transmettre, le but étant de sélectionner les enseignés en gardant ceux qui sont le plus à même de répéter comme des perroquets ce qu'on vient de leur dire. Il s'agit d'une attaque frontale contre le corporatisme du corps enseignant.
C'est d'ailleurs pourquoi il oppose l'instituteur, figure républicaine par excellence, confrontée à la réalité de la transmission et celle du grand professeur à la Sorbonne (ce qu'était pourtant Alain). L'un est obligé de se remettre en cause de manière permanente, alors que le Sorbonagre, ne fait que remettre en cause tout ce qui risque de porter atteinte à son statut. C'est la préfiguration de Bourdieu, vu d'une manière amusante et concise, puisqu'il s'agissait juste, répétons-le d'éditoriaux dans un quotidien régional.
Bien sur, cette vision du monde enseignant n'est qu'une caricature ! Mais, comme une caricature, elle souligne les défauts d'une profession... Le fait qu'un siècle plus tard cette projection ne soit pas dépassée peut inquiéter... En tous les cas, elle ne rend que plus aiguë et urgente la remise en cause de notre système éducatif, si représentatif des lourdeurs de notre société française.
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