les petites bulles apparaissent en surface ...
Un sondage effectué en 2006 révélait que 61% des français pensaient que les handicapés n'avaient pas de sexualité...
J'en reviens toujours à ce sondage, parce qu'il me semble tellement parlant sur une société restant dans le déni absolu.
En novembre 2010, Jean-François Chossy, député UMP, connu des seuls spécialistes pour être à l'origine de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des handicapés confiait à ELLE.fr avoir conscience que le sujet restait tabou, et qu’il faudrait « trouver les mots » pour en parler. De nombreuses associations, dont l'APF (l'Association des Paralysés de France) et le CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées), planchent également sur la question
Roselyne Bachelot, toujours brute de décoffrage, a rejeté sans ambiguïté la question de l'assistanat sexuel alors qu'elle était ministre de la santé ... en invoquant les droits de la femme. |
Octobre 2012 : le Comité national d'éthique, répond à Roselyne Bachelot, qui l'avait saisi en 2011. Il rend un avis défavorable à la prise en charge par la société de l'organisation d'une assistance sexuelle aux handicapés. Celui-ci ne sera rendu public qu'en mars 2013, provoquant la colère des associations, de membres éminents de la société civile et de quelques politiques. Cette prise de position a lieu quelques mois après l'annonce de Najat Vallaud Belkacem, Ministre des droits des femmes, de se donner les moyens de mettre fin à la prostitution.
Le 28 mars 2013, publication de la tribune "Je veux faire l'amour" de Patricia Assouline dans Libération. Elle est interviewée le lendemain par France Inter.
Le 31 mai, à 18h30 Patricia Assouline anime le café radical à Louviers (brasserie Le jardin de Bigards, 39 rue du Quai) ...
Que penser de tout cela ? de toutes ces vérités contradictoires, ces petites bulles qui remontent à la surface, sans permettre toutefois de faire bouillir la marmite de la réflexion.
Je me souviens d'un débat que j'ai eu lors de la campagne présidentielle, il ne s'agissait pas de cela, non, mais du fait que le prg avait mis en avant les questions de société lors du débat. Et l'on m'avait dit alors, mais est-ce le rôle du politique de s'emparer de ces débats ... et alors, bien sur que oui ! bien sur que la politique doit s'emparer de ces débats société, ces débats qui touchent à l'intime mais qui révèlent au delà de nos comportements sociaux, nos cultures et les rapports de force. et bien sur, tout cela révèle nos hésitations, nos remises en question. Et sur ce sujet, la question de l'assistance sexuelle est plus qu'emblématique.
Moi-même, sans l'intervention de Patricia Assouline sur France inter et sur Libération, aurais-je sans doute fuit ce problème. Et pourtant, rien n'est plus passionnant que cette agitation, que ce trouble.
Ainsi donc, le premier combat est mené par un démocrate chrétien, du parti même de la furia homophobe Christine Boutin, celle qui brandit la bible contre le pacs et voue le gouvernement aux gémonies pour avoir promulgué le mariage homosexuel. Certes ce démocrate chrétien n'est plus député, il ne s'est jamais mis en avant dans ces combats d'arrière-garde, il ne fait pas partie de l'organigramme du parti, mais quand même. Il a défendu une loi majeure de la présidence Chirac. Et c'est étrange de le voir défendre le principe d'une existence sociétale de l'assistance sociale face à Roselyne Bachelot, qui passe plutôt pour une moderne.
et la gauche dans tout cela ? Eh bien, elle n'intervient que plus tard, très tard même, en tant que telle. Le parti radical de gauche, toujours en pointe sur les sujets de société, cherche sa voie. Ça peut se comprendre, d'ailleurs. J'y reviendrais. Il y a bien quelques personnalités, tel Jean-Luc Romero, pour soutenir l'idée. Mais pas de prise en charge politique en tant que telle. C'est normal. il faut de la réflexion. Et là dessus, rendons hommage à Jérôme Guedj, président du conseil général de l'Essonne, proche de l'aile gauche du Ps, qui a fait débattre sur ce sujet le département qu'il préside.
Parce que bien sur, l'assistance sexuelle ne nous contraint pas seulement à repenser notre rapport au handicap, à la sexualité, mais aussi à la prostitution. La prostitution est bien sur de l'assistance sexuelle, rémunérée par définition. et c'est d'ailleurs ce qui complique tout.
Quand Roselyne Bachelot pense avoir claqué définitivement le baigneur à un député démocrate chrétien, en sous-entendant qu'il souhaite le retour de la prostitution à la papa, ce qu'une large partie de la France profonde, celle des clochers, n'a pas digéré... Elle met en avant son rôle de ministre de la condition féminine !
Sauf que la condition féminine a bien changé à l'heure des sex-toys en vente libre, des sites de rencontre et du mariage homosexuel. ce n'est plus l'homme qui a en main la sexualité. Même si c'est encore majoritairement le cas, la tendance est nette. L'émancipation féminine est une réalité.
C'est une femme, Patricia Assouline, qui hurle de ne pas être entendue, alors que, c'est vrai, les films et ouvrages qui traitent du sujet (comme Toutes les femmes s'appellent Marie, de Régine Desforges) parlent d'une réponse féminine à une détresse masculine ... mais on peut remarquer que dans les pays qui pratiquent l'assistance sexuelle, les femmes sont tout autant sollicitées que les hommes dans cette tâche. Bien sur, au delà du rapport au handicap, à la sexualité, on voit mal comment l'approche française du sujet ne nous contraindrait pas à repenser notre rapport à la prostitution ... même si c'est un autre débat.
Probable aussi que dans ce débat, comme dans tous ceux qui ont bouleversé notre rapport à la sexualité, la pilule, l'avortement, la majorité à 18 ans, l'union libre, le pacs, et, in fine l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, on va nous faire le portrait d'une société bouleversée, décadente, infernale en un mot ... mais il faut s'y faire, nous sommes dans un monde qui bouge, qui reconnait les individus et les identités, un monde qui sait aussi être attentionné et où l'on peut arriver à poser les sujets calmement quitte à provoquer des réactions aussi épidermiques que disproportionnées.
Oui, sans doute, il y aura des questions sur la prostitution au prochain café radical. De toute façon, aucune question ne sera éludée. ce n'est pas le genre de la maison.
Doit-on répondre à la détresse sexuelle des handicapés ?
La question des assistants sexuels
Débat animé par Patricia Assouline
vendredi 31 mai, 18h30
café radical au "Jardin de Bigards"
39 rue du Quai, 27400 Louviers
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