Mon discours pour les Européennes
A la demande de certains participants et de ceux qui n'ont pu assister au grand meeting du 14 mai, je reproduis le discours que j'y ai prononcé devant une assemblée nombreuse et attentive.Ceci est un appel au secours
La
droite revient, l’Europe s’en va ... Il s’agit de la plus mauvaise droite et il
s’agit de la plus belle Europe !
Qu’il
s’agisse de la plus mauvaise droite, tout le monde ici s’en rend compte. C’est
la droite de Jean François Copé qui glisse à chaque fois que Marine Le Pen
laisse traîner une savonnette. Un coup de Marseillaise, un coup de pain au
chocolat. Une droite qui s’appuie sur tout ce qui sent mauvais, sans
discernement. Une droite inspirée par le tea-party américain, qui n’a toujours
pas digéré le poison de Buisson, cette droite qui met en avant des valeurs que plus personne n’osait défendre, qui s’est lancée sans nuance
derrière les réseaux catholiques intégristes, prête à lancer et à relayer les
rumeurs et les pensées les plus malsaines. Une droite qui permet au Front National de se
faire passer pour un parti acceptable, non seulement parce que les positions s’en
rapprochent dangereusement, mais en plus parce que sur certains points, le
Front National a une attitude plus modérée.
Le
Front national est certes un danger d’une autre trempe. Malheureusement, pour
contredire un auteur célèbre, s’il est un spectre qui hante l’Europe, c’est le
spectre du populisme. Celui qui des néo-nazis de l’aube dorée en Grèce, à
l’anarchisme identitaire de Grillo en Italie, en passant par la haine de
l’Europe de l’Ukip en Grande Bretagne et les nostalgiques du parti Jobbik
hongrois ... qui allient la nostalgie de
l’empire d’avant 1914 à la haine des tsiganes, des juifs et finalement de tous ceux qui refusent l'intolérance ...
Alors,
oui, l’Europe ne montre pas son plus beau visage. Au lendemain d’une nouvelle
noyade de masse au large de la Sicile, dont on a à peine entendu parler en
France, on ne peut que reprendre la phrase de Matteo Renzi, le nouveau président du Conseil
Italien, qui a dit hier “ L'Europe ne peut pas s’occuper de sauver les Etats et
les banques et laisser mourir des mères avec leurs enfants”.
Alors quand je parle de l’Europe qui
s’en va, je ne parle pas de ça, de tout ce qui fait horreur en Europe, mais qui
n’a rien à voir avec ce que fait l’Europe ... Ce qui fait horreur en Europe,
c’est ce que l’Europe ne fait pas. C’est ça, l’Europe qui s’en va, c’est celle
de l’ambition politique. C’est ce manque d’ambition qui nous paralyse. Un vieux
copain me le disait encore la semaine dernière : “oui, les élections
européennes, bof ...”, ce à quoi je lui ai répondu : “ne
pas voter, c’est voter Le Pen !” ...
Avouez que c’était bien vu, c’était juste avant que j’apprenne qu’elle
était tête de liste chez nous ...
N’empêche, mon copain m’a répondu : non,
on m’aura pas encore ce coup-là !
Ah bon ? Mais c’est quoi, alors, se
faire avoir ? C’est quoi cette confusion qui traine un peu
partout dans l’opinion ? Celle qui consiste à dire : je veux m’opposer à
l’Europe des banquiers. C’est bien ! Ca sonne beau, propre et généreux ... Ca
sonne de de gauche, même si c’est repris par Dupont Aignan et le Front
National. Seulement si, pour s’oposer à
l’Europe des banquiers, on refuse de voter, alors là, on a vraiment tout faux. Ne
pas voter, c’est affaiblir la démocratie et affaiblir l’Europe. Affaiblir la
démocratie, parce que, finalement, l’Europe des banques se passe très bien d’un
parlement européen, avec des parlementaires exigeants et pointilleux qui
passent leur temps à emmerder les Etats et les Banques au nom des principes qui
les ont fait élire. Affaiblir l’Europe, c’est affaiblir l’action, la volonté
politique. C’est revenir à des Etats plus faibles dans un monde économique et
politique de plus en plus intégré. Bref, affaiblir l’Europe, c’est affaiblir la
France, c’est donner tout pouvoir aux banquiers, à la finance, qui ne demande
que ça d’avoir affaire à des Etats affaiblis.
Il faut sauver l’Europe. Pour les
radicaux de gauche, fédéralistes et viscéralement attachés au projet Européen,
c’est la question centrale. Les radicaux de gauche ont choisi l’alliance avec
les socialistes, dans le gouvernement comme dans la bataille des européennes. C’est
un choix cohérent qui concilie loyauté et indépendance. Il ne s’agit pas pour
nous rendre l’Europe, le monstre bruxellois responsable du nécessaire redressement de nos finances
publiques. Nous pensons même que c’est l’absence d’Europe, l’absence de politique
européenne, qui rend plus brutal encore la réponse de l’Etat à la difficulté économique. En tenir
l’Europe pour responsable est un mensonge. Pour les radicaux, l’Europe n’est
pas le problème, c’est la solution. Tout ce qui pousse au repli sur soi, à la
peur, au rejet de l’autre ne peut nous entraîner que sur la mauvaise pente qui
rend si fort le front de l’intolérance, le rejet des valeurs que la France a offert
au monde, et qui menace l’Europe à ses
portes, en Ukraine, en Syrie et ailleurs.
Le message radical est simple : plus il y aura d’Europe et mieux le monde
se portera. Le 25 mai, il faut voter, il faut voter pour parce que nous sommes
concernés par l’Europe, dans notre vie quotidienne, comme dans la défense des
valeurs qui nous constituent. Il faut voter pour l’Europe, il faut voter à
gauche, il faut voter pour les listes socialistes et radicales ...
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