Les radicaux, comme les socialistes, comme tous les partis politiques français ont traversé une déflagration sans précédent dans la vie politique française. Dans notre république, dans nos partis qui la fondent, plus rien ne sera comme avant.
Bientôt, le comité directeur du parti radical de gauche aura à débattre de son présent, de son passé, de son avenir.
Le café radical, qui a toujours prôné le débat comme essence même de l'identité radicale et républicaine, reproduit ici un texte qui lancera les débats. Il y est question bien entendu du rapprochement avec les radicaux valoisiens qui demandent à nous rejoindre, mais la question est bien entendu bien plus vaste. Il ne s'agit pas de reproduire à petite échelle les centre-gauche et centre-droit, ce que Macron a fait bien mieux que nous. Il s'agit bien plutôt de promouvoir ce dont la république aura toujours besoin et dont les radicaux sont porteurs : la créativité allié au réalisme politique, l'attachement farouche à la laïcité comme seul mode de résister aux conformismes conservateurs pour promouvoir la capacité de faire vivre ensemble tous les hommes, la promotion des valeurs républicaines indépassables de liberté, d'égalité et de fraternité, sur lesquels tous les nouveaux droits doivent s'asseoir, sur lesquels doivent se greffer les nécessités écologiques d'adaptation du monde à un environnement fini. Le radicalisme a un passé remarquable. Il a un avenir qui ne l'est pas moins. Ci-dessous le texte co-signé par des dirigeants radicaux. Le débat est lancé.
Appel pour une formation progressiste au service de la République, du pacte social et de l’Europe fédérale.
De l’utilité politique du
radicalisme au 21ème siècle
Ce
texte posé comme une base de discussion, porte l'ambition de proposer une voie
d'action nouvelle pour notre parti afin qu’il s’inscrive pleinement et
rapidement dans un contexte politique singulier qui présente
plus d'opportunités que d'obstacles au succès de ses idées et au déploiement de son organisation.
Nous
sommes les enfants de Georges Clemenceau, de Cécile Brunschvicg, de Léon Gambetta, d’Edouard Herriot, de Jean Zay
ou de Michel Crépeau. Nous sommes les radicaux. Depuis 1972 nous sommes les
radicaux de gauche.
La République, c'est les radicaux |
Notre
histoire est notre ferment, notre socle. Elle nous lie, nous oblige et nous rassemble.
Pour
autant, aussi forte et engageante soit-elle, cette histoire ne peut aliéner
l’esprit créateur et audacieux des radicaux. La force de nos pères ne fût pas
de s’ériger en gardien d’un temple mais
de le bâtir. Le radicalisme est avant tout un état d’esprit, une flamme
républicaine et progressiste allumée dans les tourments d’un monde en mutation
où les repères changent et
parfois s’estompent voire disparaissent.
Nous
sommes un parti politique, pas un musée, pas une faculté d’histoire ou de
théologie. Ni combat des modernes face aux anciens, ni débat de puristes ne
doivent se substituer à notre devoir d’agir dans une démocratie plus que
jamais en quête d’un projet collectif garant
d’améliorations concrètes et porteur d’un espoir de justice, de liberté,
d’égalité, de fraternité et de progrès partagés.
Tirer
les leçons du passé est notre devoir pour projeter le radicalisme dans le 21ème
siècle.
La séquence présidentielle et
législative que nous venons de vivre,
aussi courte fut-elle, marque un
bouleversement profond et probablement pérenne de la pratique politique et
institutionnelle de notre pays. Notre parti n’en sort pas indemne.
Belle citation, qui situe bien que notre culture politique n'est pas celle de Macron |
Nous
ne méconnaissons rien des débats et affrontements de ligne et de stratégie qui
ont traversé le PRG comme l’ensemble de la classe politique française. Chacun
défendra sa part de vérité. Notre famille s’est trouvée écartelée entre
proximité idéologique avec le projet porté par Emmanuel MACRON, cohérence politique au regard de son engagement
sous le mandat HOLLANDE, préférence pour une logique de coalition respectueuse
des identités, refus d’une dissolution dans un ensemble nouveau.
Les
Hommes sont libres, pas les organisations collectives. Chez les radicaux plus
qu’ailleurs cela fait sens. Chacun, individuellement, aura donc pu, sans
crainte, défendre ses convictions, défendre ce qu’il croyait être l’intérêt du
radicalisme. Cette séquence aura, nous le savons, été difficile pour tous et ne
peut satisfaire personne. Toutes les blessures ne sont pas refermées et les
incompréhensions encore nombreuses.
Pourtant nous avons survécu et conservé, même
affaiblies, une autonomie et une indépendance. Ce n’était pas écrit. Pour y
parvenir, de nombreux radicaux, faisant fi de leurs désaccords passés, sont
partis ensemble au combat législatif sous nos couleurs pour que le radicalisme
soit encore en question aujourd’hui. Par l’implication majeure des jeunes
radicaux de gauche, une nouvelle génération s’est imposée, nous offrant ainsi
une sérénité pour l’avenir.
Photo reprise par l'extrême droite ... eh oui ! Nos ennemis dessinent notre visage. |
Nous
devons ensemble écrire une nouvelle page du radicalisme plutôt que son oraison.
Il y a urgence.
L’immobilisme
de la pensée et de l’action comme la paralysie des débats internes nous
condamnent à la disparition.
Comme chacun, nous déplorons amèrement aujourd’hui l’absence d’un groupe radical indépendant
à l’Assemblée nationale. Ensemble nous
en avions pourtant les moyens. Le nouveau monde politique n’a, de ce point de
vue, rien à envier à l’ancien. Nous voulons croire que cette situation n’est
que temporaire et que, demain, chacun saura trouver la force et l’envie de se retrouver et les
mots pour le faire. Notre parti pourra à nouveau être fier de voir sa
singularité portée en tant que telle au sein la représentation nationale. Notre
parti doit se renforcer de son unité. Nous sommes persuadés que les
radicaux ont encore un long chemin commun à parcourir et qu'ils doivent être
au cœur d'un groupe singulier à l'Assemblée nationale.
La situation politique nouvelle nous interdit de nous
perdre en psychodrames internes au risque de valider nous-même notre inutilité
politique.
Le radicalisme a survécu. Il doit désormais se
réinventer loin de toutes les hégémonies et au regard des nouveaux clivages
politiques.
Nous ne renions rien de notre passé au sein de la
gauche depuis François MITTERRAND. Nous ne renions rien des accords de majorité
passés avec le Parti socialiste d’hier. Nous ne sommes pas parlementaires ou
ministres. Nous avons comme chacun porté les accords et stratégies au nom de
l’intérêt collectif, de la perpétuation de notre idéologie. Nous avons toujours
été fiers du travail accompli par chacun de nos représentants.
Chacun aura néanmoins mesuré les travers, les erreurs parfois, de ces alliances et la
situation de domination toujours,
que nous avons collectivement acceptée.
Il nous faut aujourd’hui admettre que l’agitation
et la défense des victoires d’hier ne sera jamais une réponse en soi aux enjeux
d’aujourd’hui et de demain. Il nous faut agir, reconstruire.
Nous
sommes des progressistes.
Notre sens des responsabilités, de l’engagement et de la cohérence idéologique nous poussent aujourd’hui à accompagner
le projet présidentiel, à lui apporter notre plus-value radicale. Refuser
l’opposition de principe, participer à la conduite de la France au nom de nos
valeurs est et a toujours été notre honneur.
Pour
autant, reproduire avec La République en Marche les mêmes méthodes qu’avec
le Parti Socialiste, serait commettre une erreur. Une association à la
majorité présidentielle suppose d’asseoir et de justifier pour le PRG un statut
de partenaire respecté et en situation d’apporter une plus-value singulière
utile à la réussite de la France.
A
ce titre, nous considérons que la principale leçon à retenir de cette époque
politique, est l’exigence d’indépendance que nous
nous devons pour porter nous-même notre projet devant les Français à l’avenir.
C’est
l’enjeu de notre utilité politique qui nous est posé aujourd’hui.
Porter
la création d’un nouveau mouvement indépendant fondé sur la cohérence et nos
valeurs est notre avenir.
Nous
ne pensons pas que gauche et droite se valent pas plus que nous ne croyons à la
disparition définitive des clivages. Nous constatons néanmoins sans regret
qu’ils ont bougé, se sont étiolés parfois, se sont recomposés surtout face aux
enjeux de la mondialisation, de la construction européenne et des nouveaux
comportements humains. Nous l’avions souhaité.
L’enjeu
n’est plus de s’inscrire dans une référence historique pour inventer l’avenir
mais bien de créer une offre politique nouvelle fidèle à notre histoire, pour
être utile à notre pays.
De
cet espace nouveau, nous permettrons une réorganisation politique capable
d’offrir à la France une démocratie pluraliste et vivante qui n’enferme pas le
débat entre un grand parti central et les extrêmes. Nous avons suffisamment
lutté contre le bipartisme caricatural de la Vème République pour ne pas
imaginer que l’ensemble du champ républicain soit accaparé par une seule
formation politique.
L’enjeu
aujourd’hui c’est la cohérence du projet que nous devons bâtir et de celles et
ceux qui devront le conduire. Cette cohérence ce n’est pas celle d’un
socialisme enfermé dans ses utopies et la contestation aujourd’hui. Le projet
de Benoit HAMON était respectable, il
n’est pas pour autant le nôtre. S’ils ont des rêves, la tête dans les étoiles,
les radicaux ont aussi les pieds sur terre. Nous ne pouvons enfermer le
radicalisme dans un rôle de porte-voix d’un socialisme qui cherche encore et
toujours à définir ce que sera la sienne.
Notre
projet doit être rassembleur. Il doit s’adresser aux responsables politiques
qui assument un rôle de gestion du pays, un sens de la réforme et partagent
sincèrement un socle de valeurs audible et crédible pour les Français.
C’est le sens de l’accord que nous avons
passé avec Génération écologie puis récemment l’avec l’Union des Démocrates et
Ecologistes avec lesquels nous souhaitons réciproquement pouvoir
approfondir les possibilités d’un rassemblement.
C’est aussi le sens qui doit être donné à la démarche de réunification avec les
radicaux valoisiens. Ce projet n’est pas technique, pas plus qu’il n’est
une fin en soi. Il ne s’agit pas là de confire le radicalisme dans un entre soi
poussiéreux mais bien de jeter les bases d’une plateforme progressiste
cohérente. Il devra se fonder sur des bases claires intégrant l’indépendance
effective des radicaux valoisiens de toute autre formation politique. Sa
traduction dans les collectivités territoriales ne pourra intervenir
immédiatement afin de prendre le temps d’une véritable construction politique.
Les discussions d’ores et déjà bien avancées au Sénat permettront sans nul
doute d’être un premier jalon tangible de cette réunification.
C'est enfin ce que nous devrons offrir à tous les
progressistes, aux "divers gauche" sans appartenance partisane, aux milliers
d'élus locaux - ruraux notamment - qui cherchent une maison reconnaissante de
leur engagement et de leur mérite. C’est ce que nous devons proposer aux
(ex)socialistes qui demandent à exprimer leurs convictions dans un ensemble
cohérent.
Si ce projet devra être débattu, faire
l’objet de travaux de fond, d’échanges idéologiques avant d’être validé par
l’ensemble des adhérents, il devra surtout être attaché à rassembler largement sur une base claire.
Rassembler
sur un engagement républicain et laïque exigeant offrant à chaque citoyen une liberté absolue de
conscience avérée et respectée plutôt qu’un modèle anglo-saxon
multicultuel propice à un apartheid
culturel et social bien éloigné de notre tradition du vivre-ensemble.
Rassembler
sur un attachement à la décentralisation, à la défense de l’égalité des
territoires, à la ruralité qui ne peut se satisfaire de voir les
collectivités territoriales revenues sous la coupe du ministre de l’Intérieur
au détriment d’une politique de cohésion territoriale dont nous savons mieux
que personne qu’elle sera menée avec force.
Rassembler
sur le renforcement du pacte social, sur une liberté économique au service
de la création de richesse, de la redistribution, d’une solidarité érigée
comme corolaire des réussites individuelles.
Rassembler
sur une écologie responsable, une redéfinition des circuits économiques
et la création de nouveaux métiers au service d’une société de progrès.
Rassembler
sur le renforcement des libertés individuelles gages d’une adhésion de chacun
au destin collectif de la nation.
Rassembler
sur une Europe fédérale, 1ère
puissance mondiale, capable de protéger, de répondre aux enjeux climatiques, économiques ou sociaux, au
devoir humanitaire que ne peut résumer
à elle seule une politique migratoire,
au devoir de développement des pays en souffrance, à l’impératif de paix.
Ce
socle cohérent, les radicaux le portent en eux. Leur réunification pourrait le
renforcer et le mettre en lumière. Ce serait surtout la promesse que l’on peut
rassembler les femmes et les hommes sur une idéologie humaniste, progressiste,
solidaire, libérale et protectrice en laissant le soin aux historiens de
déterminer demain si elle fut de la gauche ou de la droite en vigueur en 2017.
Ce nouveau mouvement devra enfin se choisir
un nom en phase avec son temps. Si le radicalisme est notre fierté, sa
modernisation est notre devoir.
****
Ce
projet, nous l’avons mûri en maintenant le dialogue avec toutes les forces de
progrès. Il ne sera viable que s’il est
enrichi, s’il permet de nous réunir à nouveau, s’il est porté demain par une
grande majorité d’entre nous. Ce projet ne nous appartient pas et n’en faisons
pas revendication. Il est le fruit des échanges que nous entretenons
depuis des mois avec toutes les sensibilités du parti.
Ce projet est un appel résolu à l'action car le PRG
peut et doit, sous la seule réserve qu'il se mette en mouvement, prendre une
place importante dans la reconstruction d'un progressisme éclairé et
responsable. Il pourrait trouver à se décliner lors des élections sénatoriales
à venir.
Il ne s’agit pas là de faire
une synthèse, un aggiornamento ou une motion de la direction
ou d’un camp. Il s’agit seulement d’une expression de notre attachement
déterminé au devenir du radicalisme. Nous savons que cette volonté est partagée
par tous. Elle ne trouvera pas à se
réaliser dans l’immobilisme ou l’aigreur mais dans l’élan que nous pourrons
créer collectivement. Ce choix nous appartient.
Guillaume LACROIX, Bernard CASTAGNEDE, Patrick MOLINOZ, Mélanie FORTIER, Eddie AÏT, Jean-Bernard BROS, Frédérique PLAISANT, Paul DHAILLE, Frédéric NAUD...
Pour ma part, je suis prêt à signer ...
Pour ma part, je suis prêt à signer ...
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