mercredi 1 juillet 2009

Terra nova et les primaires


En attendant le café radical d'après demain soir, voici l'éditorial de Terra Nova, une "boîte à idées" (Think tank en français) socialiste, animée notamment par Olivier Ferrand...

Ce soir se tient à Paris une réunion publique "Les primaires sont elles une solution aux maux de la gauche ?", avec Arnaud Montebourg et Henri Weber, lors d'un débat animé par Olivier Ferrand, et par François Bazin, chef du service politique du Nouvel Observateur. Le rendez-vous est donné à 20h15 à la Bellevilloise, dans le XIXe arrondissement.

Une préparation au vrai débat qui aura lieu à Louviers vendredi à 18h30, à la Brasserie "le jardin de Bigards", 39 rue du Quai à Louviers

Pour des primaires ouvertes et populaires
Le débat est lancé ! Arnaud Montebourg, en charge de la rénovation au PS, et moi-même venons de remettre à Martine Aubry un rapport qui propose d’organiser des
primaires populaires de toute la gauche pour désigner le candidat à la présidentielle.

C’est la conclusion d’une belle aventure intellectuelle pour Terra Nova. Nous avions pris position en août dernier
pour des primaires à la française, à l’issue d’un groupe de travail piloté par Olivier Duhamel qui avait exploré les expériences étrangères (Etats-Unis, Italie, Grèce…) et évalué leur acclimatation dans le contexte français. Les primaires avait alors fait leur chemin, devant un enjeu politique et médiatique à l’université d’été de La Rochelle, puis dans le cadre du congrès de Reims. A l’issue d’un séminaire d’études auprès des équipes de Barack Obama, en mars dernier à Washington, la nouvelle direction du PS s’est saisi du sujet et a mis en place une commission sur les primaires. Elles sont désormais soumises à l’arbitrage politique au sein du parti socialiste et, demain sans doute, des partis progressistes.

Quelles sont les principales règles proposées par le rapport ?

1. Une primaire ouverte aux sympathisants. L’idée est que la dynamique - électorale, militante, démocratique - offerte par quatre millions de votants, comme lors de la primaire italienne pour Romano Prodi en 2004, est infiniment supérieure à celle conférée par les 150.000 militants socialistes qui ont investi Ségolène Royal en 2006.

2. Une primaire proposée aux partis progressistes qui le souhaitent. L’objectif est de remédier à la fragmentation du camp progressiste et d’éviter le risque de dévisser au 1er tour comme en 2002.

3. Une primaire organisant une vraie compétition. L’idée est de choisir « le meilleur », c’est-à-dire celui ou celle qui a le plus de chances de gagner la présidentielle.

4. Un accès élargi à toutes les candidatures légitimes. En 2006, un Barack Obama français n’aurait pas pu émerger - il n’aurait même pas pu concourir.

5. Un dispositif de clôture garantissant le rassemblement autour du vainqueur. L’exemple américain, qui assure la réunification en dépit d’une compétition dure et longue, est utile : convention extraordinaire de désignation, fusion des équipes, procédure collective de finalisation du programme présidentiel.

Il revient maintenant au PS de trancher. Il faut le faire dès maintenant.

A froid : plus on s’approche de l’échéance et plus les intérêts personnels des candidats potentiels vont venir parasiter l’élaboration de ces règles. On l’a vu en 2006 avec une codification à chaud qui a donné des règles médiocres – une primaire trop tardive, trop aseptisée, verrouillée, et sans processus de rassemblement à sa conclusion.

A temps : faire voter quatre millions de personnes, sans l’aide de l’appareil d’Etat, ce n’est pas une mince affaire et cela nécessite une longue préparation technique si l’on veut un succès. Il faut s’y consacrer dès maintenant.

Cela suffira-t-il à redresser l’opposition dans notre pays ? Certes non. L’essentiel demeure l’élaboration d’un projet alternatif pour les Français. Mais c’est un préalable : tant que la gauche n’aura pas trouvé un modèle de régulation de son leadership, elle sera paralysée.

Olivier Ferrand, Président de Terra Nova

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