Forum républicain, suite ...
Intervenants : Christiane TAUBIRA, Alain TOURRET, Béatrice PATRIE et Jean-François ARRUE
Les accusations d‘instrumentalisation politique de la justice sont aujourd’hui très fortes d’autant que les affaires liées à des élus font régulièrement la « une » des média. En effet c’est devenu une habitude pour certains hommes et femmes politiques, de remettre en cause l’impartialité des juges
dès que ceux-ci prennent des décisions qui ne leurs plaisent pas. Plus que ces comportements indignes d’élus républicains, c’est l’écho que trouve ces accusations dans l’opinion qui est
préoccupante.
L’organisation même du système judiciaire français porte-t-elle une part de responsabilité ? En effet, les magistrats du parquet étant nommés par la chancellerie il y a donc une potentielle asymétrie
entre les pouvoirs exécutif et judiciaire, un mélange des genres qui pourrait brouiller la perception que nos concitoyens ont de la justice. L’enjeu est donc de savoir comment faire disparaître toute
ambiguïté quant à l’origine des décisions de justice. Dès lors, faut-il élire les juges ?
L’élection des juges permettrait-elle de leur donner une véritable légitimité et indépendance tout en les rapprochant des citoyens ? Cependant n’y aurait-il pas un risque que les décisions prises par ces juges, scrutés par leur électorat, ne soient prises en fonction de choix politiques en vu d’une élection ou d’une réélection. Dès lors le juge qui prendrait une décision sera-t-il motivé par le fait qu’elle est juste et en accord avec la loi ou par le fait qu’elle plaira à ses électeurs ?
Comment faire pour juger sereinement le personnel politique ? Comment redonner la certitude aux citoyens que les décisions prises n’ont pas été influencées par le pouvoir en place ? L’élection est une
réponse drastique, choisie d’ailleurs par de nombreux pays dont les Etats-Unis. Il existe également des mesures intermédiaires comme une plus forte séparation entre le parquet et la chancellerie ainsi qu’une condamnation systématique de la remise en cause d’une décision judiciaire (c’est un délit).
La procédure inquisitoire qui est celle de la procédure française doit-elle faire place à la procédure accusatoire où le juge joue un rôle plus passif ? Quid du secret de l’instruction devenu, notamment
dans les dossiers politiques, un leurre ?
Enfin, ne serait-ce pas aussi un problème de prise de conscience collective sur le rôle de la justice et sa légitimité à juger et condamner des citoyens que nous avons élus ? Et d’aller donc contre le choix
démocratique du peuple souverain. En effet la décision judiciaire est le seul cas ou la volonté populaire exprimée par le vote peut être remise en cause et qu’une personne élue peut être démise de son mandat
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