
PARIS (Reuters) - Le sénateur français Yvon Collin propose d'instaurer une taxe sur les transactions sur devises pour freiner la spéculation et trouver des recettes pour l'emploi, l'innovation et les retraites.
Dans un entretien à Reuters, l'élu radical de gauche estime que sa proposition de loi a de bonnes chances d'être soutenue par la commission des finances du Sénat et espère qu'elle sera portée au niveau international par la France.
Le texte, enregistré à la présidence du Sénat la semaine dernière et qui sera présenté dans "deux-trois mois", fixe le montant de la taxe à 0,05% à compter de 2011 et à 0,5% pour les transactions avec les paradis fiscaux les plus opaques.
Il complète une loi déjà votée mais qui n'est pas appliquée car le décret fixant le montant de la taxe n'a pas été publié.
"On est un peu dans l'esprit de
Yvon Collin précise attendre des estimations du montant que pourrait rapporter la taxe. "Il paraît que c'est gros", dit-il.
"Le taux doit être infime pour être quasiment indolore et ne pas décourager les transactions non spéculatives" , précise-t-il.
Selon lui, les responsables politiques doivent tirer profit de l'émoi causé par la crise financière et économique pour agir.
"Il est temps que cette taxe Tobin dont on a tous rêvé soit enfin mise en place. On l'appellera
AMBITION MONDIALE
Comme la taxe proposée dans les années 1970 par le prix Nobel d'économie James Tobin, elle a vocation à être étendue à toutes les grandes puissances économiques.
"On aimerait que cette proposition soit portée par la France au plus haut niveau, en collaboration avec les institutions internationales, pour parvenir à une instauration quasi généralisée à l'ensemble des pays riches", explique-t-il.
Mais "nous ne sommes pas des utopistes", ajoute-t-il, jugeant que le dossier n'avancera que si un pays ouvre la voie.
En attendant une application mondiale, le produit de la taxe française serait affecté pour moitié à des investissements créateurs d'emploi, à la recherche et l'innovation, et pour moitié au Fonds de réserve des retraites qui vise à contribuer à la pérennité financière du système français par répartition.
Une telle taxe, "serait populaire", juge-t-il. "En tout cas, elle est dans l'air du temps."
En France, Yvon Collin espère qu'il sera soutenu.
"Jean Arthuis et Philippe Marini me paraissent tout à fait disposés à soutenir cette mesure, donc je pense que la commission des finances la soutiendra", dit-il. Le centriste Jean Arthuis est président de la commission des finances du Sénat et Philippe Marini (UMP) son rapporteur général.
Selon Yvon Collin, le gouvernement pourrait également s'approprier sa proposition de loi, ce qui ne le choquerait pas.
"L'essentiel c'est que les choses se fassent", dit-il. "Ce qui compte, c'est que ce texte ait un avenir, quel que soit le papa."
Selon un ministre ayant requis l'anonymat, "il est à peu près sûr que Nicolas Sarkozy fera comme Jacques Chirac, c'est-à-dire créer une nouvelle ressource pour le développement, une sorte de taxe Tobin", quand la France occupera la présidence du G20 en 2011.