Pourquoi, dans ces conditions interdire un tel sondage ?
Signalons tout d'abord que ce sondage est le premier de ce type réalisé sur tout le Maghreb, voire dans tout le monde arabe, ce qui d'ailleurs est tout à l'honneur du Maroc.
Les autres questions du sondage touchent à la personnalité du Roi, au protocole, à la lutte contre la pauvreté, et à la situation des femmes.
La personnalité du Roi n'est pas atteinte par son immense richesse (7e monarque le plus riche du monde, et l'une des fortunes les plus importantes d'un pays ou la misère est manifeste ... et où d'ailleurs le tiers des sondés jugent inefficace la lutte contre la pauvreté). Au Maroc, la population constate que la vie a changé depuis 10 ans, que le pays s'est modernisé et que c'est bon pour lui. Reste la question de la femme, dont le statut s'est profondément modifié par le code de la famille de 2004, qui en fait l'égal de l'homme sauf en matière d'héritage... 49% pensent que la réforme donne trop de droits aux femmes, 30% jugent qu'elle en donne suffisamment et ne doit pas évoluer, contre 16% qui jugent qu'il faut aller encore plus loin... (Pour les détails sur le sondage, cliquer ici)
On peut, on doit prendre ces éléments pour ce qu'ils sont, c'est à dire ceux d'une société en pleine évolution, qui a d'ailleurs permis aux personnes de s'exprimer librement....
Or, c'est là que le bât blesse. Bien qu'infiniment plus ouvert que son père Hassan II, le Roi a peur de son peuple, même si celui-ci lui est politiquement acquis. Il ne veut pas de sondage, il veut décider pour son peuple et ne pas avoir à lui rendre des comptes... C'est le message qu'il a donné à la presse, et c'est bien sur le message que la presse est incapable d'entendre parce qu'une presse libre aura toujours tendance à se battre pour plus de liberté...
Comme le dit le Canard Enchaîné :
la liberté de la presse ne s'use que si l'on ne s'en sert pas !
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