L’une des forces de ce projet est précisément qu’il est un
projet local, voulu par des autorités régionales et qu’il ne s’agit donc pas d’un
projet d’Etat, comme l’était le camp militaire du Larzac ou comme peuvent l’être
des projets de centrales nucléaires par exemple.
Il s’agit de construire un grand aéroport du Grand Ouest. A
priori, cela semble intéressant et pour plusieurs raisons d’où les logiques environnementales
et économiques ne sont pas absentes.
La première, il s’agit d’un vrai désenclavement parisien.
En matière d’aéroport, la France vit toujours selon son
vieux modèle centralisateur, ce qui fait que la France a vu se multiplier des
petits et voire de micro-aéroports rendant impossible une rationalisation du
transport aérien. Je constate d’ailleurs que les régionalistes bretons sont
favorables au projet. A priori, en tant que fédéraliste, je me vois mal m’opposer
à un projet mis au point dans une logique interrégionale, et décidée en
fonction d’arguments locaux. Il ne s’agit pas d’un caprice de l’ancien maire de
Nantes, au détriment du maire de Rennes… non, toutes les collectivités se sont
mises d’accord là-dessus.
Jean-Luc Mélenchon mêlant sa voix aux opposants de l'Ayroport. De la part d'un productiviste forcené, difficile de ne pas y voir d'arrière pensées. |
La deuxième, il s’agit d’une démarche économique cohérente. L’agglomération
de Nantes est l’une des plus grandes de France, elle est en perpétuelle
croissance démographique. La réussite démographique et économique tient à sa
modernité et à sa capacité à accueillir et à échanger. C’est grâce à cela que
la Bretagne a réussi à se développer malgré sa distance vis-à-vis des centres
économiques.
La troisième, le projet, déjà ancien répond cependant, parce
qu’il s’est enrichi et amélioré à des normes de haute qualité environnementale.
Oui, mais il y a la nostalgie.
Ainsi, nous voyons se mêler bras dessus bras dessous Jean-Luc
Mélenchon, écologistes, anarchistes et petit propriétaires dans une lutte
unitaire où chacun fait germer ses arrière-pensées.
Qu’importe si le centralisateur productiviste Mélenchon est
au fond l’ennemi acharné d’une démarche écologiste. L’idée est bien de situer l’ennemi,
et de faire éclater l’alliance écolo-socialiste. Ça tombe bien, Jean-Marc
Ayrault, défenseur du projet est aussi premier ministre. Ainsi peut-on faire
passer le projet pour une volonté de l’Etat alors qu’il est tout le contraire.
Qu’importe si ce projet correspond à une nécessité vitale
pour le fragile équilibre économique de toute une région !
On est là dans une sorte de rêverie, comme si l’époque n’avait
pas terriblement changé depuis l’époque du Larzac où de jeunes lettrés
parisiens se rêvaient éleveurs de moutons. Nous ne sommes plus dans l’Etat
gaulliste d’après guerre, héritier des 30 glorieuses. Les défaillances
économiques, les erreurs stratégiques se paient cash, par des pertes d’emploi
et la désespérance sociale. Ce ne sont ni les écologistes, ni les
mélenchonistes, encore moins les communistes ou les gauchistes qui en tirent
bénéfice. C’est la démagogie populiste de droite qui attend juste un peu pour se glisser dans les
bottes de la démagogie populiste de gauche.
A vouloir transformer tout équipement public en ennemi par
nature, c’est l’intérêt général qu’on met à la trappe ! Les conséquences
risquent d’être désastreuses sur le plan économique, social et politique.
....
Un rappel : n'oubliez pas,
café radical vendredi prochain à 18h30
La finance est elle notre ennemie ? Animée par le professeur Hervé Causse
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