Les élections locales sont
souvent passionnantes et riches de leçons. Ce qui vient de se passer à Acquigny
en est l’illustration.
Une élection partielle y était
organisée ce dimanche, trois ans et demi après la victoire de l’équipe de Stéphane
Sauvan, qui avait soufflé la mairie à la gauche en 2014.
Une partie de l'équipe victorieuse. |
Même si la commune a été gérée
par une équipe de gauche pendant 6 ans, même si la commune a eu, jusqu’en 1983, eu
un maire communiste respecté et respectable, Acquigny est, comme on dit
sociologiquement de droite, et a ainsi placé Sarkozy devant Hollande en 2008
(56/44) et Marine Le Pen devant Fillon en 2017, Macron se traînant en troisième
position, ce qui est encore plus caractéristique.
Bien sûr, il serait malhonnête de
ne pas tenir compte des particularités locales à l’origine du résultat et qui
sont a priori la conséquence d’un rejet de l’équipe municipale, plus que du
maire d’ailleurs à qui il était simplement reproché son manque d’autorité en
interne.
Comme un aveu, d’ailleurs, après
sa défaite, il se reprochait d’avoir été trop gentil…envers l’opposition. En fait, il a laissé se déchaîner au sein de
la commune ses adjoints avides de pouvoir et d’autorité, le tout après une
suite de démission au sein de sa propre équipe … le tout aboutissant à de
nouvelles élections.
Il n’empêche. Trois leçons seront
tirées de cette séquence électorales.
La première, c’est que la gauche
et la droite existent.
C’est bien deux listes
politiquement marquées qui se sont affrontées, la droite se présentant d’ailleurs
classiquement sous l’appellation « sans étiquette » face à une liste
de gauche qui avait changé sa tête de liste mais dont beaucoup de membre
faisaient partie de l’ancienne équipe.
La deuxième, c’est que le
chamboulement consécutif à l’élection présidentielle a touché, voire coulé les
appareils traditionnels de la politique française, mais a laissé indemnes les
clivages locaux. Dans notre département de l’Eure la droite après avoir été structurée
avec et par Bruno Le Maire, assistée de Sébastien Lecornu a vu ses deux hérauts
filer vers le macronisme. Mais les rancoeurs, inspirées par l’événement, si
elles se ressentent au niveau des grandes villes, n’a pas laissé de trace à
Acquigny. Aucune liste pour se référer au macronisme ou à un centre à trouver. On
n’est pas dans l’ancienne ou la nouvelle politique, on en est à des références
sociales classiques, à des visions du monde qui situent toute la prétention à
vouloir se situer hors du temps dans les questions locales.
La troisième, c’est que la gauche
existe, et qu’elle n’est pas un repoussoir. Loin de là ! La liste de
gauche l’a emportée avec 60 % des voix dans le cadre d’une mobilisation plus
que correcte en particulier pour une élection partielle. Le centre, au cœur de
la vie politique nationale, s’est montré absent des enjeux locaux qui se sont
joués autour des repères traditionnels de droite et de gauche qui ont démontré
leur vitalité.
Il ne faut pas chercher midi à 14
heures. C’est autour du projet que se déterminent les électeurs. Entre ceux qui
à gauche cherchent le bien de la collectivité, et ceux qui à droite, veulent en
faire le moins possible de façon à laisser les choses en l’état.
La droite Acquignycienne a échoué
par son défaut congénital : la division, conséquence de son absence de
projet. À ce titre, elle est un reflet
de ce qui se passe au sein de la droite départementale et locale. À Louviers et
dans les nombreuses communes qui composent la Case les clivages se forment autour des
individualités incapables de se mobiliser autour d’un projet collectif visant
au bien commun.
En ce sens, avec deux ou trois
ans d’avance, Acquigny démontre toute la nature de l’enjeu des municipales à
venir. La gauche n’est pas morte. Elle a tout l’avenir devant elle si elle est
dans la capacité de définir un projet au service des citoyens. Elle devra, par
la suite faire partager l’évolution de ce projet, le mettre en scène travailler
à l’épanouissement collectif et individuel, offrant une ville pour tous et pour
chacun. C’est autour de ces principes que se feront les choix des prochaines
municipales, et pas seulement dans les petites villes. On parie ?
Les résultats :
Inscrits : 1.230
Nombre de votants : 636 (participation 51,70 %)
Suffrage exprimés : 609 (49,03 %)
Liste Collet (Cohésion pour Acquigny) : 370 voix (60,75 % des suffrages)
Liste Sauvant (Ensemble pour Acquigny) : 239 voix (39,24 %)
Une victoire éclatante et une défaite écrasante
Les résultats :
Inscrits : 1.230
Nombre de votants : 636 (participation 51,70 %)
Suffrage exprimés : 609 (49,03 %)
Liste Collet (Cohésion pour Acquigny) : 370 voix (60,75 % des suffrages)
Liste Sauvant (Ensemble pour Acquigny) : 239 voix (39,24 %)
Une victoire éclatante et une défaite écrasante
Ti'Claude, le 3e à partir de la gauche, devant la mairie de Saint Germain de Pasquier, à l'occasion d'un concours dont il avait été lauréat. |
Post scriptum : comme il est question d'Acquigny, commune très liée à Louviers par son histoire et par sa géographie, bref, par la géopolitique, qu'il me soit permis de rendre hommage à Claude Bellevin disparu dimanche dernier. Je l'ai rencontré pour la première fois à Acquigny, où il a longtemps habité avant de revenir à Louviers. Avec Claude, c'est un bout de l'histoire tourmentée de la gauche lovérienne qui s'en va. Ma pensée va à ses enfants, Nathalie et Jean-Philippe, à ses petits enfants, aux femmes qui ont partagé sa vie, à ceux qui l'ont côtoyé et aimé, à ceux nombreux à qui il était cher. J'ai titré ce post : une gauche bien vivante. Je le maintiens. Claude a su rendre cette gauche bien vivante. Il est de ceux dont elle aura toujours besoin.
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