Depuis que l'idée en a été spectaculairement lancée, les primaires font l'objet de quelques réticences qui montrent bien qu'au delà du renouvellement en profondeur de la politique française que leur organisation implique, quelques explications restent nécessaires.
Pour ce que est des réticences des partis, faisons-en le tour.
En premier lieu, constatons celle du Modem. Même si l'appel de Terra Nova a notamment été signé par Jean Peyrelevade, on peut comprendre que le parti ait besoin de savoir comment il se situe par rapport à la gauche. Rappelons-le, les primaires sont l'occasion pour la gauche de désigner son champion. Si l'on ne se sent pas de gauche, alors il n'y a aucune raison de souhaiter des primaires. De fait, si le Modem souhaitait participer à des primaires, ce serait alors dans le cadre de l'anti-sarkozysme. Nous n'en sommes pas là. Pour l'instant constatons que le Modem reste dans les mains de François Bayrou et que celui-ci mise sur une participation et une victoire aux présidentielles. Une participation aux primaires qui pourraient le marginaliser au sein de la gauche avant de l'être au sein de l'ensemble de la classe politique n'est pas envisageable en l'état. Pour Bayrou, la primaire reste son pire ennemi.
En second, voyons les réticences au sein du parti socialiste. En effet, même si le principe des primaires est admis au sein des plus hautes instances, quelques militants se mélangent à des vieilles barbes pour en remettre en cause la nécessité. Oubliés, les 21 avril, oublié l'effondrement du parti... Tout cela n'a pas d'importance. N'y voyons surtout pas de signe. Comme le disait le vieux proverbe soviétique : le bateau coule, le moral est bon ! Heureusement, un dernier coup de rein, comme disent certains, le coup de talon salutaire qui vous permet de remonter à la surface quant vous avez touché le fond , a été donné par les dirigeants... Bien sur les vieux réflexes sont toujours là ..au parti on parle encore, pour certains de primaires internes... Des désignations entre militants. Preuve que l'on n'a pas toujours bien compris l'intérêt des primaires. Rappelons-le : le but des primaires est de permettre au peuple de gauche de désigner son meilleur candidat pour les élections présidentielles (commençons par là !). On entend là dessus des mauvaises blagues comparant les primaires à un jeu télévisé, s'appuyant sur une analyse d'américanisation de la société... Mais quelle méconnaissance de la société américaine pour s'imaginer que là-bas le choix se fait sans débat. Même chose en Italie. La primaire est précisément de le moyen de permettre de rendre le débat populaire... De permettre aux vrais gens de choisir...
Bizarre dans ces conditions que le Parti Communiste ait choisi de dire non. Cette nouvelle erreur stratégique et tactique qui confirme que ledit parti n'a toujours pas touché le fond. Là le parti avait l'occasion de faire entendre le message à tout le peuple de gauche. Il en sera absent. Il aura droit à une campagne présidentielle inaudible qui lui attribuera entre 2 et 4 %. A moins que Robert Hue, décide à titre personnel de s'engager et soutenir le combat légitime des primaires
Tel n'est pas le cas des Verts, où le débat fait rage. On peut comprendre leur peur de servir de planche d'envol à un candidat socialiste... Sur quoi s'appuie ce manque de confiance en soi ? Ont ils si peu confiance en leurs leaders qu'ils s'engouffrent dans un repli sectaire qui leur a valu tant de déboires ? Oublient-ils qu'ils doivent aussi leur victoire à l'intelligence tactique de Daniel Cohn Bendit ? Signalons d'ailleurs que ce dernier est, avec Noël Mamère favorable aux primaires.
Venons-en au tour du parti de Mélanchon. A-t-il à ce point peur de ne rien pouvoir apporter au débat que de vouloir limiter sa seule partition aux présidentielles ? Il vient de créer son nouveau parti, juste après avoir quitté le parti socialiste, on comprend que la démarche unitaire de gauche le désarçonne. Elle s'oppose à son besoin d'identité, que seule une présidentielle peut forger... En ce point, il est sur la même longueur d'onde que son concurrent Besancenot.
A eux de réaliser et y compris avec la réticence que leur offriront les sondages et les mauvais résultats qu'une telle démarche les placeront en dehors de la gauche, c'est à dire qu'il se situeraient ainsi clairement aux antipodes de ce qu'ils prétendent défendre... En refusant les primaires, ils favoriseraient certes Sarkozy et la droite, mais en plus ils seraient les principaux soutiens d'une démarches présidentialiste et qui plus est sans autre espoir que d'en être les figurants. Tant pis pour la gauche et tant pis pour eux.
En résumé les réticences ne tiennent ni au regard d'une vision
historique, ni au regard des ambitions personnelles. Une chose encore sur la pétition de Terra Nova que le café radical vous invite une nouvelle fois à signer (primaire2012.fr) - Au départ, Terra Nova défendait une primaire interne au Parti Socialiste. C'est le temps et la réflexion qui leur ont permis d'évoluer vers l'idée d'une primaire ouverte à toute la gauche.
Tout cela nous permet d'espérer que l'idée qui avance fasse des petits. Rien n'est figé, malgré les déclarations de principes. Les sondages montrent l'attrait de la gauche pour le principe.
Maintenant, il faut pousser !
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