Je n’ai aucune sympathie pour les nationalismes, encore
moins pour les nationalistes. Ça ne m’empêche pas d’avoir le plus grand respect
pour les Nations, mais c’est une autre question. Fondamentalement, j’ai
l’impression que plus un pays est grand, plus il est riche de ses diversités,
plus il permet l’épanouissement des personnalités qui le peuplent.
Ironie de l'Histoire ! Il y a 40 ans, le catalan Miro s'intégrait dans la tragédie espagnole en combattant le franquisme. A ce moment, les amants de la République étaient tous Espagnols. |
Souvent les plus grandes Nations se sont construites sur
l’écrasement, sur l’écrasement d’autres Nations ou d’autres peuples et ça ne me
réjouit pas plus que ça. Restent, bien entendu l’histoire des Nations
humiliées, de celles qui n’ont pas eu l’occasion de s’épanouir et qui en
perçoivent un fort sentiment d’humiliation collective. C’est ce qu’on peut
ressentir en France, avec la Corse ,
et plus fortement encore en Espagne, avec le Pays Basque et la Catalogne.
En France, on a du mal à comprendre le problème de la Catalogne espagnole.
Sans doute parce qu’à l’inverse des indépendantistes basques, les nationalistes
Catalans ne se sont pas livrés à la violence, ou très peu, même sous Franco. En
fait, la résistance Catalane s’est exprimée beaucoup plus comme dernier rempart
républicain contre les rebelles Franquistes. La Catalogne a été, de
fait, la République
face à la dictature militaire. Elle charriait les images de l’armée de l’Ebre, de la Résistance de Barcelone
face au pouvoir central déjà occupé par Franco et qui allait laisser la place à
40 ans d’une dictature féroce. C'était le contraire du pays Basque où les indépendantistes ont eu droit à beaucoup de faveurs parce qu'ils ont tenté sous la dictature de s'opposer à la dictature du Général Franco.
Pour un Français normal, soumis à un pouvoir centralisé, l’identité
Catalane, plus qu’exotique, apparaissait comme inexistante. Surtout avant !
Il faut dire que la France
souffrait encore de ce qu’elle avait subi à l’occasion de la deuxième guerre
mondiale. Le génie gaullien avait réussi à ressouder une Nation réduite en
miettes. Cela a largement contribué à la marginalisation des mouvements régionalistes.
Ce n’est qu’à la suite de mai 68 que ces mouvements ont réussi à reprendre
prise à partir d’une jeunesse à la recherche de causes à défendre.
Aujourd’hui même, enfin disons, jusqu’à il y a quelques
mois, la Catalogne ,
semblait à beaucoup de français comme une curiosité folklorique. Le catalan
présent non seulement à l’entrée des villes mais au cœur de leur centre et de
leurs commerces, les références baroques de Salvador Dali, de Gaudi et de Joan
(et non Juan) Miro le Barça, club le plus puissant d’Europe, l’omniprésence même
de drapeaux catalans aux fenêtres Barcelonaises, tout cela ne prêtait pas trop
au sérieux jusqu’à l’attentat de Barcelone, dont on pensait qu’il allait
provoquer une réaction unanime face au terrorisme islamiste alors que non
seulement elle n’a pas mis fin sous le boisseau les querelles identitaires
entre les indépendantistes et le pouvoir central, mais elle les a exacerbé.
C’était la première manifestation extérieure sérieuse du
problème catalan. Cela semble très loin maintenant. Cependant, tout y était.
Une police catalane et une police espagnole. Un État central et une Région catalane.
Et tout le monde tenant à marquer sa différence alors que 13 morts et plus de cent blessés venaient de joncher la
rambla de Barcelone, happés par le véhicule conduit par un terroriste
islamiste.
La presse en a peu parlé, relayant forcément l’émotion suscitée par
cette nouvelle manifestation terroriste, mais c’était incroyable ! Du jamais vu, annonciateur de la sécession, ou au moins du projet de sécession.
Je pensais d’ailleurs que le
comportement des dirigeants catalans se retournerait contre eux. Ainsi, le référendum proposé par la Catalogne aurait dû se traduire normalement par un reflux des thèses indépendantistes.
Sauf que ni le débat, ni le référendum n'ont pu avoir lieu dans des conditions normales et ce en raison des erreurs du pouvoir central. Le pouvoir central, il est vrai, en permettant que se tienne un référendum aurait pris le risque d'une défaite. En voulant l'interdire brutalement et maladroitement, il a organisé sa propre déroute.
L'indépendance ne correspond pas en soi un projet politique. |
Restent les conséquences qui risquent d'être terribles. L'Europe, si elle a repris du poil de la bête, reste très faible, et les revendications indépendantistes la fragilisent. Certes, la Slovaquie a pris son indépendance sans remettre en cause son attachement à l'Europe. Certes, les Ecossais ont envisagé de remettre le Brexit sur le gril en se séparant de la Grande Bretagne pour être davantage européenne. Mais quel avenir nous prépare la Catalogne lorsque les argumentaires politiques s'approchent de ceux du Brexit et de l'extrême droite du Nord de l'Italie ?
Tout individu a besoin d'indépendance, mais les indépendantismes ne sont pas tous sympathiques. Dans une Europe forte, fédérale, donnant poids aux pouvoirs locaux, les indépendantismes seraient sans risque car le vrai poids politique viendrait de l'Europe. Nous ne sommes pas dans cette situation aujourd'hui.
Raison de plus pour s'écouter, pour négocier, tant il est vrai que si l'Europe, existe, si elle a pu se maintenir, c'est grâce à sa culture de la négociation.
Le pire n'est jamais sûr.
Ci-dessous, un résumé de la journée du référendum que le pouvoir central a échoué à faire échouer.
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